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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Vers CONFINTEA VII – L’ICÉA réunit des organisations canadiennes

Info UNESCO

En juin prochain (2022), l’UNESCO tiendra la VIIe conférence de l’éducation des adultes. Des consultations de différents ordres sont organisées afin de préparer cette conférence. Chaque pays est convié à produire un rapport qui sert de matière première à la rédaction de rapports régionaux (Afrique, Amérique du Sud, Europe et Amérique du Nord, monde arabe et Asie) qui sont discutés au cours de conférence régionale.

Au cours de l’été, l’ICEA a constaté que la conférence régionale Europe-Amérique du Nord aura lieu le 9 septembre, que personne au Canada ne semblait être informé de la tenue de la conférence. L’ICEA a donc pris l’initiative d’inviter un ensemble de représentants de la société civile de partout au Canada, d’organismes gouvernementaux (ministères et conseil canadien des ministres de l’Éducation), des représentants canadiens à l’UNESCO afin de discuter de la situation de l’éducation des adultes au Canada et des observateurs des États-Unis. L’organisation de cette rencontre a été intéressante à deux titres.

 

  1. Les constats dégagés

Les discussions ont permis de dégager un ensemble de constats qui relèvent autant de la situation actuelle que des défis à relever au cours des prochaines années. Les participants ont rappelé la grande diversité des interventions en éducation des adultes au Canada. Cela est d’autant plus important que le format des rapports demandés par l’UNESCO sur l’état de situation de chaque pays tend à cacher la grande diversité des actions et des publics. Cette diversité est jugée comme un atout que les politiques publiques doivent préserver.

Un second constat tient dans la persistance des inégalités. Le contexte actuel conduit à élargir l’éventail des sources d’inégalités. Si les inégalités socio-économiques sont toujours présentes et que les inégalités selon le genre le sont aussi. D’autres situations sont davantage mises de l’avant comme l’effet de l’appartenance ethnoculturelle, qui prend différentes formes au Canada, de vivre avec un handicap, des différents modes de discrimination, etc. Ces inégalités sont particulièrement lourdes dans une société où les connaissances et les compétences sont sous pression. La pandémie a, entre autres, mis en évidence l’importance des inégalités d’accès aux ressources intellectuelles et matérielles avec la croissance de l’éducation numérique. Avoir accès à un réseau informatique de bonne qualité est aussi important que les connaissances et les compétences nécessaires pour assurer le développement social et économique, tant pour les individus que les collectivités.

Le troisième constat souligne la recomposition en cours de l’éducation des adultes, sous deux impulsions qui souvent se combinent. D’une part, un marché privé se développe en parallèle des segments éducatifs plus traditionnels. Ce marché, dont une partie est le fait des grandes entreprises des technologies de l’information et des communications, mise souvent sur des formations courtes spécifiques à des besoins immédiats des personnes. Différentes formes de microaccréditation ou de reconnaissance permettent de rendre publique la participation à ces activités et éventuellement de faire l’objet d’une reconnaissance des acquis. D’autre part, ces entreprises misent beaucoup sur différentes formes d’éducation à distance avec l’usage de la technologie numérique (les edtechs). Ce développement bouscule et transforme le mode de l’éducation et donne lieu à une fracture numérique plus profonde qui accentue, voire crée, des inégalités en éducation des adultes. Dans ce contexte, l’Internet à haut débit pourrait être une condition d’application du droit à l’éducation.

Cette double transformation n’est pas sans conséquence sur les politiques publiques qui doivent favoriser le développement de l’éducation des adultes. Le développement du privé viendra-t-il concurrencer les actions des institutions publiques ? Verra-t-on une nouvelle division du travail entre le privé (formation courte comme réponse immédiate à des besoins précis) et le public (formation créditée et longue conduisant à des diplômes) ? La pression sur les politiques publiques s’exercera sur les orientations éducatives des institutions scolaires, sur les modes de régulation des apprentissages et de l’éducation ainsi que sur l’allocation des ressources.

La rencontre a aussi permis de souligner l’importance de différentes thématiques comme l’alphabétisation, l’apprentissage d’une langue seconde, l’éducation à la santé ou l’éducation en milieu carcéral, même si certaines d’entre elles visent un public numériquement faible. Par contre, il a été souligné un thème qui touche toute la population, soit l’éducation à l’environnement. Le débat politique et l’action des groupes écologiques ont été une source d’apprentissage importante pour l’ensemble de la population. Mais ne faut-il pas envisager d’autres formes éducatives pour créer un environnement plus durable ? La transition écologique ne devrait-elle pas s’appuyer sur des activités éducatives, tant sur le plan social qu’économique. Poser la question c’est y répondre.

 

  1. Qui parle pour le Canada ?

L’organisation et la réalisation de cette conférence ont été des occasions pour l’ICEA d’intensifier nos relations avec plusieurs groupes canadiens ainsi que les représentants canadiens et québécois à l’UNESCO. Sur ce plan, il faut se réjouir du succès de la rencontre qui a permis un échange d’idées important.

Toutefois, nous avons aussi constaté que personne au Canada ne semble formellement mandaté pour parler de l’éducation des adultes. L’éducation est une compétence constitutionnelle provinciale, alors, le fédéral se fait discret. Le conseil des ministres de l’Éducation du Canada a décliné notre invitation à intervenir publiquement, ne serait-ce que pour présenter le rapport canadien déposé à l’UNESCO sur la mise en œuvre au Canada des engagements pris en éducation des adultes. Dans ces conditions, la seule parole canadienne que les personnes présentes à la conférence régionale de septembre ont pu entendre fut celle de la société civile, par l’entremise d’une présentation par l’ICÉA des résultats de l’activité de concertation organisé par l’Institut le 8 septembre. Par un côté, nous ne pouvons pas nous plaindre, pour une fois que la parole de la société civile a eu une plate-forme de premier plan. D’un autre côté, on peut se demander qui prendra la parole officielle pour le Canada en juin prochain.