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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Les mouvements sociaux mondiaux et les perspectives Post 2015

La photo représente le Panel sur les perspectives Post-2015 au Séminaire stratégique de l'CIÉA. Dans l'ordre habituel, on retrouve Uwe Gartenschlaeger d'Allemagne, Sergio Haddad du Brésil qui agit à l'animation, Aminata Boly du Burkina Faso, Ronald Cameron du Québec et Shirley Walters d'Afrique du Sud.

Dans le cadre d’une table ronde sur «l’alternative stratégique, les principaux avantages et les défis des discussions entourant le renouvellement des Objectifs du millénaire de développement (OMD)», le directeur général de l’ICÉA était invité par le Conseil international d’éducation des adultes (CIÉA) à faire une intervention à l’occasion du séminaire stratégique que tient le CIÉA sur les perspectives Post 2015, à Marrakech, au Maroc. Nous présentons ici le contenu de son intervention.  Dans un prochain article, nous ferons le point sur ce séminaire après sa clôture.

Intervention de Ronald Cameron, directeur général de l'ICÉA à l'occasion du Séminaire stratégique de CIEA, le 29 octobre 2012, Marrakech, Maroc

J’aimerais remercier le Conseil international d’éducation des adultes (CIÉA) de m’avoir invité à participer à ce séminaire stratégique. Je veux soulever quelques enjeux sur la stratégie du Conseil dans le cadre des discussions sur les perspectives Post 2015. Quelques-uns d’entre eux sont parmi les points qui furent soulevés durant les débats des deux derniers jours. Mon point de départ est la conclusion de la présentation de Mme Barbara Adams d’hier, intitulée « Post 2015 Development Agenda and SDG processes » : Les OMD ne peuvent pas être les seules perspectives. Cette affirmation est déjà un consensus entre nous, mais qu’est-ce que ça peut signifier?

Quels sont les avantages des discussions institutionnelles sur les perspectives Post 2015?Celita Eccher, secrétaire générale du CIÉA

D’un côté, il est vrai que les discussions engagées par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ses composantes sur les perspectives Post 2015 offrent des occasions pour influencer la réflexion sur les objectifs mondiaux du millénaire (OMD) qui se déclineraient maintenant comme des objectifs pour le développement durable (ODD). Une nouvelle définition plus appropriée permettrait d’offrir, aux membres affiliés du Conseil, des leviers pour interpeller les gouvernements des États-nations de leur propre pays. Pour évaluer les améliorations dans la définition des objectifs, on ne peut toutefois pas s’en remettre à la seule évolution d’un concept, mais aux réelles conséquences sur le terrain. Un indicateur en ce sens ne peut être que la mesure des progrès en éducation aux adultes au sein des populations.

Nous savons tous et toutes que le pouvoir est toujours largement décentralisé. En effet, oui, nous pouvons utiliser l’occasion offerte dans le cadre du processus de l’ONU pour ouvrir la définition des objectifs au droit à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie, de manière aussi large que nous le pourrons. Néanmoins, nous devons nous attendre à ce que les résultats ne satisfassent pas nos propres objectifs.

Pourquoi? Nous pouvons condamner le pouvoir financier international. C’est exact, mais c’est aussi parce que le processus onusien est dirigé par des représentants des États-Nations, comme David Cameron, commis à la mondialisation néolibérale. Le problème n’est pas la mondialisation ou l’ONU elle-même; ce sont les intérêts de ceux qui gouvernent le processus!

Quel peut être une stratégie alternative?

Nous devons définir une stratégie alternative à celle proposée par l’ONU. À mon point de vue, ça commande d’agir de manière indépendante et d’y consacrer des ressources. Revenons à Rio+20 un instant. À la fin de la Conférence de l’ONU sur le développement durable, à Rio de Janeiro en juin dernier, il y a eu rupture à propos de l’économie verte, à propos de la marchandisation de la vie et de la nature, avec pour conséquence que tous les mouvements sociaux mondiaux ont rejeté la déclaration finale de l’ONU! Ils ont rejeté «le futur qu’ils veulent». Du même coup, ça nous dit beaucoup sur la capacité des mouvements sociaux mondiaux d’influencer le processus quand les intérêts économiques dirigent le débat. Mme Adams, hier, nous disait que les discussions sur les perspectives Post 2015 portaient sur la «reconfiguration du pouvoir. Si on s’en tient à Rio+20, les mouvements sociaux mondiaux ont un très petit pouvoir!

Quelle est la source du pouvoir du CIÉA comme mouvement social mondial?

Le pouvoir du CIÉA ne se trouve pas dans les institutions internationales.Table ronde - vue globale On le trouve à deux endroits : chez ses affiliés et dans ses alliances!

Les membres affiliés sont les premières sources de pouvoir du CIÉA, parce qu’ils offrent celui des mouvements sociaux de chaque pays qui capte la force du mouvement social et populaire. Par exemple, au Québec, le succès du mouvement étudiant du printemps dernier pourrait bénéficier en faveur du droit à l’éducation et de l’apprentissage tout au long de la vie, même si leur lutte peut être réduite à la question du montant des frais de scolarité pour les jeunes à l’université.

Néanmoins, le débat public portait sur l’accessibilité à l’enseignement supérieur pour toute la population étudiante, alors que 50 % des étudiantes et des étudiants universitaires peuvent être considérés comme des adultes, selon la définition courante. L’ouverture du débat nous a poussés à appeler au renforcement de notre action, par l’unification de nos réseaux dans ce contexte. Même si les résultats sont incertains, nous avons l’obligation d’agir en ce sens.

Un autre exemple est la situation dans le monde arabe. Le CIÉA devrait saisir l’occasion pour accroître la collaboration avec les membres affiliés arabes, par exemple avec l’organisation de la Campagne arabe pour l’éducation pour tous, particulièrement en perspective de la tenue du Forum social mondial en Tunisie! Nous avons à apprendre des leçons du printemps arabe pour agir en faveur du droit à l’apprentissage tout au long de la vie.

Allen Tucket, président du CIÉALe deuxième endroit de pouvoir pour le CIÉA se trouve auprès de nos alliés sur le plan mondial, tant ceux du monde de l’éducation, que ceux qui oeuvrent dans d’autres secteurs. Parce que nous identifions les changements climatiques et la crise économique et financière sur les populations et la planète, nous devons poursuivre un dialogue avec, par exemple, le mouvement des femmes, Greenpeace ou la Confédération syndicale internationale. Il s’agit de mettre de l’avant le droit à l’apprentissage tout au long de la vie, comme un objectif partagé.

Au lieu de s’en tenir aux institutions internationales, le défi le plus prometteur pour le Conseil est celui qui va au-delà de l’analyse de la crise mondiale et qui vise à partager les défis en éducation avec les autres mouvements sociaux mondiaux.

Première photo : panel sur les perspectives Post-2015 au Séminaire stratégique du CIÉA; dans l'ordre habituel, on retrouve Uwe Gartenschlaeger d'Allemagne, Sergio Haddad du Brésil qui agit à l'animation, Aminata Boly du Burkina Faso, Ronald Cameron du Québec et Shirley Walters d'Afrique du Sud. Deuxième photo : Celita Eccher, secrétaire générale du CIÉA. Troisième photo: ensemble des personnes participantes au séminaire. Photo ci-contre: Allen Tucket, président du CIÉA. Photos: ICÉA.