Le mercredi 19 novembre 2025 s’est tenu le lancement virtuel du nouveau numéro de la revue Apprendre + Agir, intitulé « Apprendre et se transformer : pratiques et perspectives internationales sur l’éducation en prison ». Ce numéro spécial, fruit d’une collaboration entre l’ICÉA et la Chaire UNESCO de recherche appliquée pour l’éducation en prison, rassemble neuf articles mettant en lumière des initiatives, des études et des réflexions sur l’éducation des personnes vivant ou ayant vécu une incarcération, ainsi que des personnes en situation de préjudiciarisation. 

Bien que le numéro soit en ligne depuis la mi-octobre, l’organisation d’un espace d’échange semblait nécessaire afin de donner la parole aux autrices et auteurs, et d’ouvrir une discussion plus large sur les enjeux abordés dans leurs articles. Huit d’entre eux et elles ont présenté brièvement leur contribution et expliqué pourquoi leur article méritait d’être lu. La rencontre s’est poursuivie par un échange autour d’une question centrale : « Pour vous, qu’est-ce que l’éducation en prison ? », la prison étant entendue au sens large, c’est-à-dire pensée comme un continuum allant de l’avant jusqu’à l’aprèsincarcération. 

Les réponses ont convergé vers trois idées fortes : 

 

L’importance de l’apprentissage non formel et informel, mieux adapté aux besoins des personnes vivant ou ayant vécu en milieu carcéral en raison du manque de flexibilité de l’éducation formelle. 

  • Lucie Alidières a notamment souligné les obstacles à l’apprentissage numérique en prison et a présenté dans son article un projet de littératie numérique en milieu carcéral. 
  • Sivaswaroop Pathaneni a fait le même constat et insisté sur la nécessité d’offrir aux personnes incarcérées les mêmes activités éducatives que celles offertes aux autres apprenant·es. Ainsi, son article met en lumière le rôle de l’Indira Gandhi National Open University (IGNOU) en Inde et les initiatives déployées à Nagpur pour encourager les personnes incarcérées à entreprendre des études (concours, débats, etc.). 

Le non-formel et l’informel comme passerelles vers l’éducation formelle, suscitant la curiosité, la confiance et l’envie d’apprendre. 

  • Richard Mayrand a illustré ce phénomène à partir de son expérience auprès de jeunes en situation de préjudiciarisation au Québec. Son article décrit une intervention originale basée sur le film The Truman Show et l’allégorie de la caverne de Platon qui a transformé ces jeunes. 

La nature bidirectionnelle et transformatrice des échanges entre personnes incarcérées et acteur·rices extérieur·es (professeur·es, bibliothécaires, étudiant·es, etc.), et la nécessité de reconnaître que ces échanges sont mutuellement enrichissants. 

  • Marie Michèle Grenon et Anne-Céline Genevois en ont témoigné et le mentionnent dans leur article, qui présente un projet d’art collectif mené avec des artistes et des femmes ayant vécu une incarcération au Québec. 
  • Lena Sarrut et Nicole El Massioui ont aussi remarqué ce phénomène dans les bibliothèques carcérales françaises et lors d’initiatives menées en collaboration avec des acteur·rices externes, comme elles le décrivent dans leur article. 
  • Paul Draus, quant à lui, est allé dans le même sens en s’appuyant sur l’approche Inside-Out[1] pour montrer comment le dialogue entre personnes vivant ou ayant vécu une incarcération et d’autres publics génère un véritable apprentissage réciproque — un point central de son article. 

 

Ce lancement virtuel a ainsi mis en lumière la diversité des initiatives éducatives en contexte carcéral et le potentiel profondément transformateur de l’éducation, tant pour les personnes détenues que pour celles et ceux qui s’engagent à leurs côtés. Il a également révélé une convergence de perspectives sur ce qu’apprendre en prison peut signifier aujourd’hui. 

Nous vous invitons à découvrir l’ensemble des réflexions, études et initiatives présentées dans ce numéro spécial de la revue Apprendre + Agir, « Apprendre et se transformer : pratiques et perspectives internationales sur l’éducation en prison. » 

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[1] L’approche Inside-Out facilite le dialogue et l’éducation qui impliquent à la fois des étudiant·es externes et des étudiant·es détenu·es.

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