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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Libre opinion - La survie de l’éducation populaire menacée

Vendredi 12 avril 2013 - ICÉA

par Ronald Cameron, directeur général de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICEA) et Paul Bélanger, professeur à l’Université du Québec à Montréal et membre de l’ICEA - Opinion publiée dans le journal Le Devoir, le 12 avril

La décision de la Commission scolaire de Montréal, d’abord, de ne pas renouveler en 2015 le bail permettant aux six centres d’éducation populaire de Montréal (regroupés dans l’InterCEP) d’occuper les bâtiments scolaires qu’ils utilisent depuis 40 ans, puis, de revoir sa contribution financière à la réalisation de leur mission éducative aura des conséquences désastreuses, si rien n’est fait pour compenser la perte de moyens d’agir de ces organismes stratégiques pour chacun des quartiers populaires où ils opèrent.


Depuis quatre décennies, ces centres offrent des activités et des services à une population montréalaise à faible revenu. Les personnes qui seront touchées par la disparition possible de ces centres incluent des personnes seules, des parents à la recherche d’appui pour accompagner leurs enfants à l’école, des femmes et des hommes démunis et isolés, des personnes immigrantes, des personnes âgées qui veulent exercer leur droit à l’éducation, un droit qui ne s’arrête pas à 65 ans. Ces centres constituent un milieu de vie chaleureux et vivant, un lieu d’apprentissage, d’entraide et d’implication collective.


Depuis l’adoption de la politique gouvernementale sur l’action communautaire en 2000, l’éducation populaire reste en quête d’une pleine reconnaissance de sa contribution. Certes, la politique gouvernementale sur l’éducation des adultes et la formation continue mentionne l’apport de l’éducation populaire au développement d’une culture de citoyenneté au Québec. Toutefois, la perspective demeure indirecte et ne répond pas aux enjeux associés à la mission gouvernementale d’éducation et de qualification de l’ensemble de la population au Québec, dans tous les champs de l’activité humaine et à tous les âges de la vie. L’impact de l’éducation populaire sur la réussite scolaire des enfants, à la suite d’un accompagnement plus éclairé des parents et grands-parents comme le rappelait M. Paul-Gérin Lajoie, ou encore sur la santé curative et préventive des populations ou sur la prolongation de l’autonomie et de la participation sociales des personnes âgées, est évident.


En effet, plus que jamais, l’éducation doit être vue dans une perspective tout au long de la vie. Pour soutenir l’accroissement des capacités de la population québécoise, il ne suffit pas de l’envisager qu’en fonction de la génération montante ou encore de le limiter à la seule population au travail. Si le ministère de l’Éducation conserve le mandat de l’éducation des adultes, la reconnaissance des différentes formes et champs d’apprentissage des adultes doit s’inscrire dans la mission même de cette instance gouvernementale.

Ainsi, nous appuyons totalement l’idée qu’il appartient au ministère de l’Éducation de contribuer à trouver une solution pour la continuité de ces six centres. La Commission scolaire de Montréal a joué un rôle exemplaire en accueillant dans sa politique d’éducation des adultes le soutien à ces centres depuis 40 ans. Pour assurer la pérennité de ces centres, il devient donc nécessaire que le message gouvernemental, à travers l’action du ministère principal responsable de l’éducation des adultes, reconnaisse sans équivoque la contribution de l’éducation populaire. Il s’agit de la vision large du droit à l’éducation et la formation de toute la population au Québec, et en particulier des milieux qui, tout au long de leur vie, n’ont pu exercer leur plein droit à l’éducation.