Le 4 avril, la nouvelle recommandation de l’UNESCO sur l’éducation des adultes entrait en vigueur. La cérémonie de signature de cette nouvelle norme internationale en éducation des adultes, tenue au siège de l’UNESCO à Paris, est un événement historique dans le domaine du droit international en éducation des adultes.
Faisant suite à l’adoption en novembre 2015 de la Recommandation par les pays membres de l’UNESCO, lors de la Conférence générale de l’organisation, l’entrée en vigueur du nouveau cadre international en éducation des adultes actualise les conditions à réunir pour mettre en œuvre le droit à l’éducation des adultes.
La Recommandation comprend 30 articles regroupés en 4 sections dont l’une des sections portant sur les domaines d’action se compose de 5 sous-sections. Ces sous-sections reprennent les axes de la déclaration de la 6e conférence internationale de l’UNESCO sur l’éducation des adultes, CONFINTEA VI, officialisant ainsi une harmonisation des principales normes internationales de l’UNESCO en éducation des adultes. Sur cette base, l’action des pays doit désormais comporter des mesures dans les domaines suivants :
- Les politiques ;
- La gouvernance ;
- Le financement ;
- La participation, l’inclusion et l’équité ;
- La qualité.
Chacun de ces domaines comprend un ensemble de dispositions, dont nous résumons l’essentiel ci-dessous.
Les éléments clés des domaines d’action de la Recommandation
Les politiques
Globales, inclusives, intégrées et interministérielles ; associant toutes les parties prenantes ; moyens de mettre en œuvre le droit à l’éducation pour les adultes ; informant, motivant et orientant les apprenants ; démontrant les bénéfices de l’apprentissage des adultes.
La gouvernance
Renforcement des structures coopératives et des processus participatifs ; mécanismes locaux, nationaux, régionaux et mondiaux efficaces, transparents, responsables, démocratiques et multipartites, souples, réactifs et décentralisés.
Le financement
Mobilisation de ressources financières suffisantes pour accroître la participation ; rôle de l’État ; contribution des divers ministères et des différentes parties prenantes ; des priorités (alphabétisation, maximiser les résultats par la coordination interministérielle et intersectorielle ; transparence de l’affectation et de l’utilisation des ressources) ; cofinancement et incitatifs.
La participation, l’inclusion et l’équité
Promotion de la lutte contre l’exclusion ; efficacité des réponses éducatives ; attention portée à certains groupes cibles ; adoption de stratégies ; lutte aux discriminations ; accès des groupes défavorisés ou vulnérables ; méthodes d’apprentissage adaptées aux personnes ; accroissement de l’égalité des sexes ; renforcement des structures institutionnelles ; services d’information et d’orientation ; équité d’accès, participation élargie et soutenue, réduction des obstacles à la participation ; création d’une culture de l’apprentissage tout au long de la vie.
La qualité
Suivi et évaluation ; critères et normes de qualité ; cueillette de données ; pertinence, équité et efficacité de l’apprentissage ; parcours d’apprentissage souples et continus ; environnement d’apprentissage.
Plus fondamentalement, la Recommandation repose sur des principes généraux.
- L’universalité du droit à l’éducation inclut l’éducation des adultes ;
- L’apport de l’éducation de adultes à la réalisation de multiples et divers objectifs socioéconomiques et culturels ;
- Adaptation des principes généraux, des objectifs et des lignes directrices à des contextes nationaux, des structures de gouvernance et des ressources propres à chaque pays ;
- Une définition large de l’éducation des adultes : composante de l’apprentissage tout au long de la vie, englobant la diversité des formes d’apprentissage (formelles, non formelles et informelles) et référant à divers domaines d’apprentissage (alphabétisation, qualification, éducation à la citoyenneté) ;
- Centralité de l’éducation des adultes dans une société de l’apprentissage ;
- But de développement des capacités des individus, pour l’exercice des droits et l’autonomisation, le développement personnel et professionnel, une participation civique, un développement économique durable et inclusif, l’acquisition des connaissances et des compétences contribuant à la réflexivité, la solidarité, le développement durable, le vivre ensemble et le respect des droits humains.
Élément intéressant, la Recommandation propose une organisation du champ de l’apprentissage des adultes en trois grands domaines : l’alphabétisation, la formation continue et le perfectionnement professionnel ainsi que l’apprentissage d’une citoyenneté active (éducation communautaire, populaire ou libérale).
Certaines dispositions de la Recommandation font échos à des défis contemporains en éducation des adultes. Rappeler la nécessité de l’éducation des adultes pour surmonter les défis de notre époque, marquée par de multiples crises socioéconomiques, culturelles, environnementales, etc., est à la base de la justification de l’actualisation du droit à l’éducation à l’origine de la révision de la Recommandation. Ainsi, dans le Préambule, il est affirmé : « nous vivons dans un monde qui évolue rapidement et dans lequel les gouvernements et les citoyens font face à des problèmes simultanés qui nous poussent à revoir les conditions de la réalisation du droit à l’éducation pour tous les adultes ».
Par ailleurs, la Recommandation remet à l’avant-scène les problèmes d’inégalité et d’exclusion qui continuent de marquer l’éducation des adultes, notamment relativement aux groupes marginalisés sur le plan éducatif : « les personnes qui n’ont que peu ou pas d’instruction, les jeunes vulnérables, les travailleurs migrants, les chômeurs, les membres de minorités ethniques, les groupes autochtones, les personnes handicapées, les détenus, les personnes âgées, les personnes touchées par un conflit ou une catastrophe, les réfugiés, les apatrides ou les personnes déplacées. »
Enfin, le rôle de l’État en éducation des adultes est au cœur de la Recommandation dont plusieurs dispositions concernent l’adoption de politiques et de lois, le financement et la gouvernance.
Maintenant que la Recommandation est en vigueur, le Canada et le Québec sont dans l’obligation de lui donner suite, dans le respect des engagements pris lors de la Conférence générale de l’UNESCO, en novembre 2015. À cet effet, il sera à propos que le Québec rende public un plan d’action exposant les moyens qui seront préconisés pour mettre en œuvre la Recommandation.
À l’automne 2016, une conférence internationale en éducation des adultes a été annoncée par l’UNESCO, pour faire le point sur la mise en œuvre de la déclaration de la 6e conférence internationale sur l’éducation des adultes, tenue en 2009 (CONFINTEA VI). Cet événement offre l’occasion au Québec de faire connaître les moyens pris pour donner suite à la Recommandation.