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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Les enjeux pour les adultes du jour 1 du Sommet de l’enseignement supérieur

logo Sommet sur l'enseignement supérieurAu-delà de la question des frais de scolarité, qui était le sujet politique le plus important abordé en fin de journée, le Sommet sur l’enseignement supérieur a été le théâtre de propositions de chantiers portant sur différents aspects de l’enseignement post secondaire. Malgré quelques annonces intéressantes, les enjeux en éducation des adultes et en formation continue ont trop peu été traités lors de cette première journée. Nous voulons ici, dans un premier commentaire, soulever les réponses apportées par le gouvernement aux préoccupations du monde de l’éducation des adultes en enseignement supérieur.

La question de la Loi-cadre sur les universités

Pour l’ICÉA, le droit à l’éducation et à la formation tout au long de la vie est un enjeu de première importance pour toute la population au Québec. À l’instar des objectifs poursuivis par le mouvement social et étudiant, le printemps dernier, le débat sur l’accessibilité des adultes à l’enseignement universitaire en est un de société. Pour répondre à la demande accrue d'accessibilité et dans la perspective de « Promouvoir la qualité de l’enseignement et la gouvernance des établissements », le gouvernement du Québec propose de mettre en place un chantier en vue de définir une loi-cadre sur les universités. Ce chantier permettrait de tabler sur des orientations et des politiques quant « à la gestion, à la mission et aux valeurs des universités québécoises » (Documents MESRST 2013).

C’est au cœur de la mission des universités que la préoccupation du droit des adultes peut trouver des réponses. Toutefois, la démarche de la loi-cadre porte plus sur la gouvernance que sur la mission. Un espace réel à la place des adultes dans les universités doit être fait, si tant est que le débat doive s’inscrire dans celui de la loi-cadre. Les travaux menés à l’ICÉA, seuls ou avec l’Association canadienne d’éducation des adultes des universités de langue française (ACDEAULF) sur la place des adultes dans les universités indiquent que près de 50 % de la population étudiante totale a 25 ans et plus (ICÉA 2013).

C'est pourquoi, l’ICÉA continuera à défendre la nécessité de faire le point sur la place des adultes en enseignement universitaire. Pour ce faire, le chantier doit permettre de mener des travaux sur l’accessibilité, l’offre de formation, la persévérance scolaire, notamment en lien avec la conciliation travail-famille-études, le parcours étudiant souvent atypique des adultes et le financement de l’éducation des adultes. Mentionnons que le chantier doit se mettre en branle le mois prochain, se conclure en août 2013, pour permettre l’adoption de la loi d’ici le printemps 2014.

La formation continue et la reconnaissance des acquis

Sous le thème du renforcement de la « recherche ainsi que la collaboration entre les établissements et leurs milieux » (Documents MESRST 2013), on retrouve des préoccupations concernant la formation continue et la reconnaissance des acquis. Cette période de la journée fut principalement dominée par les enjeux de la recherche, notamment dans les universités, et c’est sous l’aspect de la collaboration entre les établissements collégiaux que la formation continue fut mentionnée, alors qu’on a traité de la reconnaissance des acquis dans le but de «renforcer le soutien aux étudiants» (Documents MESRST 2013).

Concernant la formation continue, la dimension est présentée dans la perspective d’un chantier sur l’offre de formation collégiale. Il s’agit «d’initier des travaux sur l’adaptation des programmes d’études techniques et du financement de la formation continue aux réalités régionales et aux besoins du marché du travail». Aussi, la démarche devrait aussi permettre une optimisation «l’offre de formation continue » des collèges ! L’offre de formation continue et en éducation aux adultes des collèges fait face à un obstacle majeur, celui du financement, étant donné que les ressources offertes aux collèges sont des enveloppes limitées et fermées, ce qui ne leur offre pas le financement nécessaire pour répondre aux demandes croissantes. De ce point de vue, un tel chantier est une nécessité. Toutefois, la formation continue ne peut se résumer au seul secteur des collèges, mais doit être une préoccupation et doit impliquer une collaboration de l’ensemble des établissements postsecondaires.

Par ailleurs, c’est la reconnaissance des acquis qui obtient des engagements plus clairs. D’abord, au collégial, une somme de 3 M$ en deux ans était prévue «pour l’implantation de quatre centres d’expertise de reconnaissance des acquis et des compétences (CERAC)» aux cégeps Marie-Victorin, Champlain, de Drummondville et de Sainte-Foy. Ensuite, dans les universités, le gouvernement s’engage à soutenir « la mise en place d’un projet de plateforme de reconnaissance des acquis et des compétences dans le réseau de l’Université du Québec » (UQ) (Documents MESRST 2013).

Si, dans les cégeps, la formation continue connait des limites de financement, ce n’est pas le cas pour les services de reconnaissance des acquis, qui doivent bénéficier de l’appui nécessaire pour son développement. Les quatre centres couronnent d’ailleurs une démarche qui date depuis quelques années. Par contre, dans les universités, les avancées sont très timides, notamment parce qu’il n’y a pas de financement d’un tel service. Or, le soutien au développement d’une expertise au sein du réseau de l’UQ, qui peut paraître intéressant, peut être une lame à deux tranchants, si ce soutien accentue la division entre les «grandes universités dites de la recherche » et celles, en région, du réseau UQ, dites « de l’accessibilité ». La vocation des travaux dans le réseau UQ doit toutefois permettre de s’étendre plus largement à l’ensemble des établissements universitaires. En fait, une culture de la reconnaissance, y compris des diplômes entre les universités québécoises, reste à développer.

La question des frais de scolarité

La soirée s’est terminée devant une division très claire entre le gouvernement et la société civile. La possibilité que le gouvernement accepte de mettre en place un chantier sur les frais de scolarité au lieu qu’il procède à une indexation de 3 % était annoncée en fin de soirée. Toutefois, non seulement a-t-il réitéré le fait qu’il avait toujours eu une telle intention d’indexation, mais qu’il souhaite que le débat ne s’éternise pas, au nom de la stabilité sociale. L’ensemble des organisations syndicales et étudiantes a réaffirmé leur refus d’aller dans le sens d’une indexation, qui envoie un message contraire à celui qu’ils poursuivent.