Comme nous l’avons vu précédemment, des expériences de vie et de travail diversifiées, ou encore le type de personnalité, feront en sorte qu’un individu développera certaines compétences avec plus de force qu’un autre.
Voilà ce que nous appelons les compétences génériques fortes*. Ces compétences développées dans l’action ne sont pas liées à un contexte particulier, ce qui les rend facilement exportables. À ce titre, elles constituent les forces d’une personne. C’est pour cette raison que les ateliers NCF misent sur les compétences génériques.
Afin de mobiliser une compétence générique dans un nouveau contexte d’action, il faut cependant être capable d’établir des liens entre la situation présente et nos expériences passées. Ainsi, la personne qui mobilise régulièrement et efficacement son sens de l’organisa- tion dans un contexte familial ou communautaire devrait être capable de le mobiliser dans un contexte professionnel. Pour y parvenir, elle devra reconnaître ce qui est transférable : ce qu’elle maîtrise de la compétence 42, les points communs entre deux contextes d’action et le moyen de « transférer » les acquis de ses expériences passées dans un nouveau contexte.
Cette personne doit non seulement être capable de reconnaître ses compétences génériques fortes, mais aussi tous les acquis que suppose leur maîtrise : toutes les connaissances, les savoir-faire et les aptitudes qui renforcent sa capacité à agir avec compétence, c’est-à-dire à sélectionner, combiner et mobiliser ses ressources et celles de son environnement de manière à atteindre un objectif.
Quant à cette capacité d’identifier des opportunités de transfert, nous avons vu qu’elle se développe au gré de nos expériences, parallèlement au développement de nos compétences génériques. Plus grande est notre capacité à mobiliser une compétence générique, plus grande sera notre capacité à reconnaître ce qui est transférable d’une situation à une autre.
Concrètement, les ateliers NCF cherchent à développer le savoir-reconnaître 43 d’une personne, soit sa capacité de reconnaître ses forces : les compétences génériques fortes qu’elle peut transférer d’une situation à une autre. Pour parvenir à ce résultat, les personnes participantes à vos ateliers devront se poser des questions pertinentes :
- Est-ce que je cherche à mobiliser une compétence visible et reconnue ?
- Est-ce que je maîtrise effectivement cette compétence ?
- Cette compétence est-elle appropriée au contexte de transfert que je cible, aux objectifs que je veux atteindre ?
Ces questions et la découverte du savoir-reconnaître prennent forme dans la réalisation d’un projet collectif qui s'avère essentiel au succès des ateliers NCF.
11.1 L’importance du projet collectif
Les ateliers NCF présupposent que toute personne, quelle que soit sa condition, peut faire face aux changements et aux nouveautés de son quotidien en s’appuyant sur ses compétences génériques fortes. En ce sens, ces ateliers misent sur les forces d’une personne afin de l’aider à accroître sa propre estime et sa confiance en ses capacités.
Ceci dit, la reconnaissance dont il sera question tout au long des ateliers NCF va bien au-delà des seules compétences génériques du référentiel présenté au chapitre précédent. Cette reconnaissance doit porter sur ce qui est transférable : le commun entre deux situations qui permet de mobiliser une même compétence générique afin d’atteindre des résultats semblables.
Dans le cadre des ateliers NCF, une personne ne peut se limiter à affirmer sa capacité à réaliser une tâche dans un contexte particulier. Elle doit convaincre* les membres de son groupe que la compétence reconnue est transférable, que la maîtrise de cette compétence s’appuie sur des acquis et qu’elle peut effectivement être mobilisée dans une multitude de contextes. Pour ce faire, il faut aller au-delà des arguments, des illustrations et des affirmations : il faut se mettre collectivement à l’épreuve lors de la réalisation d’un projet collectif qui permettra à chaque membre du groupe d’utiliser efficacement une ou plusieurs compétences génériques.
La forme et la nature de ce projet demeurent à la discrétion des participantes et des participants. Ce projet peut tout aussi bien être ancré dans leur quotidien 44 ou être lié à des circonstances bien particulières. Ses objectifs sont clairs : permettre aux personnes qui y participent, de mettre en valeur leurs compétences génériques fortes, de les mobiliser dans un contexte d’action réel. Ce projet collectif leur permet de rendre effectif* le transfert des compétences fortes qu’elles se sont reconnues au cours des ateliers.
Le projet collectif réalisé est l’une des nombreuses caractéristiques qui fait en sorte que Nos compétences fortes se démarque nettement des autres outils ou démarches de reconnaissance et de valorisation utilisés au Québec, ou ailleurs au Canada. En prenant part à la réalisation de ce type de projet, les participantes et participants aux ateliers NCF ont la chance de découvrir les circonstances propices à leurs apprentissages, de comprendre de quelle manière elles apprennent.
Rares sont les démarches qui cherchent à influencer les croyances d’une personne au sujet de l’apprentissage. Celle proposée dans Nos compétences fortes favorise une ouverture à d’autres méthodes d’enseignement qui peuvent être tout à la fois moins traditionnelles et plus efficaces, surtout si une personne a déjà vécu des échecs scolaires.
Alors que la plupart des approches par compétences, déjà mises en œuvre dans divers secteurs de l’éducation au Québec, font appel à des évaluations normatives, Nos compétences fortes fait valoir qu’on ne peut exiger que toutes et tous maîtrisent les mêmes compétences. Selon nous, la société et ses institutions peuvent aider chaque personne à développer et à mobiliser ses forces personnelles afin de réaliser de nouveaux apprentissages et de développer de nouvelles forces. L’esprit des ateliers NCF encourage à être soi-même tout en étant avec les autres ; cette réalité prend véritablement forme dans la réalisation d’un projet collectif.
42. Rappelons que toutes les compétences retenues dans Nos compétences fortes se déclinent selon quatre capacités. C’est en illustrant chacune d’elles qu’une personne peut démontrer qu’elle maîtrise une compétence. Il est également possible d’associer des connaissances, des savoir-faire ou des aptitudes à la maîtrise d’une compétence.
43. voir le chapitre 12.
44. Notamment dans les cas de personnes qui fréquentent une même organisation, un même milieu.