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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

14. Les facteurs de réussite des ateliers NCF

Mardi 29 avril 2014 - ICÉA

14.1 Premier facteur de réussite 
14.2 Deuxième facteur de réussite 
14.3 Troisième facteur de réussite 
14.4 Quatrième facteur de réussite 

 

14.1 Premier facteur de réussite 

Votre intérêt, votre disponibilité et vos compétences en tant qu’animatrice ou animateur du groupe

Les ateliers NCF exigent de votre part de la sensibilité, de la créativité, de l’humilité et du dynamisme. Ces ateliers sont conçus pour que vous leur donniez de la couleur et les adaptiez à votre style personnel d’animation, et ce, suivant la connaissance que vous avez de chacun de vos groupes. Ces ateliers ne devraient donc, en aucun cas, être une tâche imposée aux formatrices et formateurs, et ne jamais faire l’objet d’un programme de formation obligatoire.

Parce que la deuxième partie de ce Manuel d’animation est descriptive, des collègues et des responsables de votre organisme pourraient croire qu’il ne vous reste qu’à appliquer une méthode, à utiliser les outils proposés et à jouer un simple rôle de relais d’information ou de distribution des tours de parole. Cette vision du rôle de responsable de l’animation d’ateliers NCF, et même de celui de formatrice ou de formateur, serait réductrice. L’expérience nous enseigne que ce travail s’avère plus complexe dans la réalité, faisant même appel à la créativité. Comme membre d’un groupe, vous participez activement à l’échange de connaissances reliées aux ateliers NCF, et même, à l’échange d’autres connaissances plus personnelles. vous devez aussi établir des liens entre ce qui se discute dans les ateliers NCF et les autres activités du programme.

Vous devrez, en outre, faire preuve d’une grande réceptivité ; il s’agit d’une condition essentielle pour décoder l’expérience des personnes participantes et reconnaître leurs connaissances et compétences.

Votre préparation constitue en soi une démarche de perfectionnement professionnel dont la durée sera variable (un minimum de trois jours avant la première animation, ou plus, selon la formation initiale et les besoins d’ajustement). Le présent manuel fournit suffisamment de matériel pour guider votre apprentissage. Cependant, avant de vous lancer dans l’animation de ces ateliers, vous devriez amorcer vous-même un processus de reconnaissance qui vous permettrait de découvrir vos propres compétences génériques, de les exprimer, les valoriser et les intégrer pleinement dans toutes les sphères de votre quotidien.

Vous devez également vous donner le temps d’intégrer les notions centrales (compétence générique, transférabilité, reconnaissance, vision large du travail, etc.). vous devrez présenter ces notions de façon simple et intelligible. Finalement, assurez-vous de bien comprendre la progression et la logique du déroulement des ateliers, de manière à faire les ajustements les plus appropriés en fonction des besoins de chaque groupe.

Le matériel qui accompagne Nos compétences fortes est conçu dans une perspective de formation à distance et d’auto-apprentissage. Des séances de formation de groupe pour les responsables d’animation peuvent être organisées par l’ICÉA et un soutien téléphonique est disponible sur demande. Les séances de formation contribuent à réduire le temps de préparation, favorisent l’intégration des apprentissages avant l’animation et permettent d’appréhender avec plus de clarté les enjeux des ateliers. De plus, elles vous offrent l’occasion de rencontrer d’autres personnes et favorisent la création de réseaux d’échanges entre pairs.

Si le matériel qui vous est fourni dans ce manuel vous permet de réaliser les apprentissages qui y sont nécessaires, la formule même des ateliers vous laisse une grande marge de manœuvre : vous vous formerez vous-même au fil des expériences, car vous apprendrez au contact des adultes avec qui vous travaillerez. vous allez acquérir de nouvelles connaissances avec chaque nouveau groupe. Les dynamiques inhérentes aux groupes vous permettront de découvrir certains aspects des notions, du matériel ou des méthodes que vous n’aviez peut-être pas vus au début. Des discussions vous interpelleront personnellement et elles consolideront, elles aussi, votre propre savoir-reconnaître et vos propres compétences génériques et spécifiques.

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14.2 Deuxième facteur de réussite 

Un environnement éducatif souple et centré sur les adultes en apprentissage

  • Un environnement qui suscite le plaisir d’apprendre

    En éducation, on insiste de plus en plus sur le fait que les programmes et les activités de formation doivent être conçus selon les besoins des gens, tels que ceux-ci les identifient et les comprennent, et ce, pour assurer l’efficacité et le transfert des apprentissages. Paradoxalement, de plus en plus d’adultes sont forcés de s’inscrire à des formations qu’ils n’ont pas choisies.

    Les ateliers NCF ne sont pas du tout recommandés pour les groupes dont les personnes sont obligées de s’inscrire en raison de politiques gouvernementales ou autres, et qui, après leur inscription, se sentent obligées de suivre le programme. Les gens qui subissent un programme de formation peuvent, et c’est légitime, réagir avec beaucoup d’agressivité à des activités d’introspection et de partage d’expériences comme celles proposées dans Nos compétences fortes.

    II est donc absolument nécessaire que d’autres interventions éducatives puissent leur permettre de mettre en relation leurs intérêts personnels et la formation suivie, afin qu’ils puissent avoir une idée, aussi sommaire soit-elle, de ce que le programme de formation peut positivement apporter dans leur propre vie. Seul un tel programme peut susciter chez ces adultes le plaisir d’apprendre à partir de leur propre expérience.

  • La souplesse du programme et des personnes

    Comme dans toute activité basée sur une pédagogie active qui utilise comme matériaux de base les compétences et les connaissances hétérogènes d’un groupe, la programmation d’ateliers NCF ne peut se faire comme s’il s’agissait d’acquérir des contenus dispensés par une enseignante ou un enseignant. Elle est plutôt articulée autour d’objectifs qui servent de points de repère. La souplesse du programme, des animateurs et animatrices, et des autres membres du groupe est un atout essentiel pour développer avec succès le savoir-reconnaître.

  • L’espace laissé au groupe

    Pour assurer le succès d’une démarche qui privilégie l’hétérogénéité comme déclencheur d’apprentissages, il apparaît nécessaire d’offrir à chaque groupe un lieu stable et vivant où il pourra imprimer sa marque, sa personnalité propre.

    De plus, la disposition du local devrait favoriser les échanges et la circulation des expériences de chacune et chacun au sein du groupe. L’organisation traditionnelle des classes, avec l’enseignante ou l’enseignant en avant et les élèves tournés vers lui, ne convient pas à l’animation d’ateliers NCF.

  • La stabilité du groupe

    La stabilité du groupe est essentielle. En alphabétisation, par exemple, on fonctionne souvent avec des entrées continues. Pour la durée des ateliers NCF, l’ajout de nouvelles personnes à un groupe déjà constitué est impensable.

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14.3 Troisième facteur de réussite 

L’ouverture à l’hétérogénéité

Parce qu’elles mettent l’accent sur les personnes en apprentissage plutôt que sur une matière à transmettre ou à inculquer, les approches éducatives d’aujourd’hui s’ouvrent à toute une gamme d’expériences et de connaissances. L’hétérogénéité devient incontournable, même dans les groupes constitués à partir de résultats provenant de tests de classement.

Les ateliers NCF appellent constamment à s’ouvrir aux différences et à l’hétérogénéité. Même si nous vous fournissons de nombreux points de repère, il faut que vous soyez grandement disposés à vivre avec le groupe la diversité des références et des expériences et à en encourager l’expression.

Selon nous, l’hétérogénéité des expériences de vie, tout comme celle des niveaux en lecture et en écriture, peut s’avérer très bénéfique dans les ateliers. Elle est source de stimulation, de défis, de découvertes et d’apprentissages.

  • Hétérogénéité des niveaux en lecture et en écriture

    Les ateliers NCF ont été validés dans des groupes de niveaux hétérogènes en lecture et en écriture. Nous n’avons pas de données sur des groupes composés uniquement de personnes incapables d’écrire. Dans des groupes de niveaux variés, les personnes incapables d’écrire ont pu compter sur l’entraide de lectrices et de lecteurs un peu plus avancés, et faire des apprentissages significatifs sur le plan de la communication orale, de l’estime de soi et du développement du savoir-reconnaître.

    Pour les lectrices et les lecteurs un peu plus avancés, le jumelage peut devenir une source de motivation personnelle. Le fait d’aider une autre personne peut leur permettre d’améliorer leurs capacités d’expression ou d’intégrer leurs compétences génériques fortes. N’hésitez pas à mettre en valeur devant le groupe les avantages de cette hétérogénéité.

  • Hétérogénéité des groupes d’âges

    Les ateliers NCF font appel à l’expérience de vie et de travail des gens, mais il ne faut pas croire qu’ils s’adressent moins bien à des jeunes de 16 à 25 ans.

    Les jeunes qui ont une vie active peuvent déjà invoquer plusieurs expériences qui leur permettent de reconnaître et faire reconnaître leurs compétences génériques fortes. Toutefois, il peut arriver qu'au sein d'un groupe, des jeunes se sentent mal à l’aise de parler de certaines activités, soit parce que ces activités font l'objet de préjugés sociaux, ou parce que ces jeunes ont intégré le discours social prétendant qu'ils n'ont pas d’expérience.

    Dans un groupe uniquement composé de jeunes, il est plus facile de travailler la prise de conscience et l’estime de soi, en tant que jeunes. Dans un groupe mixte, c’est sûrement plus difficile puisque les jeunes sont continuellement confrontés au fait qu’ils ont moins d’années derrière eux pour puiser de bons exemples*. Une animation de ce type est plus exigeante puisqu’il faut encourager les gens sans créer d’opposition entre jeunes et moins jeunes, tout en reconnaissant la spécificité de chacun. Par ailleurs, cette hétérogénéité dans le cumul d’expériences peut permettre aux plus jeunes de prendre conscience des grandes possibilités de développement de compétences génériques.

  • Hétérogénéité des origines ethnoculturelles

    Les expérimentations des ateliers NCF confirment aussi les avantages de l’hétérogénéité des origines culturelles dans les groupes (personnes immigrantes et celles nées au Québec). Chez des personnes immigrantes ne maîtrisant pas la langue française (mais ayant des compétences de base dans leur langue d’origine), les nombreux échanges facilitent l’acquisition de vocabulaire et l’expression orale en français.

    L’ensemble du groupe profite des échanges sur les situations de travail, car ils permettent de faire des liens entre les valeurs des uns et des autres, de mieux comprendre les cultures respectives, en plus de contribuer au développement d’amitiés et de contacts utiles à tous dans le processus d’intégration sociale ou d’intégration au marché de l’emploi.

    Toutefois, il peut s’avérer plus difficile de réaliser des ateliers NCF avec des groupes composés d’un nombre significatif de personnes immigrantes faiblement alphabétisées, et ce, dans quelque langue que ce soit. Le fait d’avoir œuvré auprès de personnes appartenant à des communautés culturelles minoritaires constituera alors un avantage.

    Une personne qui souhaite entreprendre une démarche auprès de groupes d’adultes majoritairement issus de communautés culturelles, devra être suffisamment outillée pour reconnaître les référents culturels de ces adultes. Cette personne devra être capable de favoriser la mise en valeur d’expériences de vie qui ne sont pas nord-américaines ou qui s’inscrivent dans des habitudes culturelles en marge de la « culture commune » de la société québécoise.

  • Hétérogénéité des modes de vie et des groupes de référence

    De nombreuses cultures minoritaires peuvent être représentées au sein d’un groupe mais continuer à passer inaperçues au sein d’une majorité normative. Par exemple, un gai ou une lesbienne, une personne malentendante ou un adulte ayant grandi dans un milieu marginal quel qu’il soit, des référents culturels souvent différents de ceux de la majorité. 

    L’ouverture à la différence apparaît comme la meilleure attitude à adopter pour que les ateliers NCF soient profitables à toutes et tous. Si on se trouve devant un groupe manifestant une certaine hostilité, ou empreint de violence psychologique ou physique à l’égard de personnes ayant d’autres façons de vivre, il est préférable d’attendre avant d’utiliser l’outil Nos compétences fortes. Trop de gens censureraient leur parole et la tâche d’animation deviendrait sans doute trop lourde pour une seule personne.

  • Hétérogénéité des expériences des femmes et des hommes

    Nous vivons dans une société en mutation qui remet en question la division sexuelle du travail, ce dont nous nous réjouissons. Les généralisations ou les stéréotypes (tous les hommes font ça, toutes les femmes sont comme ça) concernant le partage des tâches de la vie familiale et domestique, correspondent de moins en moins à la réalité. Toutefois, cela n’empêche pas des femmes et des hommes d’avoir souvent un regard différent sur le monde qui les entoure.

    Les ateliers NCF ont été conçus pour permettre l’expression de ce regard différent et des expériences qui y sont reliées. Dans l’expérimentation, nous avons constaté que les femmes puisaient plus souvent dans leurs tâches familiales des exemples confirmant la présence de compétences génériques fortes. N’hésitez pas à faire ressortir les expériences des hommes dans cette sphère d’activités, même si culturellement, il est moins habituel de les y associer. Les femmes et les hommes qui ont des activités familiales, domestiques ou communautaires significatives ont aimé ces ateliers parce qu’ils permettent de découvrir que le travail non rémunéré a une valeur. Les personnes qui n’ont pas d’activités de ce type peuvent être agacées par certains aspects de Nos compétences fortes. Plus vous êtes vous- même convaincu de la richesse de ces expériences, plus vous aurez de chances de susciter l’adhésion des autres.

    Ainsi, dans tous les groupes expérimentaux, le fait de découvrir que le travail non rémunéré a aussi une valeur, est bien accueilli ; mais autant chez les hommes que chez les femmes, une plus grande valeur est encore accordée au travail rémunéré.

    Enfin, l’introspection qui caractérise plusieurs ateliers, quoique souvent associée aux femmes, était bien reçue par les hommes à condition que les liens entre la reconnaissance de compétences génériques et leur projet de formation, ou leurs projets d’avenir, soient clairement établis.

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14.4 Quatrième facteur de réussite 

Le soutien de la direction de votre organisme et de vos collègues

L’intégration des ateliers NCF au sein de votre organisation exigera certains ajustements. La collaboration de vos patrons et de vos collègues s’avérera nécessaire. Les décisions concernant la composition des groupes et leur stabilité, par exemple, ne sont pas du ressort de la personne responsable de l’animation. Elles dépendent des politiques d’admission de l’organisme de formation ou encore des stratégies de gestion du milieu de travail concerné.

L’engagement personnel des animatrices et des animateurs, de même que les méthodes privilégiant l’action et les déplacements des membres du groupe sont des aspects de Nos compétences fortes qui exigent la collaboration et la compréhension de la direction.

Nous recommandons donc que l’intégration de ces ateliers s’accompagne d’un travail de sensibilisation et d’échanges au sein des équipes de formation ou de travail.

Des activités d’information de I’ICÉA peuvent être organisées sur demande.

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Remarque : Inspiré du chapitre 12, de la première partie du Manuel des animatrices et des animateurs de 1995 : « Facteurs de réussite des ateliers Nos compétences fortes ».