La 37e session de la Conférence générale de l’UNESCO a eu lieu au mois de novembre dernier. Deux sujets discutés sont d’importance pour l’éducation des adultes. Lors de la Conférence générale, il a été question de l’état des travaux d’élaboration d’un nouveau cadre de référence pour la période débutant en 2015, ce qui est convenu de nommer « l’agenda post-2015 », et de la démarche de renouvellement de la Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes, un document adopté en 1976. À moins de 18 mois de la prochaine assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes, qui se tiendra à Montréal, ces deux processus influenceront grandement le débat international en éducation des adultes. Il importe donc de prendre acte de la teneur de ceux-ci.
L’agenda post-2015
Rappelons que deux importants instruments normatifs viennent à échéance en 2015, soit les Objectifs du Millénaire (2000) et l’Éducation pour tous (1990). À ces deux cadres de référence, il faut ajouter que 2015 est aussi l’année de mi-parcours de la mise en œuvre de la déclaration de la dernière conférence internationale de l’UNESCO sur l’éducation des adultes (CONFINTEA VI, 2009). La Conférence générale de novembre 2013 a été saisie d’un rapport intitulé L’éducation au-delà de 2015. Le rapport prend acte des travaux d’une consultation thématique mondiale sur l’éducation, dont la conclusion recommanda, comme grande orientation en éducation pour la période post-2015 : « Une éducation équitable et de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous ».
Dans le rapport déposé à la Conférence générale, l’UNESCO brosse un portrait des défis et des enjeux de la conjoncture en éducation. L’organisation constate un impact important des mutations socioéconomique à l’échelle mondiale sur l’éducation. Selon l’UNESCO,
« Depuis l’an 2000, le monde a connu une accélération sans précédent des transformations socioéconomiques, due à une croissance et une interdépendance économiques accrues, aux progrès technologiques, à une croissance démographique régulière et à un taux d’urbanisation rapide. Ces changements posent de grandes difficultés en matière d’environnement et exercent une forte pression sur des ressources naturelles limitées ».
Dans un tel contexte, il ne fait pas de doute, pour l’UNESCO, que le cadre de développement post-2015 doit reconnaître « la nécessité d’un agenda pour l’éducation clairement défini, équilibré et global ». L’éducation doit donc « constituer un objectif à part entière dans l’agenda pour le développement post-2015 ». Cet objectif éducatif reposera sur des principes fondamentaux qu’il convient de réaffirmer, insiste l’UNESCO : l’éducation est un droit, un bien public, un fondement du développement des individus et un moyen de réduire les inégalités. En outre, cet objectif éducatif global devra se moduler selon un certain nombre de thématiques dont l’alphabétisation des adultes et, plus largement, le renforcement de l’éducation « en faveur du développement durable et d’une citoyenneté mondiale ».
En conclusion, le rapport concernant la place de l’éducation dans l’agenda post-2015, discuté à la Conférence générale de l’UNESCO de 2013, propose que le prochain objectif mondial en éducation soit accompagné d’un cadre d’action formulant des buts, des objectifs et des cibles primordiaux. Relativement à l’éducation des adultes, l’UNESCO suggère que ce cadre d’action repose sur les objectifs suivants :
- Que soient assurés à « tous les enfants, jeunes et adultes, « Un enseignement et un apprentissage de qualité et pertinents en termes de processus, de contenu, d’environnements et de résultats reconnus et mesurables »;
- Que tous les jeunes et adultes puissent acquérir « des niveaux fonctionnels de compétences en lecture, écriture et calcul et d’autres compétences de base », dans une perspective de poursuite de l’apprentissage et de réalisation du potentiel humain.
- Que tous les jeunes et adultes aient « un accès équitable aux possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour développer les aptitudes et compétences utiles dans la vie et au travail et favoriser leur développement personnel et professionnel ».
La Conférence générale de 2013 est une étape dans un processus qui aboutira par l’adoption lors de l’assemblée générale de l’ONU de 2015 d’un nouveau cadre de référence. D’ici là, deux importants rendez-vous feront progresser les débats. Ainsi, avant la tenue de l’assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes, qui se tiendra en juin 2015 à Montréal, la communauté internationale de l’éducation se réunira en République de Corée en mai 2015, pour une dernière conférence sectorielle en éducation, avant l’adoption du nouvel agenda post-2015, à l’automne 2015.
La Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes
La Conférence générale de l’UNESCO a aussi été l’occasion de lancer officiellement une démarche de révision de la Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes. Une étude préliminaire sur les aspects techniques et juridiques liés à l’opportunité de réviser la recommandation a été déposée, lors de la Conférence générale. Cette étude s’inscrit dans la suite des travaux d’un groupe d’experts qui a été réuni pour évaluer l’intérêt de réviser la recommandation de 1976.
La Conférence a décidé d’aller de l’avant avec la révision de la Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes. Car, a-t-il été précisé, il convient « de tenir compte des défis contemporains sur les plans éducatif, culturel, politique, social et économique, tels qu’énoncés dans le Cadre d’action de Belém, et de donner un nouvel élan au renforcement de l’éducation des adultes ».
Pour l’UNESCO, la révision de la recommandation de 1976 doit tenir compte « des conclusions des CONFINTEA IV, V et VI, mais aussi d’autres cadres pertinents dans lesquels l’apprentissage et l’éducation des adultes sont un rouage essentiel d’un système holistique et général d’apprentissage tout au long de la vie ». La nouvelle recommandation devra faire valoir le « rôle décisif de l’apprentissage tout au long de la vie » dans la capacité des individus et des sociétés de faire face à de nombreux enjeux, tels « la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et le développement durable et inclusif ».
Pour réaliser cette révision, une consultation des États et des parties prenantes aura lieu. La Conférence générale souhaite qu’un projet de recommandation révisée soit adopté lors de sa prochaine session, à l’automne 2014.
En route vers l’assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes
La poursuite de la démarche d’élaboration d’un nouveau cadre de référence international pour la période de l’après 2015 et la consultation à venir sur la révision de la Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes constituent deux forums qui définiront les perspectives internationales en éducation des adultes, tout au long de la prochaine décennie. L’ICÉA poursuivra son travail de veille et d’analyse de ces débats et, plus particulièrement, l’Institut déposera une communication dans le cadre de la prochaine consultation sur la révision de la recommandation de 1976. Par ailleurs, à titre de l’un des organisateurs de l’assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes, l’Institut accentuera, au cours des prochains mois, sa couverture du débat international en éducation des adultes.