ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

6. Découvrir la reconnaissance

Tuesday 29 April 2014 - ICÉA

La reconnaissance évoque la naissance et la connaissance. On donne une valeur au geste posé ou à la parole exprimée si l’on y découvre une résonance, un écho à d’autres connaissances, préoccupations ou intérêts. La reconnaissance suppose un lien entre le passé, le présent et l’avenir.

6.1 La reconnaissance, un facteur d’intégration
6.2 Des pratiques éducatives de reconnaissance
6.3 la reconnaissance dans Nos compétences fortes
6.4 Le rôle actif des animatrices et des animateurs

 

6.1 La reconnaissance, un facteur d’intégration

Comme c’est le cas pour le travail, la reconnaissance peut prendre de multiples formes : du prix prestigieux au merci tout simple, en passant par le gala de mérite, le livre Guinness, le diplôme, l’augmentation salariale, l’attention des médias, la gâterie que l’on se fait à soi-même, le coup de main inattendu d’un voisin, l’invitation à se joindre à une équipe, etc. De sa forme la plus officielle à la plus informelle, la reconnaissance des autres s’avère toujours une incitation à aller plus loin, un encouragement à être soi-même tout en étant avec les autres.

Nous formulons l’hypothèse que, qui que nous soyons, la reconnaissance est essentielle à notre intégration dans un groupe. D’ailleurs, si nous sommes qui nous sommes, c’est parce que d’autres personnes nous ont reconnu des qualités, des capacités, des compétences ou des savoir-faire. N’affirme-t-on pas que la reconnaissance attire la reconnaissance ? Tout, autour de nous, semble le confirmer ! Cependant, si précieuse soit-elle pour l’intégration, la reconnaissance par les autres ne va pas de soi. Combien de revendications de reconnaissance avez-vous déjà entendues ? Combien de personnes rencontrez-vous qui souffrent de ne pas être reconnues pour ce qu’elles sont ou ce qu’elles font ?

La reconnaissance par les autres peut également être très passagère. Elle peut prendre la forme d’une tactique visant l’appropriation, parfois abusive, d’un savoir* ou d’une force de travail. Elle peut également n’être qu’un intérêt subordonné à d’autres intérêts. Dans certaines circonstances, il est même possible qu’une personne préfère ne pas être reconnue.

Quant à I’autoreconnaissance*, elle est encore peu valorisée socialement. Dans plusieurs cultures, viser sa propre reconnaissance peut être mal vu. Certaines élites peuvent craindre qu’elle rende les gens plus sûrs d’eux-mêmes ou plus enclins à affirmer leurs motivations et leurs intérêts.

Pratiquer la reconnaissance peut prendre des voies très diverses. Celles que nous proposons dans cet ouvrage touchent principalement I’autoreconnaissance (qui est essentielle pour l’autonomie véritable des personnes) et la reconnaissance non formelle par un groupe d’appartenance. Ces deux formes préparent à des démarches où la reconnaissance par d’autres personnes, un employeur ou un responsable de stage, par exemple, est recherchée. Nous faisons le pari que ces pratiques de reconnaissance ouvrent la voie à l’intégration sous toutes ses formes.

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6.2 Des pratiques éducatives de reconnaissance

Au Québec, il est de plus en plus question de reconnaissance des acquis et de compétences. Au cours des dernières années, de nombreuses pratiques formelles et officielles ont vu le jour. Elles permettent d’évaluer, de valider et de sanctionner les acquis d’une personne. Dans le cadre de ces processus, une personne peut être admise dans un programme de formation reconnu ou encore obtenir une attestation officielle qui démontre sa capacité à exercer un métier ou une profession.

Le Programme d'apprentissage en milieu de travail (PAMT) est un bon exemple d’une pratique structurée qui vise à qualifier une personne et à lui reconnaître des compétences professionnelles. Soutenue par des normes professionnelles qui décrivent l’exercice de différents métiers, cette démarche permet d’obtenir une attestation de compétence* ou un certificat de qualification du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

La reconnaissance des acquis et des compétences (RAC)12 en formation professionnelle et technique est un autre exemple de pratique structurée. Cette démarche permet au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport d’évaluer et de reconnaître officiellement les compétences qu’une personne a acquises grâce à ses expériences de vie et de travail en fonction des préalables d’un programme d’études.

Pour leur part, les ateliers NCF se présentent plutôt comme une pratique non formelle de recon- naissance et de valorisation des compétences génériques dont toute personne peut bénéficier. La reconnaissance tirée de ces ateliers ne fait l’objet d’aucune sanction officielle et n’est donc pas comparable aux pratiques que nous venons de présenter. Ceci dit, ces ateliers ont fait leur preuve depuis 1995. Il est certain qu’ils peuvent aider une personne à identifier des expériences de vie et des productions susceptibles de lui permettre de décrocher un emploi ou d’obtenir une reconnaissance formelle d’une institution émettant des attestations de compétences ou d’acquis.

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6.3 la reconnaissance dans Nos compétences fortes

En dépit du fait qu’ils s’inscrivent dans un cadre structuré, les ateliers NCF ne mènent pas à une reconnaissance officielle des compétences génériques. Dans le cadre de ces ateliers, la reconnaissance ne provient pas d’une institution ou d’un acteur social, mais des personnes qui y participent et qui forment un groupe d’animation.

N’oublions pas que les expériences de vie des personnes participantes sont la matière première de Nos compétences fortes. C’est en parlant de ses expériences de vie qu’une personne parvient à se reconnaître des compétences génériques. Nous verrons plus loin qu’une compétence générique* se décline généralement en plusieurs capacités. Afin de démontrer qu’elle maîtrise bien une compétence donnée, la personne doit identifier des capacités associées à cette compétence et les relier à ses expériences de vie.

Cette première étape, dite d’autoreconnaissance, engage la personne à expliquer pourquoi elle croit avoir développé une compétence générique donnée dans différents contextes d’action ou milieux de vie.

Vient ensuite la reconnaissance par les membres du groupe d’appartenance. Ceux-ci examinent les raisons qui poussent l’un d’eux à affirmer qu’il a développé une compétence générique particulière. Par ses questions et ses commentaires, le groupe reconnaît qu’une compétence est maîtrisée. Dans le cas contraire, le groupe oriente le membre sur une nouvelle piste. Ce dernier découvrira alors que les capacités qu’il avait relevées se rapportaient plutôt à une autre compétence générique.

La dynamique d’autoreconnaissance et de reconnaissance par les pairs, initiée par les ateliers NCF, est essentiellement positive et réaliste. Ces ateliers permettent d’identifier les différentes compétences qu’une personne a développées tout au long de sa vie et à mettre en valeur ses compétences génériques fortes, celles qu’elle maîtrise le plus parfaitement et sur lesquelles elle pourrait s’appuyer dans le plus grand nombre de situations nouvelles possibles.

La résultante des ateliers NCF ne doit pas être de souligner les manques d’une personne, mais bien d’identifier ses forces et de l’aider à comprendre quand, où et comment elle peut les utiliser.

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6.4 Le rôle actif des animatrices et des animateurs

Comme responsables de l’animation, vous prendrez activement part au déroulement des ateliers NCF.

Vous devrez animer et participer tout à la fois. vous devrez initier l’étape d’autoreconnaissance en vous reconnaissant des compétences génériques et en les illustrant. vous encouragerez les membres du groupe à faire de même : se reconnaître des compétences et les illustrer. Au départ, vous devez faire appel à l’intuition de chaque personne, sans vous attarder au vocabulaire technique de Nos compétences fortes. Par la suite, d’atelier en atelier, ce vocabulaire plus technique prendra progressivement forme autour des intuitions de tous et chacun.

Ce n’est pas uniquement à vous de poser des questions et de formuler des observations. Tous les membres du groupe sont invités à prendre la parole. Cette prise de parole est nécessaire et vous devez veiller à ce qu’aucune observation négative ne l’entrave. Lorsqu’un membre s’exprime, vous l’encouragez à bien nommer les choses, à se faire comprendre des autres. Si une personne le souhaite, elle pourra se référer à sa famille ou à son entourage immédiat afin de l’aider à mieux se situer dans un ensemble de situations.

Par ailleurs, vous pouvez toujours exprimer votre étonnement si ce qu’une personne rapporte de ses expériences de vie paraît très différent de ce que vous observez d’elle dans le groupe. Cependant, n’oubliez pas que cette personne a le dernier mot. Elle seule peut savoir qui elle est vraiment dans tous ses milieux de vie.

Votre animation doit stimuler l’entraide et la participation de tous. vous devrez également être ouverts aux commentaires des membres du groupe sur vos propres comportements. Des ajustements seront donc nécessaires au début de chaque atelier. Vous disposerez, à cet effet, de nombreux outils. Ceux-ci n’offrent pas de garantie de succès, mais ils vous aideront à faire progresser chaque membre du groupe dans sa connaissance de lui-même.

La reconnaissance de soi est l’entreprise d’une vie et elle découle d’une bonne connaissance de ce que l’on est véritablement. Il est donc possible que le discours d’une personne engagée dans les ateliers NCF soit davantage le reflet de ce qu’elle aimerait être qu’une connaissance véritable de ce qu’elle est.

Il importe de bien comprendre ici que l’objectif de Nos compétences fortes est de stimuler la réflexion dans l’action et d’encourager le développement et la consolidation du savoir- reconnaître. Les ateliers NCF ne fournissent aucun instrument de mesure nécessaire à la réalisation d’évaluations précises et formelles. Ils ne permettent ni de reconnaître formellement les compétences génériques fortes d’une personne ni d’identifier des compétences manquantes. Cette éventualité serait tout simplement contraire à l’esprit de ces ateliers.

Les réflexions sur le thème de la reconnaissance des compétences sont nombreuses et très souvent reliées au thème du travail. Nous vous invitons à les explorer afin d’y découvrir les fondements qui répondent le mieux à vos valeurs et à celles des personnes avec qui vous travaillez.

En ce qui concerne Nos compétences fortes, vous pouvez vous référer à la bibliographie, afin de connaître les courants de pensées qui ont influencé les versions de ces ateliers dans les deux éditions.

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Remarque : Inspiré du chapitre 6, de la première partie du Manuel des animatrices et des animateurs (1995) : « Découvrir la reconnaissance ».

12. Ces services sont le plus souvent offerts dans le cadre d’un processus formel d’admission à un programme de formation  reconnu