Répondre à des enjeux de formation ou d’emploi?
Miser sur le développement des compétences des Québécoises et des Québécois pour garantir la croissance économique du Québec : voilà le défi qui émerge de la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre présentée récemment par le gouvernement de Philippe Couillard. Ce défi suppose de répondre aux demandes de formation et aux aspirations éducatives formulées par les adultes : deux réalités de l’éducation des adultes qui sont peu présentes de cette stratégie.
La situation actuelle commande d’identifier les enjeux de formation actuels et futurs liés aux transformations du marché du travail, d’une part, et, d’autre part, de répondre à ces enjeux de manière à s’assurer qu’un nombre croissant de personnes puissent obtenir un emploi ou se maintenir en poste sur le marché du travail.
Cependant, le discours utilisé par le gouvernement du Québec est essentiellement économique. On y souligne l’importance de « saisir les occasions que présente le plein emploi »; situation qui entraîne pénurie et rareté de la main-d’œuvre. On y précise que « la croissance économique reposera désormais à parts égales sur la hausse du taux d’emploi de la population et sur la hausse de la productivité. » On insiste finalement sur les leviers permettant au Québec de stimuler le niveau de vie de ses citoyennes et citoyens, soit l’augmentation du « nombre de personnes qui occupent un emploi (taux d’emploi) » et l’augmentation de la « richesse que génère chaque heure travaillée (productivité) ». (La Stratégie, pages 13 et 14)
Compte tenu de l’orientation économique qui lui est donnée, il est légitime de se demander si la Stratégie proposée ne limitera pas les enjeux de formation du Québec de demain aux seuls besoins du marché du travail et des employeurs.
Répondre aux besoins des personnes
Afin de faire face à la situation de plein emploi appréhendée, de même qu’à tous les changements qu’elle suppose, il apparaît essentiel de tenir compte des besoins de toutes les personnes concernées : tant des travailleuses et des travailleurs que des employeurs. Les mesures proposées par la Stratégie engagent beaucoup d’efforts pour soutenir l’intégration et le maintien en emploi d’un grand nombre de personnes. À ce titre, il importe de souligner l’attention que la Stratégie porte aux personnes immigrantes, aux Autochtones et aux personnes en situation de handicap.
Cependant, très peu de mesures semblent véritablement destinées à favoriser l’expression des aspirations éducatives des travailleuses et des travailleurs.
La question des responsabilités éducatives
Cette stratégie soulève par ailleurs un questionnement en lien avec les responsabilités éducatives de l’État québécois. Il apparaît légitime de voir ces responsabilités assumées en priorité par le ministère de l’Éducation. Cependant, tout comme le soulignaient les derniers budgets du gouvernement du Québec, la présente Stratégie confirme le transfert d’une grande part de ces responsabilités vers d’autres ministères (Emploi, Travail et Finances).
En conclusion
La Stratégie nationale sur la main-d’œuvre du gouvernement propose la réalisation de 47 mesures regroupées sous quatre grandes orientations. L'ICÉA proposera dans les semaines à venir une analyse plus détaillée de ces mesures. Il apparaît en effet important de lier ces mesures et les orientations qui les regroupent aux défis qui attendent le Québec en matière d’éducation des adultes.
Les quatre grandes orientations de la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre
1. Connaître et diffuser les besoins actuels et futurs du marché du travail.
- Produire une information juste sur le marché du travail.
- Diffuser efficacement l’Information sur le marché du travail et sur l’offre de formation.
- Mettre en œuvre des projets innovants.
2. Disposer de suffisamment de travailleuses et de travailleurs.
- Améliorer l’intégration en emploi des personnes immigrantes.
- Favoriser l’intégration en emploi du plus grand nombre de travailleuses et travailleurs possible.
- Soutenir et accompagner les employeurs dans leur adaptation aux transformations du marché du travail.
- Soutenir la formation dans des domaines stratégiques.
- Faciliter la mobilité géographique de la main-d’œuvre.
3. Améliorer la flexibilité et l’agilité dans le développement des compétences.
- Mieux adapter l’offre de formation aux besoins des milieux de travail et des régions.
- Mieux préparer à l’intégration, au maintien et à l’avancement sur le marché du travail.
- Accroître la productivité sur le marché du travail par la formation continue.
4. Adapter les milieux de travail aux nouveaux modes d’organisation du travail.
- Promouvoir la qualité de vie au travail.
- Adapter les milieux de travail.
Cliquez ici pour accéder à la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre.