Dans ce Manuel d’animation, l’utilisation du verbe « travailler » fait référence à l’accomplissement, par une personne, d’actions ou de tâches menant à un résultat.
Il existe un grand nombre de situations dites « de travail ». Certaines appartiennent à la sphère privée, d’autres à la sphère publique. Certaines sont rémunérées et prises en compte dans le produit national brut, d’autres ne le sont pas et ne font pas l’objet de considérations économiques. Cependant, qu’elles soient ou non assorties d’une rémunération, toutes ces situations requièrent des efforts, de la concentration et de la discipline. Qui plus est, elles contribuent pour la plupart au développement des compétences, et certaines favorisent même l’apprentissage.
Voilà pourquoi les ateliers NCF réclament l’adoption d’une vision large du travail. Nous avons hérité d’une organisation sociale du travail qui isole le travail domestique, familial et communautaire du travail professionnel. Les changements qui s’opèrent aujourd’hui, tant dans la sphère privée que dans la sphère publique, créent des ouvertures entre ces deux mondes.
Il faut profiter de ces passerelles. Les pratiques de conciliation emploi-famille tels les garderies en milieu d’emploi, les congés parentaux, l’utilisation de la résidence comme place d’affaires ou de bureau, sont au nombre de ces passerelles. La reconnaissance de compétences génériques offerte par l’outil Nos compétences fortes en est une autre.
En y regardant de plus près, on constate que les personnes sans emploi sont actives dans leur vie personnelle et qu’elles ont autant d’activités que les personnes en emploi. Les expériences et les occasions d’apprendre sont donc tout aussi variées dans la vie communautaire, familiale ou domestique que dans la vie professionnelle. De même, les activités associées aux relations avec la parenté, le voisinage, les amis ou la communauté locale constituent, elles aussi, des occasions d’expérimenter et d’apprendre.
Cependant, nombre de personnes sans emploi ont intégré le discours social sur le travail et accordent moins de valeur au travail non rémunéré qu’au travail rémunéré. De plus, les personnes en emploi qui s’avèrent peu ou pas à l’aise avec l’écrit, voient souvent leur travail dévalorisé parce qu’elles occupent des postes potentiellement menacés par l’introduction de changements technologiques.
Les situations de travail dont il est question ici, sont très variées. Elles adviennent dans tous les milieux de vie d’une personne, qu’elle ait vécue au Québec ou dans une autre région du monde. Ces situations prennent la forme d’expériences, récentes ou anciennes, qui illustrent les quatre principales dimensions du travail valorisées dans Nos compétences fortes.
En effet, il est possible de :
- travailler avec les personnes ;
- travailler avec les choses ;
- travailler avec le corps ;
- travailler avec les idées.
Ces quatre dimensions doivent devenir des points de repère pour vous. Elles sont reliées dans l’action. Même si, selon le contexte (situation de travail rémunéré ou non), certaines sont plus dominantes que d’autres, elles sont suffisamment concrètes pour aider, au fil des ateliers NCF, les membres du groupe à développer des arguments pour se reconnaître et faire reconnaître leurs expériences de travail souvent très vastes. De plus, cette approche permet de dépasser les préjugés voulant que certaines personnes, notamment lorsqu’elles sont peu ou pas à l’aise avec l’écrit, ne soient capables que de travail manuel (avec les choses) ou de travail physique (avec le corps).
Les outils qui accompagnent les ateliers NCF ont particulièrement été conçus pour susciter les réflexions et les échanges sur la notion de travail au sein des groupes. Il ne s’agit pas d’arriver à une définition univoque du travail. II s’agit plutôt, pour chacune et chacun, d’élargir sa conception de la notion de travail afin de valoriser les expériences de vie de tout individu.
Cette vision large du travail vous permettra de voir les liens qui existent entre des situations de travail à première vue différentes, notamment parce qu’elles ont souvent été accomplies dans des circonstances* différentes. Cette aptitude à faire des liens sera un atout précieux dans le cadre des ateliers NCF.
Remarque : Inspiré du chapitre 5, de la première partie du Manuel des animatrices et des animateurs (1995) : « Développer une vision large du travail ».