L’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA) participe depuis plus de 75 ans aux grands mouvements qui ont marqué notre société et durant lequel l'Institut s’est porté, sans relâche, à la défense et à la promotion du droit des adultes à l’éducation et à la formation sur toutes les tribunes.
Antérieur même à la création d’un ministère de l’Éducation au Québec, l'ICÉA avait pour but de promouvoir l'exercice du droit des adultes à l'éducation et de travailler à cet exercice en favorisant le développement d'un modèle démocratique de formation continue qui tient compte de la diversité des besoins et garantit aux personnes l'équité d'accès à l'éducation et aux savoirs tout au long de leur vie.
Au fil des ans, l’ICÉA a su faire la preuve, à la mesure de ses moyens, que :
- l’éducation tout au long de la vie vaut le coup;
- les organismes de la société civile apportent une contribution significative à la qualité de la vie démocratique;
- les partenariats entre les forces vives de la société et les gouvernements apportent des solutions novatrices aux défis quotidiens.
Les années 1946-1960
Les origines de l’ICÉA
La Canadian Association for Adult Education (CAAE) se dotait, en 1936, d’un Comité français pour faire le lien avec les groupes d’éducation des adultes de langue française. Dix ans plus tard, en 1946, une association francophone indépendante était créée et, en 1956, l’ICÉA obtenait sa charte. Ses buts étaient notamment d’organiser et de représenter au Canada et à l’étranger le secteur canadien-français de l’éducation des adultes. Il procède à un inventaire général et établit un répertoire des ressources du Canada français dans le domaine. L’Institut réalise aussi une enquête sur la contribution des organismes privés et gouvernementaux à l’éducation des adultes. Il s’associe à Radio-Canada dans la production d’émissions éducatives pour la radio comme pour la télévision. Il devient, en 1957, membre-fondateur de la Commission canadienne pour l’Unesco, confirmant ainsi son rôle sur le plan international. L'Institut est alors formé d’organismes venant de tous les horizons, centrales syndicales, ouvrières et agricoles, chambres de commerce, associations culturelles, groupes nationaux, patriotiques, artistiques, etc. Le trait marquant de cette période est l’intérêt de l’ICÉA pour la promotion de l’éducation populaire sous toutes ses formes.
Les années 1960
Mise en place des institutions publiques en éducation
Dans la foulée du mouvement de la Révolution tranquille, dont il est partie prenante, l’ICÉA consacre son action à la promotion au Québec d’un système public d’enseignement et au développement d’une télévision publique dynamique. Ses interventions dans le cadre de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement (la Commission Parent) et de la réforme du système québécois d’éducation au Québec visent la mise en place de services d’éducation des adultes au sein du système public d’éducation. L’Institut contribuera notamment à la création, en 1966, par le ministère de l’Éducation, de la Direction générale de l’éducation permanente. Sur la scène canadienne, l’ICÉA organise, avec son pendant anglophone, une conférence sur les perspectives de travail en matière d’éducation des adultes pour la décennie 1960-1970. L’Institut organise, en 1964 et 1965, la première conférence au Québec de la Commission canadienne pour l’Unesco, affirmant ainsi son rôle au niveau international. Toujours intéressé par les communications de masse, l’ICÉA réalise, en 1962-1963, une étude comparative de la programmation de quatre postes de télévision en ondes et publie par la suite « Une semaine de télévision ». Il participe, en 1965 à la première grande consultation sur la radiodiffusion au Canada. Les réformes du début de la décennie ayant déjà montré leurs limites, l’ICÉA s’inquiète de l’institutionnalisation de l’éducation des adultes et des risques de marginalisation du secteur non formel et met de l‘avant l’importance de l’éducation populaire dans les mouvements sociaux.
Les années 1970
Démocratisation et changement social
Sous l’impulsion de membres issus des mouvements d’animation sociale, les priorités de l’ICÉA se précisent : le développement social des milieux défavorisés, la promotion de l’éducation populaire autonome et la démocratisation des institutions publiques. Les nombreuses actions menées par l’Institut conduisent à la création, en 1974, du programme de financement des Organismes volontaires d’éducation populaire (OVEP). Par ailleurs, les campagnes en faveur de la démocratisation des institutions portent fruit et le ministère de l’Éducation attribue aux universités et aux cégeps une mission de service à la collectivité et un volet d’éducation populaire s’ajoute au mandat des commissions scolaires. Côté médias, l’ICÉA vise deux objectifs : le développement des médias communautaires et la démocratisation des médias de masse et l'Institut est particulièrement actif dans le dossier de la régionalisation et de la démocratisation de Radio-Québec. Enfin, ses interventions, de concert avec les réseaux de l’éducation des adultes, pour dénoncer le fouillis du système public d’éducation des adultes et réclamer une commission d’enquête portent ses fruits et la Commission d’étude sur la formation des adultes (CEFA) est mise sur pied en 1979.
Les années 1980
Le deuxième souffle de l’éducation des adultes
La publication en 1982 du rapport de la Commission d’étude sur la formation des adultes (CEFA) présidée par Michèle Jean, « Apprendre : une action volontaire et responsable », fait largement consensus dans l’univers de l’éducation des adultes et marquera cette décennie au cours de laquelle l’ICÉA jouera un rôle de premier plan. L’apport de l’Institut à travers notamment son document « 10 éléments clés. Pour une démocratisation de l’éducation des adultes » a été salué par la présidente de la Commission. Ces années auront été l’occasion pour l’ICÉA d’intervenir dans le domaine de la reconnaissance des acquis avec la réalisation de la trousse à outils « Question de compétences » en collaboration avec les organismes Relais-Femmes et Coffre. C’est avec le soutien de l’Institut qu’a été créé le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) et que s’est engagée la lutte, toujours active, pour faire échec à l’analphabétisme. Parallèlement, l’ICÉA initie plusieurs projets dont des États généraux sur les communications face à l’explosion des nouvelles technologies, à la concentration des médias et aux problèmes de survie des médias communautaires. Il œuvre également au raffermissement de la concertation entre les réseaux ce qui permet de préserver le financement de l’éducation populaire autonome.
Les années 1990
Une force de revendication collective
Ces années auront été marquées par la mise sur pied d’une Coalition d’organismes communautaires qui bataille ferme pour assurer l’insertion des populations marginalisées ou exclues du marché du travail dans les nouvelles stratégies de développement de la main d’œuvre suite à l’énoncé de politique sur le développement de la main d’œuvre en 1992. L’ICÉA soutient cette coalition et présente de nombreux mémoires et témoigne devant plusieurs commissions parlementaires pour dénoncer l’absence de prise en considération de la problématique de l’éducation des adultes. Dans la foulée et après une vaste réflexion collective, l’ICÉA publiait en 1994 « Apprendre à l’âge adulte. État de situation et nouveaux défis ». L’Institut s’est également impliqué activement dans la démarche des États généraux sur l’éducation. Cette décennie verra également la création de la démarche « Nos compétences fortes » et le développement d’outils pour soutenir cette approche dans l’univers des compétences génériques, une démarche qui, encore aujourd’hui, n’a pas cessé de se développer pour favoriser la reconnaissance des compétences des personnes faiblement scolarisées ou des groupes à risque d’exclusion.
Les années 2000
Des outils pour relever les défis du nouveau millénaire
«Le lien entre formation de base, formation en emploi et formation à la citoyenneté est la clef pour le 21e siècle.» Extrait de la Déclaration de Hambourg, 1997
L’ICÉA souscrit pleinement à la déclaration de Hambourg et considère que la clé du XXIe siècle est de rendre effectif le droit d’apprendre. C’est pourquoi nos actions se sont orientées vers la mise en place d’outils institutionnels et étatiques qui permettront aux adultes de relever pleinement les défis du nouveau millénaire.
L’ICÉA a pris le leadership de la campagne publique en faveur d'une politique gouvernementale d'éducation des adultes qui a conduit, en 2002, à l’adoption par le gouvernement du Québec de la Politique gouvernementale d'éducation des adultes et de formation continue des adultes (PGEAFC), assortie d'un plan d'action quinquennal. Dans le cadre du processus de l’actualisation du plan d’action 2008-2012, l’Institut poursuit son travail en participant activement à l’évaluation de cette politique gouvernementale par des avis ainsi que des consultations publiques et réclame l’inclusion de champs stratégiques tels l’éducation populaire et l’éducation à la citoyenneté au sein de la politique .
Première mesure du plan d’action de la PGEAFC à voir le jour en 2002, la Semaine québécoise des adultes en formation, coordonnée par l’ICÉA est un exemple unique en Amérique du Nord de campagne de promotion et d’animation en faveur de l’éducation tout au long de la vie. Cette activité en est maintenant à sa 9e édition, et rejoint plus d’un million d’adultes dans les 17 régions du Québec.
En 2005, l’ICÉA a tenu le Rassemblement sur les perspectives en éducation duquel s’est dégagé un large consensus autour de la nécessité de mettre en place une stratégie nationale d’accessibilité à la formation. Par le biais de la campagne Accès-Formation pour les adultes, l’ICÉA travaille à la sensibilisation des publics et des gouvernements aux nombreux obstacles qui subsistent encore quant à la participation des adultes à des activités de formation.
L’Institut s’implique également sur la scène internationale en participant aux activités de la Semaine mondiale d’action en faveur de l’éducation, à l’International Academy for Adult Learning Advocacy (IAALA) ainsi qu’aux rencontres du Conseil international de l’éducation des adultes et au réseau de la Semaine internationale des apprenants adultes.