Icône de Facebook
Icône de LinkedIn
Icône de Twitter

ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

L’éducation populaire : un maillon incontournable de l’éducation des adultes Selon un récent avis du Conseil supérieur de l’éducation

I love éduc popTrois idées fortes
On peut résumer cet avis, intitulé L’éducation populaire : mise en lumière d’une approche éducative incontournable tout au long et au large de la vie, en trois idées fortes. Tout d’abord, l’éducation des adultes ne doit pas se résumer, comme c’est le cas actuellement, à l’obtention d’un diplôme et au développement de la main-d’œuvre. Deuxièmement, l’éducation populaire constitue un maillon important de l’apprentissage tout au long et tout au large de la vie. Enfin, il faut mettre en place les conditions nécessaires pour assurer la pérennité et le développement de l’éducation populaire.
 
L’éducation des adultes tout au long et tout au large de la vie
Le Conseil supérieur de l’éducation rappelle que le gouvernement du Québec a adopté, en 2002, une politique de l’éducation des adultes qui porte une vision de l’apprentissage tout au long de la vie. Le Conseil y ajoute le concept déjà connu de « tout au large de la vie » en ce sens ou l’éducation des adultes doit répondre à une diversité de besoins; des besoins qui varient selon les personnes et les étapes de leur vie. Les réponses à ces besoins doivent être tout autant variées et s’incarner dans une diversité de services, d’approches, de méthodes pédagogiques et doivent toucher différentes sphères de la vie1. Le concept de «tout au large de la vie» fait donc référence à une vision large de l’éducation qui inclut «tout un ensemble de propositions éducatives  ̶  qui deviennent alors complémentaires les unes des autres  ̶  et de besoins traditionnellement peu pris en compte par l’éducation formelle»2.
 
Le Conseil déplore le fait que depuis un certain nombre d’années la vision gouvernementale de l’éducation des adultes se réduit à l’obtention d’un premier diplôme (de niveau secondaire) et au développement de la main-d’œuvre. Bien que ces deux objectifs soient pertinents et nécessaires, l’éducation des adultes ne doit pas s’y résumer.
L’ICÉA partage tout à fait cette vision de l’éducation des adultes. Elle l’a d’ailleurs réitérée dans son mémoire concernant la réussite éducative soumis au ministre de l’Éducation, M. Sébastien Proulx en novembre 2016.
 
Le Conseil dit «chercher à changer de façon marquée, au Québec, la conception de l’éducation en général et de l’éducation des adultes en particulier. C’est donc dans la perspective d’une réponse éducative plus large aux besoins des adultes que cet avis traite de l’éducation populaire»3.
 
L’éducation populaire : un maillon important de l’éducation des adultes
Le Conseil constate que l’éducation populaire n’est malheureusement plus « sur l’écran radar »4 gouvernemental depuis les années 2000. Il en veut pour preuve le fait que les dernières mentions de l’éducation populaire dans les documents gouvernementaux se trouvent dans la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire, en 2001, et dans la Politique gouvernementale de l’éducation des adultes et de la formation continue de 2002. Et encore, ces mentions offrent tantôt un «espace restreint»5 ou tantôt une «reconnaissance ambiguë, diluée de l’éducation populaire»5.
 
Or, l’apport de l’éducation populaire est, selon le terme utilisé par le Conseil, inestimable. Le Conseil souligne à juste titre que « l’éducation populaire permet de concrétiser la perspective d’une éducation tout au long et tout au large de la vie »6. Par son ancrage dans les milieux, l’éducation populaire développe des approches non conventionnelles d’éducation qui allient intervention individuelle et collective. Elle rejoint souvent, mais non exclusivement, des populations marginalisées ou en situation de vulnérabilité. Elle outille ces populations, individuellement et collectivement, de façon à leur redonner du pouvoir sur leur vie et à gagner en autonomie et en capacité d’agir. Elle permet de briser l’isolement des personnes et de mettre en pratique la force du groupe. Enfin, elle joue un rôle « inestimable » en permettant aux citoyennes et citoyens de prendre part à la vie publique dans une perspective de justice sociale et d’égalité.
 
Assurer la pérennité et le développement de l’éducation populaire
Le Conseil constate que l’éducation populaire voit son développement compromis par différents obstacles, notamment à cause d’un « financement insuffisant ». Les activités d’éducation populaire sont tout particulièrement affaiblies par le financement inadéquat de l’action communautaire autonome7. L’enquête récente de l’ICÉA sur l’impact des politiques gouvernementales en éducation des adultes corrobore cette affirmation. Selon nos données, le secteur de l’action communautaire autonome et de l’éducation populaire figure parmi les plus fragilisés par les réductions du financement public en éducation des adultes. L’éducation populaire souffre également d’un manque d’intérêt et de reconnaissance de la part des instances gouvernementales. 
 
Afin de redonner à l’éducation populaire les moyens de poursuivre son action  ̶  une action qui contribue à l’amélioration de la vie sociale et démocratique de la société québécoise  ̶  le Conseil énonce des recommandations. 
 
Les recommandations
Le Conseil formule douze recommandations qui s’inscrivent dans l’une des trois grandes orientations qu’il définit. Ces recommandations sont précédées de trois principes à respecter dans leur mise en œuvre. 
 
Dans sa recommandation 2, le Conseil propose des voies de développement en invitant les ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur à se « doter des moyens nécessaires pour garantir la mise en œuvre de cette action éducative notamment dans le but d’orienter le Québec vers une perspective d’éducation tout au long et au large de la vie »8. Il encourage ces deux ministres à jouer leur rôle de leadership, notamment en mobilisant les acteurs impliqués dans l’éducation populaire. Dans plusieurs recommandations, le Conseil incite tous les ministères concernés, et au premier chef celui de l’Éducation, à reconnaître et faire appel à l’éducation populaire dans la mise en œuvre des politiques publiques. 
 
Le Conseil recommande également d’assurer la pérennité et le développement de l’éducation populaire en milieu communautaire. Il invite les organismes concernés et le ministère de l’Éducation à faire connaître l’éducation populaire, notamment en développant une stratégie de promotion gouvernementale. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, le Conseil propose d’accroître ou de pérenniser le financement des services aux collectivités des cégeps et universités et d’en élargir leur portée.
 
Le Conseil recommande la création d’un Observatoire de l'éducation populaire au sein du Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF). Enfin, il formule des propositions concernant la formation des futurs intervenantes et intervenants en éducation populaire.
 
Conclusion
L’avis du Conseil supérieur de l’éducation est imposant et audacieux en ce sens où il démontre tout la pertinence, encore aujourd'hui, de l'éducation populaire. Il redonne tout son sens à l’apprentissage tout au long de la vie en invitant le Québec à s’engager dans une « perspective d’éducation élargie à laquelle l’éducation populaire contribue pour le mieux-être des adultes ». Le ministre de l’Éducation devrait s’inspirer de cet avis dans l’élaboration de la future politique sur la réussite éducative. En effet, pour l’ICÉA, la réussite éducative se manifeste lorsqu’elle permet aux personnes de développer leurs capacités d’initiative et de devenir des actrices dans leur vie personnelle, dans leur milieu et dans la société. À ce titre, l’éducation populaire constitue un levier important, comme le souligne à juste titre le Conseil. 
 
1 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. L’éducation populaire : mise en lumière d’une approche éducative incontournable tout au long et au large de la vie. Version abrégée. Avis au ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et à la ministre responsable de l’Enseignement supérieur. Québec : gouvernement du Québec (octobre), p. 3 [62 p.].
2 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Ibidem (version abrégée), p. 26-27.
3 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Ibidem (version abrégée), p. 3.
4 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Ibidem (version abrégée), p. 2.
5 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. L’éducation populaire : mise en lumière d’une approche éducative incontournable tout au long et au large de la vie. Avis au ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et à la ministre responsable de l’Enseignement supérieur. Québec : gouvernement du Québec (octobre), p. 69 [227 p.].
6 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Ibidem (version longue), p. 42.
7 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Op. cit. (version abrégée), p. 40.
8 Conseil supérieur de l’éducation. 2016. Ibidem (version longue), p. 152.