Depuis de nombreuses années, les différents enjeux qui touchent les écoles primaires et secondaires sont omniprésents dans le discours public en éducation. Pourtant, l’éducation va bien au-delà des jeunes et ne concerne pas seulement les écoles ou l’éducation formelle.

Après avoir passé quelques années au secondaire, sait-on tout ce qu’il y a à savoir, n’y a-t-il plus rien à apprendre? Évidemment non. Tous les jours, tout au long de notre vie, partout, nous apprenons, en écoutant la radio, en travaillant, en feuilletant un magazine, en discutant avec d’autres personnes, etc. De façon moins informelle, des milliers d’adultes chaque jour font la démarche d’aller apprendre, en suivant un cours dans un cégep ou une université, en participant à une formation au travail, à un atelier dans un organisme communautaire ou dans une bibliothèque. Que ce soit de façon individuelle ou en groupe, gratuite ou payante, en présence ou à distance, pour poursuivre ses études ou développer de nouvelles connaissances et compétences, on peut apprendre à tout âge et dans différents contextes.

Tout au long de notre vie, nous avons besoin d’apprendre et nous acquérons des compétences, pour trouver un travail ou pour le garder, pour comprendre comment rester en santé ou être proche-aidant·e, pour gérer notre budget, pour être parent, pour participer à la vie citoyenne ou encore pour utiliser les technologies numériques.

Le système éducatif, au sens large, est là pour répondre à ces besoins aussi. Il y a les acteurs du réseau public, comme les centres d’éducation des adultes (CEA), les centres de formation professionnelle (CFP), les services de formation continue des centres de services scolaires, des cégeps et des universités, les bibliothèques publiques, ainsi que la foule d’acteurs de la société civile comme les entreprises d’économie sociale (insertion, francisation, etc.), les organismes communautaires (éducation populaire, alphabétisation populaire, etc.) et les entreprises privées. En dehors du système éducatif, il y a également de nombreuses organisations qui font de l’éducation financière, de l’éducation juridique ou encore de l’éducation relative à l’environnement.

Or, actuellement, au Québec, l’apprentissage tout au long de la vie ne dispose d’aucune orientation politique claire et structurante. La Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue a eu 20 ans en 2022. Cette politique ainsi que le plan d’action (2002-2007) qui l’accompagnait n’ont jamais été mis à jour. Le projet de loi no 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique et édictant la Loi sur l’Institut national d’excellence en éducation, montre lui aussi que l’éducation des adultes n’est pas une priorité pour le gouvernement. Même lorsqu’il y est question du secondaire, le projet de loi ne fait aucune mention explicite de la formation générale des adultes (FGA) ni de la formation professionnelle (FP).

Les mesures gouvernementales qui touchent l’éducation des adultes sont sectorielles, centrées sur la réponse à court terme à la pénurie de main-d’œuvre ainsi que sur la francisation. Ces besoins existent, ils combinent ceux de l’État et des besoins individuels. Mais les besoins éducatifs des adultes et leur désir d’apprendre sont bien plus diversifiés et sont en constante évolution.

Répondre à ces besoins, même s’ils sont variés, a un impact social à long terme. Cela crée une société plus alphabétisée, mieux informée, en meilleure santé, plus égalitaire, plus sûre.

Cette vision large de l’éducation doit faire partie des politiques publiques, car elle construit notre bien commun. Si l’État ne gère pas suffisamment l’éducation tout au long de la vie, d’autres acteurs le feront. La privatisation de l’éducation des adultes est en cours, mais peu documentée. On l’observe à tous les niveaux et dans tous les secteurs, notamment dans l’offre de formations en ligne. C’est l’effet logique du système de l’offre et de la demande.

Quel est le rôle de l’État en éducation des adultes? Ne doit-il pas garantir l’égalité d’accès et l’égalité des chances en éducation? Est-il possible de favoriser plus de collaborations entre les personnes et les organisations impliquées dans l’éducation des adultes, peu importe le secteur ou le lieu? Comment faire en sorte que l’importance de l’éducation des adultes soit plus reconnue et qu’elle devienne une priorité gouvernementale? Y a-t-il une façon de penser l’éducation des adultes comme un bien commun?

C’est à ces questions, et bien d’autres, que le forum Construire l’avenir propose de réfléchir. Pendant deux jours, les 7 et 8 juin à la Grande Bibliothèque de Montréal ainsi qu’à distance, les participantes et les participants s’intéresseront à ce qui est nécessaire pour favoriser le bien commun en éducation des adultes et le réaliser, et vise la mise en place de chantiers pour préserver et renforcer le bien commun en éducation des adultes.

Cet évènement se présente en complémentarité de l’initiative Parlons éducation. Cette initiative citoyenne valorise actuellement la réflexion, l’échange et le débat collectif au sujet de l’école québécoise. Elle encourage les citoyens et les citoyennes à se prononcer sur de grands enjeux qui affectent l’école et encourage la recherche de solutions à long terme, aux effets profitables pour l’ensemble de la société.

Il est temps d’agir en éducation des adultes. La responsabilité de l’État ne se limite pas à faire obtenir un premier diplôme ou une première qualification au plus grand nombre le plus vite possible. Elle implique aussi de concrétiser le droit des personnes à l’apprentissage tout au long de la vie.

Ont signé cette lettre

1. Pierre Doray, président du conseil d’administration de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA)

2. Daniel Baril, directeur général de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA)

3. Émilie Tremblay, chercheuse, Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA)

4. Isabelle Coutant, Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF)

5. Biba Fakhoury, vice-doyenne à l’innovation, aux communications et à la formation continue, Faculté de l’éducation permanente, Université de Montréal

6. Monique Chartrand, directrice générale, Communautique

7. Jean-Luc Bédard, professeur agrégé au département d’éducation, Université TÉLUQ

8. Isabelle-Line Hurtubise, Centre des syndicats du Québec (CSQ)

9. Yves Otis, consultant Technopédagogie – Données – Communs

10. Marie D. Martel, professeure à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI), Université de Montréal

11. Patricia M Gagné, Alliance des milieux adaptés de scolarisation du Québec (AMASQ)

12. Andréanne Gendron-Landry, conseillère pédagogique, Cégep du Vieux Montréal

13. Line Camerlain, première vice-présidente, Centre des syndicats du Québec (CSQ)

14. Brigitte Bilodeau, vice-présidente FSE-CSQ

15. Mélanie Bellemare, conseillère FSE-CSQ

16. Judith Giguère, Codirectrice – Formation de base pour le développement de la main-d’oeuvre (FBDM)

17. Manon Dugas, Codirectrice – Formation de base pour le développement de la main-d’oeuvre (FBDM)

18. Mathieu Leblond, Université de Montréal

19. Nicolas P. Arsenault, président-directeur général de ChallengeU

20. Jean-Pierre Mercier, Département d’éducation et de formation spécialisées, UQAM

21. Béatrice Pudelko, Professeure, Département Éducation, Université TÉLUQ

22. Ariane Boyer-Roy, co-coordonnatrice, Coalition des organismes communautaires autonomes de formation (COCAF)

23. Marilou Lépine-Gougeon, co-coordonnatrice, Coalition des organismes communautaires autonomes de formation (COCAF)

24. Benoît Allard, co-coordonnateur, Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec

25. Alix Marchaut, Le Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF)

26. Caroline Masse, Collectif d’animation urbaine L’Autre Montréal

27. Nathalie Ebnoether, chargée de cours, UQAM et tutrice, TELUQ

28. Patrick Plante, Professeur, Département Éducation, Université TÉLUQ

29. Marie-Claude Séguin, Gestionnaire de projets, Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal

30. Jean-Pierre Pelletier, Université TÉLUQ

31. Charles Fillion, Centre St-Pierre

32. Brigitte Voyer, Professeure, Département d’éducation et formation spécialisées, Université du Québec à Montréal (UQAM)

33. Claudie Solar, professeure en éducation des adultes, Université de Montréal

34. Martin Hébert, président, Association québécoise des intervenantes et intervenants en formation générale des adultes (AQIFGA)

35. Claudine Trahan, directrice centre universitaire de formation continue, Université de Sherbrooke

36. Chantal Hains, CRHA, présidente services Conseils développement DO et compétences, collaboratrice avec la firme Levasseur Warren, coaching

37. Élise Tousignant, gestionnaire de projets en éducation et administratrice de Compagnons de Montréal

38. Caroline Brassard, Professeure, Université TÉLUQ

39. Marjorie Vidal, chercheure indépendante (EFE) et enseignante français FGA

40. Audrey Dahl, professeure à l’Université du Québec à Montréal

41. Monique St-Amand, chargée d’encadrement, Université TELUQ

42. Caroline Meunier, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec

43. Martine Fillion, présidente du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec

44. Michèle Stanton-Jean, chercheure invitée au Centre de recherche en droit public, Université de Montréal et ex-présidente de la Commission d’étude sur la formation professionnelle et la formation socio-culturelle des adultes (Commission Jean) (1980-1982)

45. William-Jacomo Beauchemin, coordonnateur général, Exeko

46. Taïna Rioux-Maltais, Directrice générale, La Clé

47. Valéry Psyché, Professeure, Université TÉLUQ

48. Rose-Élaine Julien-Gilbert, formatrice, Corporation Concept Alpha de Rouyn-Noranda

49. Julien Lambrey de Souza, directeur de la formation continue et de la formation hors campus de l’UQAR et vice-président de l’ACDEAULF

50. Julie Tittley, directrice générale, Centre Alpha Papineau

51. Janie Bouladier, formatrice et intervenante, Centre Alpha Papineau

52. Josée Lecompte, stagiaire, Centre Alpha Papineau

53. Pascal Berthiaume, apprenant, Centre Alpha Papineau

54. Vanessa Bertrand, apprenante, Centre Alpha Papineau

55. Simon Cadieux, apprenant, Centre Alpha Papineau

56. Sophie Caron, apprenante, Centre Alpha Papineau

57. Melissa Carrière, apprenante, Centre Alpha Papineau

58. Madison-Blue Clément, apprenante, Centre Alpha Papineau

59. Marie-Pierre Fortin, apprenante, Centre Alpha Papineau

60. Josée Gagnon, apprenante, Centre Alpha Papineau

61. William Gratton-Patry, apprenant, Centre Alpha Papineau

62. Serge Guay, apprenant, Centre Alpha Papineau

63. Maomy Pelletier-Ash, apprenante, Centre Alpha Papineau

64. Rainey Pelletier, apprenant, Centre Alpha Papineau

65. Anne-Marie Boivin, conseillère pédagogique, Centre des Cimes

66. Julie Léonard, enseignante de français, Centre des Cimes

67. Jutras, Chantal, conseillère en formation scolaire, Centre des Cimes

68. Mélanie Savoie, enseignante FGA, Centre des Cimes

69. Marcelle Paquette, agente de service social, Centre des Cimes

70. Olivia Sabourin, formatrice-gestionnaire, Centre d’animation de formation et d’accompagnement

71. Sylvain Parent enseignant FGA, Centre des Cimes

72. Nathalie Veretta enseignante FGA Centre des Cimes CSS Laurentides

73. Simon Léonard, enseignant, FGA, Centre des Cimes, CSS des Laurentides

74. Brigitte Lieutenant, conseillère en formation scolaire, CSS Laurentides

75. Lucia Medeiros, enseignante, FGA, Centre des Cimes, CSS des Laurentides

76. Marie-Chantal Bergeron, Agente de service social, CFG des Cimes, CSS Laurentides

77. Mylène Arvisais, conseillère en formation scolaire, CSS Laurentides

78. Marie-Eve Desjardins, enseignante FGA, Centre des Cimes, CSS des Laurentides

79. Eric Sinotte, conseiller en formation scolaire, CFP des Laurentides, CSS des Laurentides

Si vous souhaitez signer cette lettre, écrivez-vous à forum2023@icea.qc.ca

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