Icône de Facebook
Icône de LinkedIn
Icône de Twitter

ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Quelle est la stratégie gagnante pour le développement de Montréal ?

Rencontre de la CRÉ du 22 février Rencontre de la CRÉ du 22 février La CRÉ et le déficit de financement pour Montréal

(photo CRÉ)

À l’initiative de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), une soixantaine de personnes représentant différents organismes et mouvements sociaux de la région se sont rencontrés, le vendredi 22 février dernier, pour faire le point sur l’inégalité de financement dont fait l’objet plusieurs secteurs de la métropole. Des représentantes et représentants des secteurs de l’environnement, de la santé, de l’éducation, du développement économique, des arts et de la culture, de la jeunesse, des ainé-es, ont donné des exemples évidents que le traitement du financement pour les organisations de la région de Montréal ne suit pas les mêmes règles que celui dans les autres régions du Québec.

La ville de Montréal regroupe 25 % de  la population et explique 36 % du produit intérieur du Québec. Or, le Fonds régional pour la jeunesse ne reçoit que 14 % des budgets provinciaux, le Conseil régional sur l’environnement ne reçoit qu’un montant fixe et identique aux autres régions du Québec et les centres locaux de développement n’obtiennent qu’environ 20 % des ressources budgétaires provinciales.

Par ailleurs, les services de santé et d’éducation sont sollicités plus que la proportion de la population sur le territoire de la ville. En effet, les charges financières en santé équivalent à 50 % de tous les investissements de la province dans ce secteur, et 65 % de la population étudiante québécoise en enseignement supérieure se concentre à Montréal.

Présidée par le vice-président de la CRÉ, M. Robert Deschamps, conseiller municipal, la rencontre faisait la démonstration que la situation irrite nombre d’intervenants de la région. Plusieurs pointent les faiblesses d’une vision politique sans envergure alors qu’il faudrait qu’on fasse de la ville de Montréal un levier de développement pour tout le Québec.

Force est de reconnaître que la crise globale des finances publiques de l’État québécois frappe de manière importante et persistante les capacités d’agir et d’innover à Montréal, au point que les faiblesses du soutien financier laissent des traces indélébiles sur le dynamisme économique et social de la ville. Plusieurs pourront toutefois soutenir que la concentration des activités dans la ville peut offrir des avantages majeurs, notamment sur le plan des économies d’échelle, ce qui permet de compenser le manque à gagner. Toutefois, il ne s’agit pas pour plusieurs de procéder par comparaison avec les régions du Québec qui éprouvent, par ailleurs, des problèmes économiques et sociaux d’un autre ordre. Il faut plutôt soutenir le rôle moteur que peut jouer Montréal pour tout le Québec.

En effet, il importe de dépasser une vision territoriale des difficultés de Montréal et d’éviter un affrontement improductif avec les régions du Québec. Il semble plus logique de tabler sur la situation démographique et sociologique de la ville. C’est ainsi que plusieurs ont plaidé de faire le point sur la situation de la population immigrante qui reste concentrée à Montréal. Aucun représentant de ces communautés n’a été invité à présenter la situation de ce secteur important de la population montréalaise. Par ailleurs, on constate que la population vieillit, que les ainé-es composent le quart de la population de Montréal. On observe également que la pauvreté frappe 30 % d’entre eux, et que 40 % ne peuvent se déplacer que par les transports publics, puisqu’ils ne conduisent pas. Enfin, on apprenait également à cette rencontre que  43 % des travailleuses et des travailleurs sont à faible revenu et que 23-24 % d’entre eux vivent sous le seuil de la pauvreté. Aucune donnée n’était disponible sur la situation des femmes monoparentales.

Force est de constater que Montréal présente d’importantes problématiques sur le plan de la pauvreté, parmi les plus importantes de toutes les régions du Québec. C’est à ce titre que plusieurs plaidaient le développement d’une stratégique de lutte contre la pauvreté, comme tronc commun d’un mouvement qui serait susceptible de ne pas participer à chercher la concurrence avec les autres régions du Québec.

C’est dans cette perspective que l’ICÉA est intervenu pour faire valoir l’importance, dans une stratégie de développement social et de lutte à la pauvreté, de la nécessité de viser une hausse générale de la qualification de la population montréalaise. Il s’agit, dans une stratégie de levier pour faire faire aux exigences économiques et sociales de la région de Montréal, d’élargir la vision du secteur de l’éducation au-delà du seul secteur formel pour les jeunes. On ne peut attendre la qualification de la génération montante pour qualifier la population montréalaise. La situation politique et sociale exige de faire plus, et véritablement d’engager un plan ambitieux de formation continue des adultes.