ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

1. À qui s'adresse ce manuel

Tuesday 29 April 2014 - ICÉA

La présente version de ce Manuel d’animation (NCF 2013) ainsi que la précédente (NCF 1995) ont été élaborées pour et par des gens d’action* qui ont à cœur de développer de nouvelles approches en éducation et en formation des adultes. Ces approches misent sur l’échange des connaissances, le développement et l’intégration des compétences et des savoirs*.

La première édition des ateliers NCF (1995) s’adressait principalement aux praticiennes et aux praticiens qui œuvraient dans des organismes offrant des programmes d’alphabétisation ou d’intégration en emploi à des adultes peu ou pas à l’aise avec l’écrit. Souvent sans emploi, ces adultes se sentent généralement peu valorisés par la société parce qu’ils ne possèdent pas de diplôme.

Les ateliers NCF ont donc fait leurs preuves auprès de nombreux groupes d’adultes peu ou pas à l’aise avec l’écrit qui ont fréquenté des groupes d’éducation populaire, des organismes de développement local ou régional, des centres d’éducation des adultes, des institutions ou des organismes offrant des programmes de formation régis par des politiques gouvernementales.

La présente version, quant à elle, est destinée à toutes les personnes qui œuvrent auprès d’adultes engagés dans une démarche de formation, de développement des compétences ou de reconnaissance et de valorisation des acquis. Ces intervenantes et ces intervenants peuvent être à l’emploi d’organismes d’alphabétisation ou d’intégration en emploi qui œuvrent auprès d’adultes peu ou pas à l’aise avec l’écrit, mais aussi à l’emploi d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, ou encore, de différents partenaires du marché du travail (comités sectoriels, mutuelles de formation, syndicats, etc.) et d’organismes spécialisés dans la gestion des ressources humaines et le développement de la main-d’œuvre.

Elle s’adresse également à toute personne prête à tenter l’aventure des ateliers NCF. Les outils développés pour soutenir l’animation de ces ateliers vous aideront à consolider les approches que vous utilisez et à découvrir* de nouveaux champs de pratiques et de connaissances (notamment ceux des personnes en formation).

Ces outils vous serviront efficacement si vous possédez déjà :

  • une expérience en animation au sein de groupes d’adultes issus de différents milieux (scolarisés ou non) ;
  • la capacité* de maintenir des relations interpersonnelles harmonieuses avec les adultes en formation, en groupe ou dans le cadre de rencontres individuelles ;
  • des compétences et des connaissances en planification, en animation et en adaptation de sessions de formation ;
  • une connaissance de base des différents types de travail et d’emploi que les adultes de votre région sont susceptibles d’occuper (qu’ils soient ou non spécialisés) ;
  • une connaissance critique des valeurs et des idées reçues de la société se rapportant aux différents types d’occupations professionnelles des adultes issus de différents milieux : avec ou sans diplôme d’études secondaires, à l’aise ou non avec l’écrit, en début ou en fin de carrière, actifs ou non sur le marché du travail, etc.;
  • la capacité de situer l’importance et le rôle du travail* pour tous les groupes d’adultes intéressés par ces ateliers.

Vous serez en mesure de tirer le plein potentiel de ces outils si vous adhérez aux affirmations suivantes :

  • toute personne, peu importe son occupation, son degré de scolarité ou son groupe d’appartenance, possède des compétences génériques fortes* qu’elle a développées au cours de ses expériences de vie et dans différentes situations* de travail ;
  • toutes les compétences génériques fortes développées par une personne peuvent être valorisées et recherchées par la société ;
  • toute personne a le droit d’occuper un emploi, quels que soient son degré de scolarisation, sa condition ou son groupe d’appartenance ;
  • tout discours préjudiciable ou jugement de valeur se rapportant à l’oisiveté, la paresse ou l’inactivité des personnes à risque d’exclusion (sans emploi, peu scolarisées, etc.) n’a aucun fondement solide dans la réalité ;
  • il est possible de reconnaître une importance sociale à une occupation, une activité* ou un travail qu’il soit formel ou informel, visible ou invisible, rémunéré ou non ;
  • la valeur sociale d’un travail effectué dans un contexte familial, domestique ou communautaire est tout aussi importante que celle d’un travail effectué dans le cadre d’un emploi rémunéré ;
  • toute personne, qu’elle soit ou non active sur le marché du travail, joue un rôle réel dans le développement de sa collectivité.

Vous serez d’autant plus efficaces si vous estimez :

  • que vous avez la responsabilité de rendre les activités d’apprentissage les plus enrichissantes possible ;
  • que vous devez faire en sorte que les adultes inscrits à votre programme de formation obtiennent des résultats concrets les aidant à faire face aux exigences de leur vie quotidienne ;
  • que vous pouvez apprendre des adultes avec qui vous travaillez ;
  • que vous êtes capables d’apprendre dans l’action*, comme toutes les personnes avec qui vous travaillez ;
  • que vous souhaitez, vous aussi, développer votre « savoir-reconnaître ».

En terminant, il est bien important de comprendre que l’esprit de Nos compétences fortes ne s’enseigne pas. Cet outil prend la forme d’ateliers animés. Aussi, le « savoir-reconnaître », fondement de ces ateliers, doit-il se vivre plutôt que s’apprendre. Afin de découvrir ce « savoir- reconnaître » et de comprendre son importance par rapport à l’ensemble des ateliers NCF, nous insistons sur l’intérêt d’entreprendre votre propre démarche de reconnaissance des compétences génériques. En participant à des ateliers NCF, vous découvrirez plusieurs aspects essentiels du « savoir-reconnaître ». Par la suite, votre point de vue enrichira et renforcera votre propre animation des ateliers NCF.

Animer des ateliers NCF, c’est s’engager dans la vie d’un groupe d’une façon bien particulière : votre objectif ne sera pas d’apprendre aux participantes et aux participants ce que vous savez, mais de leur faire découvrir leurs forces, leurs acquis et leurs savoirs, et ce qu’ils peuvent valoriser. vous devez donc vous accorder le droit de faire des erreurs. vous devez également garder à l’esprit que, toute ou tout animateur que vous soyez, vous êtes, vous aussi, en processus de formation continue : votre connaissance de Nos compétences fortes se construit au fil de l’expérience et de vos animations.

 


Remarque : Les notions abordées dans ce chapitre et les conseils qu’il fournit s’inspirent du chapitre 1 de la première partie du Manuel des animatrices et des animateurs (1995) : « Les lectrices et les lecteurs directement visés par ce manuel ».