Corriger des iniquités en matière de soutien à la francisation
Le rapport présenté à l’automne 2017 par la vérificatrice générale du Québec faisait état de « sérieux doutes quant à l’efficacité des programmes de francisation du ministère » (Québec, 2017a : p. 9). Ce rapport dénonçait notamment « des lacunes soulevées dans le processus de francisation » qui faisait en sorte que le ministère n’avait « pas l’assurance que les immigrants développent entièrement leur potentiel et qu’ils participent pleinement à l’essor du Québec » (Québec, 2017b : p. 9).
Le fait est que les personnes immigrantes qui participaient à une démarche de francisation n’avaient pas accès aux mêmes ressources permettant de soutenir leurs efforts. Les annonces faites le vendredi 5 juillet dernier par le ministre de de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion viennent corriger ces iniquités.
Mieux soutenir les personnes immigrantes
Les mesures annoncées par le ministre permettront de hausser l’allocation offerte aux personnes immigrantes engagées dans un processus de francisation à temps plein (de 141 $ à 185 $ par semaine). Il sera dorénavant possible aux personnes immigrantes qui sont au Québec depuis plus de cinq ans de prendre des cours de francisation; ce qui n’était pas le cas jusqu’à ce jour. Aussi, les travailleuses et travailleurs temporaires qui suivent des cours de français à temps partiel se verront offrir une allocation quotidienne de 15 $.
Cette annonce porte à 170 M $ les dépenses en matière francisation du gouvernement du Québec pour l’année à venir. Rappelons que le budget de mars dernier prévoyait « une somme récurrente de 146 millions $ sur cinq ans (un total de 730 millions $ en 2023-2024) afin de mettre en œuvre un nouveau parcours d’immigration pour intégration réussie » (ICÉA, 2019).
Aider les femmes immigrantes
En favorisant l’accès à des cours de français pour les personnes immigrantes qui sont arrivées au Québec depuis plus de cinq ans, le ministère corrige une iniquité qui affectait surtout des femmes immigrantes. En effet, plusieurs femmes immigrantes font le choix à leur arrivée au Québec de demeurer à la maison afin de s’occuper de leurs enfants. Ce faisant, elles en venaient à perdre leur droit à des cours de français, ce qui limitait d’autant leurs chances d’apprendre la langue officielle du Québec, de bien s’intégrer à la société d’accueil et de pouvoir un jour travailler en français.
Le soutien aux travailleuses et aux travailleurs temporaires
Chaque année, des milliers de travailleuses et de travailleurs temporaires viennent au Québec afin de combler des besoins du marché du travail. Ces personnes avaient accès à des cours de français à temps partiel, mais un grand nombre d’entre elles abandonnaient leur démarche faute de soutien. L’allocation qui leur est désormais offerte sera un incitatif à s’engager dans un processus de francisation et à le poursuivre.
En conclusion
Globalement, les annonces faites le gouvernement Legault favorisent l’accès à la francisation pour un plus grand nombre de personnes immigrantes. Ces bonifications permettent également de croire à une plus grande efficacité des mesures de francisation mises en œuvre par le gouvernement. La réalisation des objectifs liés à ces annonces réclame cependant l’embauche de 80 personnes, essentiellement du personnel professionnel en enseignements du français. Il est à espérer que le ministère comblera ses besoins de main-d’œuvre rapidement afin d’atteindre les objectifs visés dans l’année qui vient.