Évaluer les retombées et les impacts
Le site des indicateurs de l'ICÉA présente deux mesures des retombées de l’apprentissage pour les adultes et des impacts qu’il est possible d’imputer à leur niveau d’acquis éducatifs. Ces données nous renseignent sur les apports de l’éducation et de la formation à la qualité de vie des adultes. Ces données nous renseignent également sur des situations de précarité et d’exclusion qu’il est possible d’associer au fait de ne pas bénéficier des possibilités d’apprendre et de développer ses compétences.
À ce jour, deux indicateurs des retombées et des impacts ont été développés par l'ICÉA. Ces indicateurs se fondent sur des données tirées de rapports produits par l’Institut de la statistique du Québec et Statistique Canada. Ces indicateurs explorent notamment les liens existant entre le niveau de scolarité et l’emploi. L'ICÉA note à ce titre :
-
qu'une proportion importante de personnes sans diplôme d’études secondaires n’est pas en emploi;
-
que l’absence de diplôme apparaît comme une source d’exclusion du marché du travail; et
-
que des écarts importants subsistent entre les taux d’emploi des hommes et des femmes ayant une faible scolarité.
Le taux d’emploi croît en fonction du niveau de scolarité
Selon les indicateurs de l’éducation au Canada (Statistique Canada), le taux d’emploi d’une personne croît en fonction de sa scolarité. Comme le souligne l’indicateur développé par l'ICÉA, les taux d’emploi des personnes ayant un diplôme d’études secondaires dépassent les 70 % : ces taux sont de 72 % avec un DES, de 77 % avec un diplôme collégial et de 82 % avec un diplôme universitaire. Par contre, le taux d’emploi des adultes n’ayant atteint que le 1er cycle du secondaire s’établit à 60 %, alors que celui des personnes dont le niveau de scolarité ne dépasse pas le primaire est de 47 %.
Par ailleurs, on observe que le taux d’emploi des femmes faiblement ou très faiblement scolarisées est nettement plus bas que celui des hommes dans la même situation. Par exemple, 22 points d’écart séparent les hommes et les femmes qui ont une scolarité de niveau primaire et 15 points d’écart séparent les hommes et les femmes qui ont une scolarité équivalente au 1er cycle du secondaire. Comme l’illustre le tableau suivant, ces écarts marqués entre les taux d’emploi selon le sexe s’amenuisent selon le plus haut niveau de scolarité atteint.
De manière générale, on observe que les taux d’emploi selon le plus haut niveau de scolarité des adultes du Québec sont comparables à la moyenne canadienne. Cela dit, le Québec se classe entre la 6e et la 8e place des provinces canadiennes selon le niveau de scolarité atteint.
Toujours 400 000 personnes salariées sans diplôme
Lorsque l’on combine des données relatives au nombre de personnes salariées de 25 à 64 ans et à leur répartition selon le plus haut niveau de scolarité atteint, on observe que 75 % des emplois étaient occupés par des personnes ayant un diplôme d’études collégiales ou universitaires en 2015 : 49 % des salariés ont atteint le niveau collégiale et 26 % ont atteint le niveau universitaire.
Les données compilées révèlent que seulement 10 % des emplois étaient occupés par des personnes n’ayant pas de diplômes : ces personnes représentent pourtant près de 13 % de la population des 25 à 64 ans du Québec. Ainsi, quelque 3 % des 25 à 64 ans sans diplôme n’étaient pas en emploi. Ces données révèlent également que plus de 400 000 personnes salariées n’ont pas de diplôme, se retrouvant ainsi plus susceptibles que les autres de vivre des situations de précarité.
Par ailleurs, lorsque l’on observe la variation de l’emploi selon le niveau de scolarité entre 2010 et 2015, on observe une augmentation des pourcentages d’adultes en emploi ayant un diplôme d’études collégiales (+ 13 %) et universitaire (+ 36 %). Au cours de la même période, le pourcentage d’adultes en emploi qui n’avait pas de diplôme a pour sa part diminué de 23 %. Globalement, le Québec compte aujourd’hui près 130 000 personnes salariées de moins n’ayant pas de diplôme, contre près de 500 000 de plus ayant un diplôme collégial ou universitaire.
Plus d’adultes scolarisés et moins de sans diplôme
Les indicateurs présentés ici, notamment le deuxième, révèlent que le Québec compte aujourd’hui des adultes plus scolarisés et un moins grand nombre de travailleuses et de travailleurs sans diplôme. Rappelons qu’en 2015, le Québec comptait 128 000 adultes en emploi sans diplôme de moins qu’en 2010, et que près de la moitié des personnes salariées du Québec avaient un diplôme d’études collégiales.
Ces données sont encourageantes. Elles permettent de croire aux effets positifs des mesures mises en œuvre au cours des dernières années afin de rehausser les niveaux de scolarité de la population et de qualifier un nombre croissant de travailleuses et de travailleurs. Cela dit, beaucoup de travail est encore à faire : 400 000 travailleuses et travailleurs sont toujours sans diplôme et les taux d’emploi des femmes sans diplôme s’avèrent très faibles. Rappelons que moins de la moitié des femmes sans diplôme sont en emploi, comparativement à plus de 50 % des hommes sans diplôme.
De nouveaux indicateurs à produire
Afin de mieux évaluer les retombées de l’apprentissage pour les adultes, il serait intéressant de produire de nouveaux indicateurs. Plusieurs études et enquêtes ont révélé la présence de liens significatifs entre les niveaux de scolarité et de compétences en littératie des adultes et plusieurs facteurs sociodémographiques : sexe, situation familiale, statut d’immigration, présence d’incapacité, niveau de revenu et seuil de faible revenu, situation de défavorisation (matérielle et sociale), etc.