Le partenariat avec le Conseil scolaire des Premières Nations en éducation des adultes (CSPNÉA) franchit nouvelle étape : l’équipe de recherche entame la phase de création et d’expérimentation d’un nouvel outil de valorisation et de reconnaissance des compétences conçu pour et par les Premières Nations.

Access the English version of the article dated October 6, 2025.

Les travaux menés dans le cadre du projet « Améliorer les compétences pour réussir grâce aux réalités et aux valeurs culturelles des communautés des Premières Nations » ont franchi une nouvelle étape en septembre 2025 : l’équipe de recherche est maintenant engagée dans la phase de création et d’expérimentation d’un nouvel outil de valorisation et de reconnaissance des compétences conçu pour et par les communautés des Premières Nations.

Rappelons que ce projet de recherche-action soutenu par Emploi et développement social Canada est le fruit d’un partenariat entre le Conseil scolaire des Premières Nations en éducation des adultes (CSPNÉA) et l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA). Rappelons également que les opérations de recherche menées dans les communautés des Premières Nations participantes à ce projet ont été réalisées par des personnes membres de ces communautés.

Une collecte de données réussie

Au cours des derniers mois, les travaux réalisés par notre équipe de recherche ont permis de mener des collectes de données dans les communautés de Opitciwan (Atikamekw), de Gesgapegiag (Mi’gmaq), de Kanehsatà:ke (Mohawk), de Pessamit (Innue) et Unamen Shipu (Innue), de même qu’au sein du Centre Mamik, situé à Roberval.

Ces données ont été récoltées à la suite de l’animation d’ateliers Nos compétences fortes (NCF). Au total, 40 personnes ont participé aux ateliers NCF animés entre mars et septembre 2024. L’outil Nos compétences fortes permet aux adultes de valoriser et de reconnaître leurs compétences génériques fortes. Son utilisation a permis de fournir un cadre de réflexion positif aux membres des communautés des Premières Nations participantes au projet de recherche.

Lors des périodes de collectes de données, les 40 personnes participantes ont été encouragées à jouer un rôle de co-chercheuses. Ces personnes devaient réfléchir à l’expérience qu’elles venaient de vivre et s’appuyer sur le déroulement des ateliers NCF pour aider les membres de l’équipe de recherche à définir les paramètres d’un nouvel outil.

Durant les discussions de groupe initiées par l’équipe de recherche, ces personnes devaient : 1) identifier les éléments de la démarche NCF dont il fallait s’inspirer pour créer un nouvel outil; et 2) déterminer les adaptations à apporter à ces éléments afin qu’ils reflètent au mieux les réalités spécifiques, les valeurs et les traditions des Premières Nations.

Créer un nouvel outil et l’expérimenter

Les prochaines étapes pour l’équipe de recherche sont de créer un nouvel outil – dont les mécanismes et les articulations refléteront au mieux les réalités spécifiques, les valeurs et les traditions des Premières Nations – et d’expérimenter cet outil auprès des communautés des Premières Nations qui ont inspiré sa création.

L’équipe s’affaire déjà à analyser les données récoltées au cours des derniers mois dans le but de définir une démarche de reconnaissance qui s’accorde avec les réalités des Premières Nations participantes. Les données analysées à ce jour témoignent de l’importance que les membres des Premières Nations accordent à la reconnaissance de leurs forces intérieures.

Dans l’immédiat, ces données permettent de croire que ces forces peuvent être comprises comme des « compétences » facilement transférables et utiles pour la vie quotidienne. Cela dit, elles révèlent également les différences qui existent entre les conceptions autochtone et allochtone des compétences jugées utiles pour la vie.

Redéfinir les notions de compétence et de reconnaissance

Deux grands objectifs sont désormais à atteindre : d’une part, créer un outil qui répond à la vision que les membres des Premières Nations ont de la reconnaissance; d’autre part, définir ce que les membres des Premières Nations nomment « une compétence ».

L’atteinte de ces objectifs devra par ailleurs s’accompagner d’une réflexion centrée sur la vision que les membres des Premières Nations ont de la valorisation de leurs forces intérieures; sachant ici que ces forces, qui appartiennent à la personne, sont souvent mises en œuvre pour le bien de la communauté.

À terme, ces travaux devraient permettre à l’équipe de recherche de développer une compréhension équilibrée et plus complète de ce que les membres des Premières Nations appellent « une compétence ». Utilisée dans le cadre d’une démarche qui s’inspire de l’approche à double perspective (two-eyed seeing ou Etuaptmumk en langue mi’kmaq) initiée par les Aînés mi’kmaq Albert et Murdena Marshall, cette compréhension renouvelée favoriserait l’établissement de parallèles entre les visions de la compétence des allochtones et des Premières Nations.

Le travail à venir

Dans les semaines à venir, l’équipe de recherche travaillera à la création d’un nouvel outil de valorisation et de reconnaissance. Les collectes de données réalisées depuis le printemps ont déjà permis de constituer l’ossature de cet outil. Désormais, il faut faire en sorte que cet assemblage d’activités prenne la forme d’un tout cohérent et fonctionnel, qui s’accorde avec les réalités spécifiques, les valeurs et les traditions des Premières Nations participantes.

Identifier les compétences jugées utiles pour les Premières Nations est une autre tâche que l’équipe de recherche doit mener à bien au cours des prochaines semaines. Plusieurs personnes membres des communautés participantes ont été interrogées à ce sujet.

Les personnes consultées ont été sélectionnées pour la valeur de leur cautionnement scientifique, professionnel ou expérientiel en lien avec les objectifs de notre projet de recherche. Elles ont également été consultées pour la valeur de leur jugement concernant les aspirations et les priorités de leur communauté (cautionnement social, politique, culturel ou traditionnel). Ces personnes provenaient de secteurs d’intervention comme l’éducation, l’employabilité, la santé et les services sociaux, l’économie ou la politique et la gouvernance. Ces membres des Premières Nations étaient des enseignant·e·s, des intervenant·e·s, des acteurs·trices communautaires, sociaux et économiques, des élu·e·s locaux ainsi que des personnes reconnues comme gardiennes ou dépositaires de savoirs et de connaissances utiles à la vie des Premières Nations (aînés, sages, leaders spirituels, etc.).

À terme, l’équipe de recherche disposera d’un vaste ensemble de données dont l’analyse et la compilation permettront de constituer un cadre de référence qui présentera des compétences utiles pour la vie des Premières Nations.

Lorsque ce nouvel outil et ce cadre de référence adaptés aux réalités des Premières Nations seront terminés, l’équipe de recherche pourra procéder à leur expérimentation auprès des membres de toutes les communautés déjà engagées dans le projet de recherche.

Pièces jointes

fnaesc-icea-action-research-project_web-article_october2025.pdf

Mots-clés