Les élections du 28 avril 2025 ont reporté au pouvoir le gouvernement libéral sous la conduite du premier ministre Mark Carney. L’annonce de la composition de son nouveau conseil de ministres, le 13 mai dernier, a calmé en partie les inquiétudes qu’avait engendrées la disparition de ministère des Langues officielles du cabinet sortant, notamment chez les associations de francophones en situation minoritaire au Canada.
Bonne nouvelle, avec ce nouveau cabinet, l’honorable Steven Guilbeault s’est vu ajouter le titre de « ministre responsable des Langues officielles » à celui de ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes qu’il détenait déjà. Il reste que le portefeuille du ministre Guilbeault couvre un champ très vaste puisqu’il englobe tout ce qui concerne la nature et sa protection, ainsi qu’une bonne partie de ce qui relevait jusqu’alors du ministère du Patrimoine. On peut se demander quelle place occuperont les langues officielles à travers l’ensemble des responsabilités de ce nouveau ministère?
Par ailleurs, le titre de « ministre responsable » dilue peut-être les obligations du ministre, qui se réduisent essentiellement à l’application de la loi, et non à la mobilisation et la gestion de tout un ministère. Cela dit, le retour du libellé permet au moins d’espérer que le travail en cours pour accompagner la modernisation de la Loi sur les langues officielles, soit la définition des dispositions règlementaires, continuera dans la même direction. Rappelons que la nouvelle loi compte un article qui reconnaît pour la première fois l’apprentissage tout au long de la vie en contexte non formel et informel, une avancée de taille sur le plan de la reconnaissance de tous types de formation[1].
C’est à suivre.
[1] Loi modifiant la Loi sur les langues officielles, édictant la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale et apportant des modifications connexes à d’autres lois (LLO), sanctionnée en juin 2023. L’article en question fait partie de la nouvelle section intitulée « Progression vers l’égalité de statut et d’usage du français et de l’anglais » de la partie VII. Cette section contient divers engagements, dont celui-ci :
« Engagement — apprentissages dans la langue de la minorité.
41 (3) Le gouvernement fédéral s’engage à renforcer les possibilités pour les minorités francophones et anglophones de faire des apprentissages de qualité, en contexte formel, non formel ou informel, dans leur propre langue tout au long de leur vie, notamment depuis la petite enfance jusqu’aux études postsecondaires. » Loi modifiant la Loi sur les langues officielles, édictant la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale et apportant des modifications connexes à d’autres lois (LLO), partie VII « Progression vers l’égalité de statut et d’usage du français et de l’anglais ». [C’est nous qui soulignons]