Depuis longtemps, l’éducation des adultes est une partie intégrante de la mission des établissements d’enseignement supérieur. Le développement de ces services nécessite des concertations avec différentes parties prenantes extérieures à l’enseignement supérieur, soit, les niveaux collégial et secondaire, les organismes du réseau de la main-d’œuvre, les entreprises et organisations. Ce faisant, il nous semble nécessaire que toute structure de gouvernance institue une représentation formelle de la diversité de l’éducation des adultes en enseignement supérieur, incluant les adultes en formation. À ce titre, l’UNESCO promeut une gouvernance multipartite, représentative de cette diversité. Compte tenu de ce qui précède, l’ICÉA formule la recommandation suivante.
Recommandation 1
Toute réforme de la gouvernance dans l’enseignement supérieur, en particulier dans les instances-conseils, doit nécessairement favoriser le développement de l’éducation des adultes. Elle doit favoriser la coordination avec l’ensemble des parties prenantes en éducation et les intervenantes et intervenants extérieurs au champ scolaire.
Le secteur de l’éducation des adultes doit être représenté adéquatement dans les instances de gouvernance. Cette représentation doit tenir compte de la diversité des actrices et acteurs en éducation des adultes, notamment les adultes en formation.
Par ailleurs, les contextes d’apprentissage et les besoins des adultes demandent plusieurs aménagements pour leur assurer l’accessibilité à la formation tout au long de la vie. À ce titre, les établissements d’enseignement supérieur québécois ont su innover, notamment en instaurant différents programmes. Au niveau collégial, on pense aux attestations des études collégiales (AEC) et à la formation continue où sont inscrits annuellement et à Montréal seulement, plus de 15 000 adultes1. Au niveau universitaire, les certificats, les baccalauréats par cumul de certificats et les diplômes d’études supérieures spécialisées (DEES) sont un franc succès2. Au sein des établissements d’enseignement supérieur, des programmes sont offerts sous diverses formes : à temps complet, à temps partiel, de jour, de soir et de fin de semaine. En outre, de plus en plus de modèles de formation hybride combinent la formation en présence et la formation en ligne. En plus des formations créditées, les établissements d’enseignement supérieur développent diverses formations non créditées offertes dans leurs installations ou en entreprise.
Cela dit, plusieurs obstacles se dressent encore et limitent l’accessibilité à la formation, à la persévérance et à la diplomation des adultes. On pense à la reconnaissance des expériences personnelles ou professionnelles qui est ardue à obtenir. On pense à la difficulté de faire reconnaître des cours réussis et attestés par un autre établissement. On pense également aux personnes immigrantes qui doivent entreprendre un processus de reconnaissance de leurs diplômes acquis à l’extérieur du pays, long, onéreux et complexe. Enfin, pensons aux limites financières des adultes et à la difficile conciliation famille, travail et étude. Ce faisant, l’ICÉA formule la recommandation suivante.
Recommandation 2
Toute réforme de la gouvernance dans l’enseignement supérieur doit assurer l’établissement de mécanismes de reconnaissance des acquis scolaires et expérientiels qui assurent la continuité des parcours éducatifs (et non pas seulement scolaires), et ce, en lien avec les instances éducatives extérieures à l’enseignement supérieur. Elle doit favoriser la transférabilité des acquis et la flexibilité des parcours éducatifs des adultes, que ces personnes soient ou non dans la population active. Elle doit enfin faciliter l’accessibilité aux études supérieures des adultes en instaurant de meilleures conditions de conciliation famille, travail et études.
Enfin, l’UNESCO considère que l’éducation tout au long de la vie est un droit humain fondamental qui permet aux adultes d’exercer leurs autres droits. Le gouvernement québécois a adhéré à cette vision et l’a exprimé dans sa Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue en ces termes : « La formation initiale et la formation continue sont les deux jalons d’un même processus d’apprentissage qui s’échelonne tout au long de la vie des individus. L’affirmation du droit à l’éducation doit se traduire par des actions favorisant la demande de formation permettant l’apprentissage tout au long de la vie et la réussite des projets de formation »3. Or, l’ICÉA constate un essoufflement de la prise en compte de l’éducation des adultes, et ce, même au niveau international4. Afin de remettre l’éducation des adultes au cœur des préoccupations des milieux d’enseignement supérieur et de prendre en compte les nouveaux enjeux, l’ICÉA formule la recommandation suivante.
Recommandation 3
Tenir un débat public sur l’éducation des adultes dans l’enseignement supérieur. Le mandat d’un tel débat devrait s’intéresser à cinq champs au regard de la place des adultes dans les établissements d’enseignement supérieur : l’accessibilité, l’offre de formation, la persévérance scolaire, le parcours étudiant et le financement de l’éducation des adultes.
Conclusion
L’ICÉA est d’abord et avant tout préoccupé par la prise en compte de l’éducation des adultes par les instances, quelles qu’elles soient, et par la représentation de la diversité de ses acteurs et actrices. L’Institut veut attirer l’attention de la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme David, concernant l’accessibilité de la formation aux adultes, la continuité de leurs parcours, notamment de la reconnaissance des acquis, et de la levée des obstacles. Est-ce que les nouvelles structures permettront d’atteindre ces objectifs ?
Par ailleurs, l’ICÉA insiste pour maintenir le Conseil supérieur de l’éducation dans sa forme actuelle avec, notamment, sa Commission de l'éducation des adultes et de la formation continue. Le Conseil est à même d’assurer une vision transversale de l’éducation tout au long de la vie, tant au niveau scolaire, communautaire qu’en emploi.
1 Données recueillies par le Regroupement des collèges du Montréal métropolitain (RCMM).
2 Association canadienne d’éducation des adultes de langue française (ACDEAULF) et Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA). 2013. La place des adultes dans les universités québécoises : un enjeu de société. Mémoire présenté au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, pp. 13-18.
3 Gouvernement du Québec. 2002. Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue, p. 3.
4 Baril, Daniel. 2015. «Programme de l'éducation pour l'après-2015 : les défis à venir sur le droit des adultes à continuer à apprendre». Montréal : ICÉA.
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Mémoire de l'ICÉA création de Conseils collèges et universités | 847.99 KB |