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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Recensement 2016 : une société polarisée sur le plan des acquis scolaires

Logo du recensement 2016Les données du recensement de 2016, publiées récemment par Statistique Canada, nous apprennent qu’au Québec la proportion de la population âgée de 25 à 64 ans sans diplôme d’études secondaires se chiffre à 13 % en 2016. La proportion des personnes détenant uniquement un diplôme d’études secondaires se situe à 19 %. Dans nos sociétés exigeantes sur le plan des connaissances et des compétences, être faiblement scolarisé met à risque de vivre l’exclusion économique et sociale. Au Québec, 32 % de la population âgée de 25 à 64 ans se trouve dans cette situation.

Le Québec est une des provinces canadiennes comptant le plus fort pourcentage de sa population adulte sans diplôme d’études secondaires, se classant septième, parmi les provinces canadiennes (voir Tableau 1). En comparaison, la Colombie-Britannique est la province présentant le plus faible pourcentage de sa population sans diplôme d’études secondaires, soit, 10 %. La moyenne canadienne est de 11 %. Dans l’ensemble, au Canada, six points de pourcentage séparent les provinces affichant le plus bas taux et le plus élevé taux de personnes sans diplôme d’études secondaires. 

Concernant la population faiblement scolarisée, c’est-à-dire, celle possédant un diplôme d’études secondaires ou moins, le Québec est la province canadienne comptant le plus faible pourcentage de sa population adulte qui Tableau de donnéesest faiblement scolarisée (voir Tableau 2). Le Manitoba et le Nouveau-Brunswick sont les provinces présentant la plus forte proportion de leur population ayant un diplôme d’études secondaires ou moins, soit, 42 %. La moyenne canadienne est de 35 %. La performance des provinces est fort différente, alors que dix points de pourcentage séparent la province présentant le plus bas taux de personnes faiblement scolarisées et celle présentant le taux le plus élevé. Il existe donc des inégalités éducatives à l’échelle du Canada.

Sur le plan de la scolarité, le Québec et le Canada deviennent de plus en plus des sociétés polarisées, alors qu’une proportion toujours plus importante de personnes acquière une scolarité de niveau postsecondaire, tandis qu’une part élevée de la population compte uniquement sur une scolarité de niveau secondaire ou moins. Pour prendre la mesure de ces écarts entre des populations fortement et faiblement scolarisées, nous pouvons calculer l’écart en points de pourcentage entre les personnes détenant un  diplôme de niveau postsecondaire et celle détenant un diplôme d’études secondaires ou moins. Plus cet écart est élevé, en faveur des populations fortement scolarisées, plus l’on peut considérer que la société vit des inégalités sur le plan des acquis scolaires.

Au Québec, cet écart se chiffre à 13 points de pourcentage, la province se situant au cinquième rang parmi les provinces canadiennes. L’Ontario est la province où cet écart est le plus élevé (22 points de pourcentage), alors que la population de la Saskatchewan est également divisée en personnes fortement et faiblement scolarisées.

Depuis plusieurs décennies, la proportion de la population faiblement scolarisée diminue (voir Graphique 1). En 1990, 63 % de la population du Québec âgée de 25 à 64 ans détenait un diplôme d’études secondaires ou moins, alors que ce taux se situe à 32 %, en 2016. Cette proportion a donc diminué de moitié, en près de trente ans. De même, on compte une proportion de moins en moins élevée de personnes âgées de 25 à 64 ans sans diplôme d’études secondaires. Ces personnes sans diplôme d’études secondaires comptaient pour 39 % de la population, en 1990, alors qu’elles composent 13 % de la population, en 2016.

Tableau de donnéesFait à noter, la proportion de personnes âgées de 25 à 64 ans dont le diplôme d’études secondaires est le plus haut niveau de scolarité atteint varie peu, depuis trente ans. Alors que le taux de personnes détenant uniquement un diplôme d’études secondaires était de 25 % en 1990, il se chiffre à 19 % en 2016. Il est possible que les personnes ou bien franchissent ce seuil éducatif pour poursuivre leur scolarisation à l’enseignement collégial ou bien elles ne le franchissent pas, demeurant sans diplôme. 

Les données du recensement de 2016 sur les niveaux de scolarité de la population adulte, soit, celle âgée de 25 à 64 ans, confirment que le Québec progresse sur le plan des acquis scolaires. Ainsi, au Québec, 45 % de la population âgée de 25 à 64 ans détient un diplôme de niveau postsecondaire. Il convient toutefois de nuancer ce bilan, puisqu’en Ontario, la meilleure performance parmi les provinces canadiennes à cet égard, c’est plus de 57 % de la population de 25 à 64 ans qui possèdent un diplôme de niveau postsecondaire. La moyenne canadienne est de 51%. Par rapport à la proportion de la population de 25 à 64 ans possédant un diplôme de niveau postsecondaire, le Québec se classe au neuvième rang, parmi les provinces canadiennes.

À l’autre bout du spectre des acquis scolaires, les personnes faiblement scolarisées constituent toujours une part importante de la population. Le tiers de la population âgée de 25 à 64 ans possède au plus unTableau de données diplôme d’études secondaires. Au Québec, une personne de 25 à 64 ans sur dix ne détient aucun diplôme. Dans un contexte où 32 % de la population adulte est faiblement scolarisée et 45 % de cette population est fortement scolarisée, on peut constater que le Québec est une société polarisée sur le plan des acquis scolaires. Cette situation aggrave plus particulièrement les risques auxquels font face les personnes sans diplôme d’études secondaires, soit, 13 % de la population adulte.  

Dans sa planification stratégique 2016-2021, l’ICÉA a mis l’accent sur la lutte aux inégalités en éducation des adultes, notamment, en termes de résultats. Le plus haut niveau de scolarité atteint est un des indicateurs disponibles pour prendre la mesure de ces inégalités de résultat. L’acquisition d’un diplôme d’études secondaires est une base éducative reconnue. Au Québec, pour une personne adulte sur dix, cet objectif social des politiques éducatives n’est pas atteint.

La planification stratégique de l’Institut accorde aussi une importance aux diverses situations de risque que peuvent vivre les adultes en raison d’un niveau de connaissances et de compétences peu élevé ou inadéquat, par rapport aux attentes de la société. Car, dans nos sociétés fortement basées sur les connaissances et les compétences, même détenir un diplôme d’études secondaires peut être insuffisant. Ainsi, le tiers de la population adulte se trouve dans une situation de faible scolarisation, détenant au mieux un diplôme d’études secondaires.

Un défi éducatif ressort des données du récent recensement : une société polarisée sur le plan des acquis scolaires aggrave les situations de risque que peuvent vivre les personnes faiblement scolarisées. Près de la moitié de la population adulte du Québec détient un diplôme de niveau postsecondaire. Ces personnes ont des acquis scolaires de base élevés leur permettant de profiter des possibilités de nos sociétés (ex. : emplois de qualité, mobilité en emploi, technologies numériques, culture). Pour le tiers de la population adulte, qui possède au plus un diplôme d’études secondaires, il peut être plus difficile de répondre aux attentes de la société en termes de connaissances et de compétences (ex. : chômage ou emplois précaires de faible qualité, exclusion du monde numérique, marginalisation socioculturelle).

Graphique

Il devient donc important d’intensifier et d’accroître les moyens mis en œuvre afin de permettre aux adultes sans diplôme d’études secondaires de poursuivre ou de reprendre des parcours d’apprentissage leur permettant d’atteindre le seuil éducatif de base d’un premier diplôme. De plus, l’atteinte d’un diplôme d’études secondaires est désormais une base éducative minimale dans nos sociétés. Au-delà l’acquisition de ce diplôme, il faut rendre possibles des parcours d’apprentissage tout au long de la vie favorisant le rehaussement continue des connaissances et des compétences, dans une diversité de domaines, associés ou non à l’emploi.

Les données du dernier recensement posent le contexte de ces actions. Il s’agit de s’attaquer aux inégalités éducatives d’une société polarisée sur le plan des acquis scolaires et de contrer les risques d’exclusion économique et socioculturelle découlant de niveaux scolaires peu élevés. Définitivement, dans nos sociétés transformant progressivement les connaissances et les compétences en conditions d’inclusion, en facteurs d’exclusion, voir, en causes de discrimination systémique, l’éducation des adultes demeure un levier de progrès éducatif et social nécessaire.