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Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Les perspectives post-2015 pour les mouvements sociaux en éducation des adultes

Revue de l'organisation allemande DVV - Éducation des adultes et développement post 2015Le quatrième séminaire virtuel du Conseil international d'éducation des adultes sur les enjeux des objectifs de développement post-2015 prend fin aujourd'hui. Ouvert le 10 mars dernier, ce séminaire a eu pour thème l'Éducation des Adultes et le développement après-2015, qui est également le thème du numéro spécial annuel multilingue de la revue de l'organisation allemande en éducation des adultes DVV. Les débats lors de ce séminaire sont initiés par des personnes invitées par le Conseil international. Ronald Cameron, directeur général de l'ICÉA, a mené une intervention sur Les perspectives post-2015 pour les mouvements sociaux en éducation des adultes. On trouvera la version française de son internvetion ci-dessous. Toutes les interventions sont disponibles en anglais. Des versions espagnoles et françaises originales sont aussi mises en ligne. On trouvera aussi, à la suite de l'article, les liens entourant les autres contributions de ce séminaire et ainsi qu'avec la publication de l'organisation allemande.

La revue internationale « Éducation des adultes et développement » est un forum ouvert aux andragogues du monde entier. Elle est publiée une fois par an en français, en anglais et en espagnol. On peut accéder au contenu du séminaire et à la publication par les liens ci-dessous.

Les perspectives post-2015 pour les mouvements sociaux en éducation des adultes

par Ronald Cameron, directeur général de l'ICÉA

Le débat sur la définition des objectifs de développement post-2015 entre dans une phase critique. Selon le compte rendu de la réunion du comité exécutif de l’UNESCO du 28 février dernier, le Forum mondial en éducation, prévu à Séoul en mai 2015 constitue le moment d’adoption d’une position commune avant l’adoption finale de l’ensemble des objectifs lors du Sommet des Nations Unies de septembre 2015.

Dans un tel contexte, et indépendamment des derniers rendez-vous qui sont prévus d’ici ce temps, les possibilités de bonification des objectifs deviennent de plus en plus limitées. Il importe, croyons-nous, de ne pas tarder à amorcer un virage, celui de commencer à se préoccuper de la stratégie de lutte dans la période post-2015, celle qui suivra l’adoption des objectifs.

Un bilan mitigé des avancées en éducation des adultes

L’expérience des consultations que nous avons menées auprès des réseaux formels et non formels en éducation des adultes au Québec démontre des préoccupations semblables à celles exprimées un peu partout sur la planète et qui sont résumées par le Second rapport mondial sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (Global Report on Adult Learning and Education  - GRALE) de l’Institut de l’UNESCO pour l’éducation tout au long de la vie.

Mme Bokova, directrice générale de l’UNESCO, mentionne dans ce rapport que le champ de l’éducation des adultes tend à se réduire à la littératie ou à la formation liée à l’emploi sur le plan des politiques et des définitions des orientations des gouvernements de la planète. Elle note le manque de ressources qui fragilise le développement des capacités au niveau local. Ces constats sont en tout point conforme à nombre de points de vue soulevés d’ailleurs, par le numéro spécial « Éducation des Adultes et Développement ».

Au Québec, on constate que la diversité des besoins de formation des populations adultes et de leurs parcours ressort avec force. On constate aussi l’importante diversification des milieux et des lieux de formation, des voies, des modes et des formes d’apprentissage, des systèmes et des ordres d’enseignement, des outils et des organismes intervenants, y compris de ceux en provenance des organismes culturels. Bref, on conclut qu’il est peine perdue de vouloir fixer une perspective stratégique simplifiée.

Souscrire à une vision large en vue de promouvoir le plein exercice de la citoyenneté

La valorisation de l’apprentissage tout au long de la vie exige une vision beaucoup plus large et inclusive que celle qui se dégage des résultats relevés dans le bilan de l’Institut de l’UNESCO. Lire dans « Éducation des adultes et développement », sous la plume de Mme King, représentante de la Banque mondiale, que la priorité de l’intervention d’une telle institution internationale se résume à la petite enfance est très inquiétant.

Toute l‘expérience pratique doit nous éloigner de ces perspectives réductrices ! Les méthodes commandent des approches intersectorielles et des partenariats entre les réseaux et les acteurs sociaux. Ce qui nous anime dans notre engagement en faveur du droit à l’éducation pour toutes et tous, ce n’est pas le niveau d’érudition que peut acquérir un individu, mais une perspective  de développement d’un monde plus juste par un plein exercice de la citoyenneté et des droits de l’ensemble de la population.

Le fondement de notre engagement vise l’émancipation des populations et l’amélioration des conditions de vie personnelles et collectives du plus grand nombre sur la planète. Dans un contexte de stress social grandissant, étant donné les impacts des changements environnementaux, plus que jamais les enjeux de la justice sociale croisent le chemin de l’action en faveur du droit à l’éducation pour toutes et tous.

Se préparer à agir après 2015

Il faut éviter que le mouvement international en éducation des adultes ne se concentre qu’au plan des objectifs de développement post-2015 et réduise sa perspective à la vision des institutions internationales. Si l’horizon de mai 2015 constitue un moment décisif de conclusion des travaux, le mouvement en éducation des adultes doit dès maintenant commencer à définir la perspective de son action au-delà de 2015. Ça exige de définir l’action politique des mouvements sociaux dans les États et sur le terrain.

Quelles que soient les définitions retenues concernant les objectifs de développement, le défi pour le développement d’une culture d’apprentissage pour toutes et tous demeure tributaire des mobilisations post-2015 dans les différentes formations sociales. De ce point de vue, il ne s’agit pas tellement d’intérioriser des cibles définies par l’ONU, mais de situer la stratégie en vue de développer une action qui vise la transformation sociale au sein des États. Il s’agit de développer une perspective pour agir sur les rapports de force internes aux différentes nations.

La collaboration entre les différents acteurs sociaux doit se baser sur le développement de revendications auprès des gouvernements, susceptibles de contribuer à modifier ce rapport de force. Il s’agit de progresser au-delà d’une vision minimaliste des cibles qui ne seront d’ailleurs pas plus faciles à atteindre. Il s’agit bien plus de développer une bataille politique que de se concentrer sur les indicateurs de résultats !

À l’instar de David Archer, la question du financement des politiques demeure une question cruciale qui exprime une volonté politique de reconnaître l’importance de l’apprentissage pour toutes et tous. Nous savons que la répartition de la richesse à travers une fiscalité progressiste est fonction des rapports de forces dans une société. Nous croyons que la conjoncture est mûre pour amorcer un mouvement capable de se positionner plus fortement sur la scène publique et politique sur ce plan dans chacune des formations sociales. La concertation internationale qu’il nous faut porte en fait sur l’établissement d’une volonté commune et partagée d’agir au niveau politique en faveur d’une plus grande justice sociale.