Démocratiser la reconnaissance des acquis
Comme le souligne Daniel Baril dans l’édition 2016 d’Apprendre + Agir, «les badges numériques démocratisent la reconnaissance des acquis en étendant à l’ensemble des lieux d’apprentissage la possibilité d’émettre une reconnaissance attestée des acquis réalisés.» L’objectif premier des badges numériques est de favoriser la reconnaissance de compétences qui peuvent apparaître difficiles à certifier. Ils contribuent ainsi au partage de la diversité et de la richesse des compétences qu’une personne peut avoir développées dans différentes sphère de sa vie.
Les badges numériques sont relativement nouveaux dans le paysage de l’éducation des adultes, du moins au Québec. Cela dit, ils occupent une place sans cesse grandissante. C’est notamment le cas dans les milieux anglophones canadiens et aux États-Unis, où un grand nombre d’organisations ont émis des badges au cours de la dernière année. Voici quelques rubriques qui vous permettront d’en apprendre plus sur les badges numériques.
Rendre compte de compétences difficiles à certifier
Un système de badges est une façon de rendre compte de savoirs et de compétences de toutes sortes; de rendre visibles et partageables des acquis expérientiels développés dans toutes sortes de contextes d’action ou d’apprentissage. Les badges numériques contribuent ainsi à la reconnaissance et la certification de savoirs et de compétences qui le sont difficilement en raison du fait qu’on dispose de peu d’information sur le lieu, le contexte ou la manière dont elles ont été acquises, de même que sur leur utilité ou leurs conditions d’utilisation.
Un outil ouvert, libre et gratuit
La majorité des plateformes de badges numériques s’inscrivent dans la mouvance du logiciel libre. Un système de badges implique donc l’utilisation d’une structure ouverte de mise en ligne afin que le partage soit facile. Par ailleurs, cette technologie est accessible dans la mesure où il possible d’avoir accès à un ordinateur et à Internet. Une période de formation sera évidemment nécessaire afin de permettre la mise en place des systèmes de badges et de les adapter aux besoins et désirs de toutes et tous. Finalement, la force des badges est qu’ils permettent de reconnaître facilement les progrès des personnes apprenantes de tous âges et de partager ces acquis avec d’autres personnes.
Un outil concret et visible
Le caractère visuel des badges rend également très concret et visible la progression des apprentissages (par exemple, avec la gradation en quartiers ou en bronze-argent-or). Cela peut participer de la motivation et de l’engagement et contribuer à la persévérance. De même, l’aspect granulaire des badges (un même badge peut se diviser en différentes parties qu’il est possible de reconnaître) permet l’ajustement adapté aux parcours de vie individuels.
Autre chose qu’un diplôme ou une attestation
Il importe ici de préciser que les badges numériques ne remplissent pas la même fonction qu’un diplôme ou qu’une attestation. Ils sont directement liés aux objets qu’ils reconnaissent et rendent visibles, c’est en ce sens qu’ils sont dits granulaires. Ils ont également une fonction moins instrumentale (ou déterminée) qu’un diplôme officiel. En ce sens qu’ils permettent l’amélioration de l’estime de soi et le renforcement des milieux et des communautés. Et finalement, les badges ne sont pas une fin en eux-mêmes, ils sont des outils. La poursuite des apprentissages demeure toujours plus importante que l’obtention de badges en tant que tel.
Le triptyque Émetteurs-Récepteurs-Observateurs
La pertinence et l’efficience des badges reposent essentiellement sur la qualité des liens qui unissent trois pôles : le récepteur, l’émetteur et l’observateur. Ces trois différentes parties d’un système de badges sont interdépendantes les unes des autres. Elles sont unies dans une mécanique relationnelle d’interopérabilité. Les trois pôles ont donc un rôle à jouer dans le succès d’un écosystème de badges, qui sera développé pour un milieu donné ou un groupe de personnes bien identifiées.
Pôle émetteur
Les émetteurs sont des organismes, des personnes (des pairs), des employeurs, des institutions, etc. Ces sources mettent en jeu leur réputation en garantissant la valeur du badge émis : elles lui confèrent ainsi toute sa puissance. Par ailleurs, la diversité des sources d’émission est une richesse pour un système de badges. Elle permet de couvrir un large spectre de milieux d’apprentissage et de mettre en lumière les compétences que chaque milieu développe.
Pôle récepteur
Les personnes réceptrices de badges sont celles qui bénéficient du système. Les badges existent pour elles. Ces badges reconnaissent leurs compétences (passées, présentes, et à venir); ils renforcent l’estime personnelle de ces personnes réceptrices. Un badge représente ainsi le progrès, les accomplissements, les apprentissages; il rend visible le lien entre les personnes apprenantes et la source émettrice. Le badge émit devient par ailleurs une reconnaissance de la qualité du travail des groupes émetteurs.
Pôle observateur
Les observateurs sont multiples : communautés, entreprises, groupe d’intérêt, ordre professionnel, institutions scolaires, groupes populaires, personnes apprenantes, etc. Ces observateurs se reconnaissent des compétences et par le fait même la capacité de transformer leur milieu; ils mettent en valeur les compétences d’une ou de plusieurs personnes, notamment afin qu’elles puissent améliorer leur condition. En dernière instance, le pôle observateur a un rôle d’évaluation du système. Il doit intégrer la dynamique de confiance et reconnaître les deux autres parties.
En apprendre plus
Pour en apprendre plus sur les badges numériques, vous pouvez télécharger le document de vulgarisation de l'ICÉA intitulé « Les badges numériques ». Ce document vous permettra d’approfondir plusieurs aspects des badges abordés dans cet article. Vous pouvez également consulter différents sites ou pages Web francophones sur le sujet.
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Les badges numériques, document de vulgarisation | 767.44 Ko |