Un avis pertinent
Dans un document rendu public le 20 janvier dernier, le Comité consultatif sur l’accessibilité financière dresse un portrait des mécanismes d’aide financière aux études dédiés aux adultes apprenants et avise le gouvernement relativement à des changements à mettre en œuvre. L’avis du Conseil rappelle que les adultes apprenants ont à leur disposition plusieurs sources de soutien financier : l’Aide financière aux études, la Mesure de formation de la main-d’œuvre, le Régime d’épargne études, des mesures fiscales, des bourses privées, des prêts bancaires, etc.
De manière générale, l’avis du Comité invite le gouvernement à lever les obstacles financiers auxquels font face des populations ayant des besoins importants d’éducation et d’apprentissage :
- les personnes en situation d’exclusion qui cherchent à sortir de leur isolement (par une démarche d’alphabétisation ou autre);
- les personnes sans diplôme qui souhaitent compléter leur formation de base ou obtenir une première qualification;
- les personnes en réorientation professionnelle à la suite d’une perte d’emploi (sachant que certaines devront surmonter des obstacles de taille : faible scolarisation, âge, etc.);
- les personnes en emploi qui veulent améliorer leur situation professionnelle;
- les personnes handicapées, immigrantes ou autochtones, dont la situation particulière accentue l’effet des obstacles à la réalisation de projets d’études ou de formation.
L'ICÉA estime que cet avis est des plus pertinents et qu’il arrive à point nommé dans le contexte actuel de politiques budgétaires restrictives. En effet, cet avis remet à l’ordre du jour gouvernemental la question du soutien financier qu’il faut accorder aux adultes apprenants qui en ont le plus besoin. Qui plus est, les orientations proposées par le Comité appellent à des décisions que le gouvernement tarde à prendre, notamment en ce qui concerne la mise à jour de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue et l’adaptation du programme d’Aide financière aux adultes à la situation et à la condition des adultes.
Une Politique gouvernementale qui témoigne d’une vision structurée, globale et cohérente des actions de l’État
Si l’adoption de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue, en 2002, a constitué un moment fort dans la reconnaissance de l’éducation des adultes, on assiste aujourd’hui au lent déclin de la rhétorique favorable à l’éducation des adultes observée au début des années 2000.
En effet, le plan d’action de cette politique est échu depuis 2007, ce qui atténue son influence sur l’ensemble des autres politiques de l’État québécois. Qui plus est, la période actuelle de changements est marquée par des décisions gouvernementales qui contribuent à marginaliser l’éducation des adultes. Ces décisions, notamment en ce qui concerne le financement public accordé à l’éducation des adultes, ont de tristes conséquences : elles risquent d’affaiblir la capacité du Québec de faire face aux défis d’apprentissage d’une société du savoir.
Dans cette perspective, il est de plus en plus urgent de contrer l’affaiblissement de l’infrastructure québécoise en éducation des adultes et de réaffirmer le rôle central joué par la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue à l’égard des autres politiques de l’État.
C’est ainsi que, à l’instar du Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, l'ICÉA réclame l’actualisation de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue et la mise en œuvre d’un plan d’action qui témoigne d’une vision systémique du soutien financier accordé aux adultes apprenants et, plus largement, qui détermine l’importance que les politiques publiques doivent accorder à l’éducation et à la formation des adultes dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie.
Une révision des mécanismes d’admissibilité à l’aide financière aux études
De même, l'ICÉA appuie la recommandation du Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études à l’effet de revoir les mécanismes d’admissibilité à l’aide financière aux études. Cette révision est rendue nécessaire, notamment en raison de la diversification des parcours de formation qui s’est produite au cours des dernières années.
L’avis du Comité souligne en effet le caractère de plus en plus atypique des parcours de formation des adultes. De nos jours, il n’est pas rare de voir un adulte reprendre ou réorienter ses études, ni même de le voir passer d’un ordre d’enseignement à un autre. Cette nouvelle perspective souligne l’importance de faire en sorte que cet adulte puisse bénéficier d’un plus grand accès au Programme de prêts et bourses, surtout si cet adulte souhaite étudier à temps plein.
Au sujet des barrières limitant l’accès à l’aide financière aux études, le Comité cite l’exemple d’une personne faiblement rémunéré : les modalités actuelles du Programme de prêts et bourses se traduisent notamment par « un calcul irréaliste de la contribution » attendue de cette personne. Il est en effet difficile d’imaginer qu’un adulte dont les revenus d’emploi avant son retour aux études s’élèveraient à quelque 12 000 $ puisse économiser 10 % de cette somme comme le réclame l’Aide financière aux études.
Se servir de l’aide financière aux études pour favoriser la mobilité en emploi
En introduction de cet avis, le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études souligne la nécessité de combler les milliers d’emploi qui seront disponibles à la suite de départs à la retraite attendus au cours des prochaines années. Le Comité précise à cet effet que la demande sera forte pour des travailleuses et des travailleurs qualifiés, disposant de diplômes d’études collégiales techniques ou universitaires.
Il sera difficile de répondre à cette demande si le Québec ne se dote pas, dès aujourd’hui, des leviers nécessaires pour combler ces postes-clés. La révision des mécanismes d’admissibilité à l’aide financière aux études ainsi que l’actualisation de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue constituent des solutions que le gouvernement du Québec doit mettre en œuvre sans délais. L’État pourra ainsi faciliter le développement des compétences et de l’employabilité des travailleuses et des travailleurs à temps partiel ou des nombreuses personnes qui ont des besoins d’emploi non satisfait. Dans son mémoire à venir sur le Projet de loi no 70, l'ICÉA amorce une réflexion en ce sens et propose même des pistes d’action au gouvernement.
Agir maintenant pour favoriser l’apprentissage tout au long de la vie
En conclusion, l’ICÉA félicite le Comité consultatif sur l’accessibilité financière pour cette contribution pertinente au débat public en éducation des adultes. L’idée d’ajuster l’Aide financière aux études aux adultes apprenants est majeure. En fait, pourquoi ne pas réformer ce programme pour en faire un Programme d’Aide financière à l’apprentissage tout au long de la vie? En outre, le Comité ajoute sa voix aux acteurs comme l’ICÉA qui estiment qu’il est plus que temps de mettre à jour la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue. Le besoin d’une réponse gouvernementale structurée et globale aux enjeux d’apprentissage des adultes de notre époque est de plus en plus nécessaire.