Démarche collaborative préforum : une série de rencontres d'échange passionnantes
Les 7 et 8 juin 2023, l’ICÉA organise un forum sur le bien public et le bien commun en éducation des adultes. Avant la tenue du forum, nous avons mis en place une démarche collaborative préforum incluant, entre autres, une période de consultation des milieux en éducation des adultes. C’est dans cette optique que nous avons organisé depuis le mois de février des rencontres pour échanger avec une diversité de personnes et d’organismes du milieu de l’éducation et de la formation des adultes. Ce furent des rencontres extrêmement intéressantes.
Au terme du processus, nous avons eu une quarantaine de rencontres qui nous aurons permis d'échanger avec près de 60 personnes œuvrant dans différents secteurs tels que la formation générale des adultes, l’alphabétisation populaire, la formation professionnelle, la formation continue collégiale et universitaire et l’éducation populaire autonome.
Nous avons aussi échangé avec des personnes qui travaillent en éducation juridique, financière et en santé respiratoire de même qu'avec des personnes qui œuvrent dans le milieu des bibliothèques publiques et des Fab Labs. Enfin, nous avons également rencontré des personnes qui travaillent en employabilité et en développement de la main-d'œuvre, et d'autres qui offrent de la formation syndicale et de la formation continue pour différentes catégories de travailleurs et de travailleuses (personnel scolaire, personnes impliquées dans le milieu communautaire, etc.). Certaines de ces rencontres ont donné lieu ou vont donner lieu à des épisodes du balado « En route vers le forum. Le balado de l’éducation des adultes ». Le contenu de ces rencontres sera intégré dans le forum dans une optique de coconstruction afin d’alimenter la réflexion collective. Nous vous partageons ici quelques réflexions découlant de ces rencontres d’échange.
Les notions de bien public et de bien commun
Les rencontres d'échange nous ont permis de discuter avec différentes personnes de la compréhension qu'elles ont des notions de bien public et de bien commun. Nous avons remarqué que d’emblée, ces notions n’étaient pas toujours claires pour les personnes rencontrées. Cependant, en échangeant sur cette question, la notion de bien commun ressortait comme étant au cœur du travail, des engagements et des pratiques des personnes et des organisations.
Dans le discours des personnes rencontrées, la notion de bien commun renvoie à d’autres notions telles que l’accessibilité, le partage, la collaboration, l’équité, l’égalité des chances, la gratuité, la complémentarité, la collectivité, le collectif, le tissu social, la dignité, l’autonomisation, la circulation des connaissances et de la recherche, la réussite éducative, etc.
Pour certaines personnes, la contribution de leur organisme ou de leur secteur au bien commun se traduit par le fait de rendre accessibles les formations gratuitement au plus grand nombre, de développer du contenu et des outils pédagogiques sous licence libre, de favoriser la reconnaissance des acquis et des compétences des personnes ou encore de favoriser l’autonomisation, le renforcement du pouvoir d’agir et l’esprit critique.
Nous, on contribue à essayer de redonner le droit aux personnes vivant sur le territoire du Québec pour qu’ils puissent se l’approprier […]. On s’est entendu sur un certain système, mais comment on s’assure de le redonner et qu’il soit partagé par tous aussi […]. Il faut aussi aider la personne à ce qu’elle puisse se positionner par rapport à une loi, à développer l’esprit critique, à développer ses opinions […]. L’éducation aux adultes, l’éducation juridique permet ça, permet aux gens d’avoir les connaissances, les compétences, même les aptitudes pour se réapproprier ces lois-là, se positionner, puis influencer sa société, influencer son environnement (extrait d’une rencontre d’échange).
On donne l’occasion à des gens de se développer comme ils ont envie de se développer parce que c’est important de leur faire confiance aussi (extrait d’une rencontre d’échange).
Le bien commun, c’est aussi de mettre l’apprenant·e· et ses besoins au centre, de faire en sorte que les personnes soient moins endettées et qu’elles puissent accéder aux formations dont elles ont besoin.
Dans ma perspective, savoir, éducation, ce sont des biens communs. Ça appartient à tous. Ça appartient à tous et ça devrait être accessible à tous, le plus possible. On se bat depuis des années au Québec pour garder justement l’accessibilité aux études assez basse, dans les prix, pour que tous puissent accéder à l’éducation. C'est essentiel que ça reste un bien commun et qu’on soit tous là pour y travailler ensemble, le plus possible ensemble (extrait d’une rencontre d’échange).
L’argent c’est forcément un outil financier pour acquérir personnellement disons des actifs, mais ça peut être aussi un outil justement de partage que ça soit au niveau de la famille, que ça soit au niveau de la société, à travers les impôts, que ça soit à travers les dons qu’on peut donner à des organismes. Donc, ça permet quand même une circulation au niveau de la société, puis une redistribution des richesses [...]. Ça permet une redistribution des richesses pas forcément juste au niveau des impôts, mais au niveau de la création d’emplois, de la croissance économique, etc. Donc une meilleure éducation financière ça fait en sorte que chacun a un meilleur contrôle justement sur ses choix de vie et sur la façon dont il veut redistribuer son argent que ça soit à des fins personnelles ou à d'autres fins, familiales, communautaires ou d'autres fins (extrait d’une rencontre d’échange).
Des enjeux majeurs en éducation des adultes
Est-ce que l’éducation des adultes se porte bien ? Est-ce qu’il y a des enjeux qui nuisent au bien commun ou qui sont des obstacles pour les apprenant·e·s ainsi que pour les personnes et les organisations qui travaillent en éducation des adultes ? Il ressort des rencontres d’échange de nombreux enjeux en éducation et en formation des adultes. Certains enjeux concernent l’éducation des adultes de manière générale. D’autres concernent des secteurs en particulier. Voici quelques-uns de ces enjeux :
- Le temps pour se former;
- L’accessibilité (économique, géographique, etc.);
- Le financement des personnes, de certaines offres de formation et des organisations;
- La conciliation famille-travail-étude;
- Les rythmes d’apprentissage;
- L’accompagnement et le soutien des personnes qui effectuent un retour aux études;
- La reconnaissance de l’éducation des adultes, des organisations et des personnes qui y travaillent;
- Le cloisonnement ou le manque de collaboration et de dialogue entre secteurs et ordres d’enseignement;
- L’absence d’une culture de formation continue;
- Le dédoublement et le chevauchement entre les offres de formation;
- La pénurie de main-d’œuvre et le plein emploi;
- La formation des personnes en emploi;
- La pénurie de logements;
- La formation à distance;
- Le manque de recherche en éducation des adultes;
- Le recul d’une vision humaniste en éducation pour une vision plus économique axée sur l’insertion en emploi;
- Les conditions de travail des personnels en éducation des adultes.
Tout comme il faut protéger les forêts ou l’air que nous respirons, des personnes nous ont partagé leurs craintes par rapport au bien commun en éducation des adultes.
S’il y a un bien commun qui pourrait se perdre, ça serait la formation professionnelle parce qu’elle est tellement, tellement associée avec l’entreprise privée et avec les besoins de main-d’œuvre. Il y a une facilité à laisser-aller et j'ai l'impression que les centres de services scolaires ne vont pas se battre comme les cégeps pour la formation technique (extrait d’une rencontre d’échange).
Vous avez dit « éducation des adultes » ?
Nous avons aussi remarqué que pour certaines personnes, la notion d’éducation des adultes n’avait pas la même portée ni la même signification.
L’ICÉA défend de longue date une vision large de l’éducation des adultes, incluant toute la diversité des lieux et des contextes d’apprentissage (formel, non formel et informel), ainsi que des approches éducatives.
Pour certaines personnes rencontrées, la notion d’éducation des adultes réfère à l’éducation formelle ou encore elle est associée principalement à la formation générale des adultes (FGA). On a vu, dans certains cas, que des personnes préfèrent une notion plus proche de leurs pratiques et de leur vision de l’éducation comme celle d’éducation populaire autonome (ÉPA).
Pour d’autres, la notion d’éducation des adultes est moins porteuse de sens puisque dans leur secteur, les étudiant·e·s sont tous des adultes. C’est le cas à l’université, même s’il y a une différence entre les jeunes adultes, plus souvent en transition depuis le cégep, et les adultes plus âgés aux parcours et aux profils variés. La notion de formation continue ou encore de développement professionnel est préférée chez certaines personnes à la notion d’éducation des adultes.
Vous souhaitez en savoir plus sur la démarche préforum ? Vous aimeriez poursuivre cette réflexion sur le bien public et le bien commun en éducation des adultes ? Nous vous invitons à vous inscrire au forum : https://event.fourwaves.com/fr/forum2023icea/inscription
Un forum de deux jours en éducation des adultes
Dans le contexte de transformation de l’éducation des adultes, il nous apparaît important de réfléchir aux notions de bien public et de bien commun de même qu'aux formes d’intersection entre bien public, bien privé et bien commun. Nous pensons, en effet, que ces notions peuvent nous permettre de mieux saisir les changements en cours et de (re)penser le rôle de l’État et de toutes les parties prenantes de l’éducation des adultes.
Avant le forum, nous vous invitons à écouter le balado « En route vers notre forum. Le balado de l’éducation des adultes » : https://www.buzzsprout.com/2166108
Pour vous inscrire au forum : https://event.fourwaves.com/fr/forum2023icea/inscription
Pour consulter le programme du forum : https://event.fourwaves.com/fr/forum2023icea/horaire
