Dans ses réflexions sur les défis auxquels font face les adultes en apprentissage aujourd’hui, l’ICÉA s’est intéressé aux obstacles suscités par la difficile conciliation entre les études, la famille et le travail. Pour approfondir nos connaissances à ce sujet, nous avons réalisé une recherche, rendue publique le 11 novembre dernier.
Rédigée par Jean-Pierre Mercier, professeur au département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM, Nikolas Parent-Poisson, candidat au doctorat en sociologie, UQAM et Catherine Dalle, étudiante au baccalauréat en enseignement du français langue seconde, UQAM, avec la collaboration de Louise Brossard, chercheure à l’ICÉA, cette recherche a été rendue possible grâce au Programme d’aide financière à la recherche et à la création du Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal.
Intitulée Besoins des mères-étudiantes et stratégies institutionnelles en matière d’articulation études-famille-emploi, cette recherche documente les nombreux besoins des femmes en matière de conciliation entre les études, la famille et le travail et elle fait ressortir la nature parcellaire et la portée limitée des stratégies mises en place pour répondre à ces besoins. Parmi ces besoins des femmes, pouvoir compter sur un réseau social de soutien, prendre soin de sa santé mentale, répondre aux exigences scolaires, bénéficier de programmes adaptés et les connaître, être à l’emploi d’un employeur faisant preuve de flexibilité s’ajoutent aux responsabilités familiales. La conciliation entre les études, la famille et le travail oblige ainsi à lever des obstacles de différente nature qui sont issus de la plupart des sphères de vie des femmes.
Toujours en cours de réalisation lorsque la crise sanitaire de la Covid-19 a déferlé, l’équipe de recherche a pris en compte le contexte changeant des défis de conciliation entre les études, la famille et le travail. La pandémie a intensifié l’effet des obstacles compliquant la conciliation entre les études, la famille et le travail, tout en réduisant les moyens sur lesquels compter pour les relever. Par exemple, le réseau social des femmes était moins disponible, alors que les charges familiales s’alourdissaient, que s’exerçait la pression de la réorganisation du travail et que les études migraient en ligne.
Concernant les stratégies mises en œuvre pour soutenir la conciliation entre les études, la famille et le travail, la recherche constate le caractère parcellaire de celles-ci et le fait qu’elles sont souvent sans ancrages institutionnels, puisqu’elles reposent sur l’action individuelle d’une personne. Ces actions ad hoc ne peuvent pas résoudre des obstacles dont la nature est systémique.
À l’invitation de l’ICÉA et afin d’alimenter la réflexion de l’Institut, l’équipe de recherche a inclus des recommandations. Globalement, fait valoir l’équipe de recherche, des actions systémiques devront être mises en place pour surmonter des défis que les individus ne peuvent relever par leurs seuls moyens. À cet effet, on propose l’adoption d’une loi-cadre sur la conciliation entre les études, la famille et le travail ainsi que l’adoption de politiques institutionnelles dans les établissements d’enseignement. Les programmes d’aide financière aux études devront adapter leurs barèmes pour prendre en compte les charges financières d’une famille. Enfin, il faut interpeller les entreprises pour qu’elles démontrent la flexibilité nécessaire pour contribuer à concilier les études, la famille et le travail.
Pour donner suite à cette recherche, l’ICÉA adoptera des recommandations sur la conciliation entre les études, la famille et le travail chez les femmes et les présentera aux différents ministères et acteurs sociaux concernés.
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ICÉA - Recherche Articulation Études, Famille et Travail chez les Femmes - Novembre 2021 | 1.43 MB |