À l’occasion de la campagne électorale en cours, l’ICÉA a interrogé les quatre partis politiques représentés à l’Assemblée nationale sur leur position en matière de droit à l’éducation et à la formation pour la population adulte. Dans sa lettre, l’ICÉA a fait valoir que les besoins d'éducation et de formation des adultes sont multiples et urgents et que les réponses à ces besoins, insuffisantes. L’Institut rappelait aux partis qu’au Québec, selon la dernière enquête internationale de l’OCDE, un adulte sur cinq a toujours de grandes difficultés avec l’écrit. Quant à la formation liée à l’emploi, le Québec affiche le plus bas taux de participation parmi les provinces canadiennes.
Plus spécifiquement, au-delà de l’alphabétisation et de la formation liée à l’emploi, l’ICÉA leur a demandé ce qu’ils entendaient faire pour que l’éducation des adultes contribue à accroître le plein exercice de la citoyenneté et des droits de la part de la population au Québec.
Nous résumons donc les réponses des partis. Il est aussi possible de consulter l’original de ces réponses, que nous avons joint à la fin du présent article.
Coalition Avenir Québec
Dans sa réponse à nos questions, la CAQ a fait part que, globalement, l’éducation serait la « grande priorité » d’un gouvernement formé par le parti. Concernant plus particulièrement l’éducation des adultes, la CAQ se dit être « extrêmement » sensible « aux enjeux liés à l’éducation des adultes ». Plus spécifiquement, elle s’engage à « déployer des efforts considérables pour que les adultes qui veulent terminer leurs études afin de retourner sur le marché du travail puissent le faire ».
Le parti indique que la lutte au décrochage scolaire chez les jeunes est aussi un enjeu de l’éducation des adultes. Car, explique la CAQ, « si le Québec réduit le taux de décrochage scolaire et augmente le taux de diplomation au secondaire, moins de jeunes quitteront l’école, et moins de jeunes adultes qui sont d’anciens décrocheurs devront retourner aux études». Enfin, la CAQ met l’accent sur les liens qui doivent s’établir, sur le plan régional, entre « le monde de l’éducation » et « les entreprises et les organismes de développement économique », afin que la formation professionnelle et technique réponde aux besoins des entreprises et assurent l’employabilité des jeunes adultes.
Parti libéral
Comme perspective d’ensemble en éducation, le Parti libéral fait valoir « toute l’importance » qu’il accorde « à la réussite des jeunes et moins jeunes, et cela, du primaire à l’université, sans oublier la formation continue ». En réponse aux questions de l’ICÉA, le PLQ propose des engagements dans le domaine de la formation liée à l’emploi. Dans l’ensemble, le parti prend des engagements en lien avec les parcours de formation. Tout d’abord, le PLQ entend « assouplir les règles d’entrée pour les formations menant à des diplômes d’études professionnelles (DEP), à des attestations d’études collégiales (AEC) et à des diplômes d’études collégiales (DEC) ». Il entend également « que davantage de parcours variés en formation professionnelle et collégiale (DEP, AEC, DEC) soient accessibles pour encourager plus de jeunes et d’adultes à se donner une bonne formation pour occuper un métier bien rémunéré ».
Enfin, le PLQ propose de « faciliter la transition entre les différents parcours de formation, notamment au chapitre des prérequis, afin d’encourager la poursuite des études pour ceux qui désirent continuer leur cheminement scolaire au secondaire, au collégial ou à l’université ». A ces engagements, le parti ajoute que la Stratégie maritime et le Plan Nord +, annoncés dans la présente campagne électorale, comportent le développement d’une « offre de formation aux adultes » liée aux besoins de main-d’œuvre de ces plans. Finalement, le PLQ prend l’engagement de hausser de 3,5 % par année le financement de l’éducation et de soutenir une offre d’enseignement de qualité dans les universités, ce qui bénéficie aussi, précise le PLQ, aux adultes à l’université.
Parti Québécois
Dans sa réponse aux questions de l’ICÉA, le Parti Québécois a fait valoir que, pour lui, l’éducation des adultes et la formation continue font partie des « outils permettant l’affirmation personnelle, le maintien à l’emploi et l’insertion professionnelle ». C’est essentiellement par le renouvellement de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue que le parti propose de traduire ce statut accordé à l’éducation des adultes et à la formation continue. Le PQ rappelle qu’il est l’initiateur de cette politique de 2002, ce qui, précise-t-il, témoigne de l’importance qu’il accorde à l’éducation des adultes. Concernant cette politique, le PQ s’engage « à adopter une nouvelle Politique nationale d’éducation aux adultes et de formation continue ». En prévision de cette politique, il nous a fait part de certaines priorités. Ainsi, il entend mettre l’accent sur « l’alphabétisation, la francisation, la formation professionnelle, la concertation avec les organismes existants, l’accessibilité, l’attractivité et la rétention des apprenants en formation aux adultes ».
Québec solidaire
En réponse aux questions de l’ICÉA, Québec solidaire a fait valoir comme perspective générale que l’éducation « ce n'est pas seulement apprendre à lire ou apprendre un métier. C'est mieux connaître et comprendre le monde, et pouvoir participer aux décisions qui nous concernent ». Plus particulièrement, le parti entend travailler sur trois fronts. Tout d’abord, QS nous indique sa volonté d’élaborer « un plan national d’alphabétisation». Le parti précise que cette action en alphabétisation « valorisera, par un soutien financier accru, l’expertise et les capacités des milieux scolaire et communautaire dans ce domaine ». Ensuite, QS souhaite soutenir le retour en formation de base des jeunes et des adultes. À ce sujet, deux engagements sont pris par le parti : accorder une aide financière et professionnelle, « notamment par l’augmentation des budgets d’Emploi Québec », et prendre en compte les «particularités des milieux ruraux et régionaux». Finalement, QS prend l’engagement d’appuyer financièrement « les initiatives d’éducation populaire autonome».
En plus de ces engagements en éducation des adultes, QS nous mentionne que les adultes apprenants bénéficieront aussi de ses engagements pour la gratuité scolaire à l’Université et visant l’établissement d’un revenu minimum garanti.
Conclusion
Chacun des partis propose des engagements en alphabétisation, en formation de base et en formation liée à l’emploi, bien que les actions proposées diffèrent. Au-delà de l’alphabétisation et de la formation liée à l’emploi, les engagements des partis demeurent embryonnaires ou inexistants. Il est vrai que l’alphabétisation et la formation liée à l’emploi sont des enjeux essentiels. Mais, dans nos sociétés complexes, l’exercice des divers rôles sociaux des adultes, incluant le rôle de citoyenne et de citoyen, est de plus en plus exigeant. Soutenir le développement des capacités sociales de la population devient stratégique pour que le Québec puisse relever des défis majeurs. Une société du savoir doit aussi être une société éducative soucieuse de l’éducation au développement durable, de l’éducation à la santé, de l’éducation parentale, de l’éducation culturelle, de l’éducation aux finances personnelles, etc. Le 7 avril, souhaitons-nous un gouvernement pour une société éducative !
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