En 2021, l’ICÉA et l’organisme Maman va à l’école ont mené une recherche, dirigée par Claudie Solar, portant sur les femmes cheffes de famille monoparentale sans diplôme et les obstacles qu’elles rencontrent pour retourner aux études. Cette recherche visait à décrire les caractéristiques des femmes qui ne sont pas aux études et qui n’utilisent pas les services éducatifs, à comprendre pourquoi elles ne le font pas et à identifier les obstacles et les moyens facilitant le retour aux études des femmes cheffes de famille monoparentale sans diplôme d’études secondaires (DES). Il a été constaté que ces femmes rencontrent une multitude d’obstacles dans leurs parcours éducatifs. Si ces obstacles ne sont pas levés, ils peuvent affecter leur retour aux études et leur persévérance scolaire.
À partir des conclusions de cette première recherche, un second volet a pris forme en 2022. Cette fois, il s’agissait d’une recherche-action menée par Claudel Lamoureux-Duquette, qui visait à développer et à expérimenter un dispositif de soutien du retour aux études et de la persévérance scolaire des femmes cheffes de famille monoparentale. Ce dispositif a été incarné par des agentes de terrain dont le rôle a été crucial durant cette expérimentation. Elles ont agi comme courroies de transmission entre les femmes et les organismes communautaires ou publics, et ont accompagné les femmes dans la levée des obstacles, qui étaient la cible principale des actions du dispositif. Elles étaient, d’abord, chargées de mobiliser des femmes cheffes de famille monoparentale sans DES qui désiraient retourner aux études. Les agentes devaient ensuite accompagner les femmes dans la levée des obstacles qui freinaient leur retour aux études et leur persévérance scolaire, notamment en les aidant à identifier ces obstacles, puis en sollicitant des organismes communautaires ou publics susceptibles de les lever. Cette expérimentation a permis une collecte de données sur deux terrains d’enquête distincts : Montréal-Nord et le KRTB (Kamouraska, Rivière-du-Loup, Témiscouata, Les Basques), où les agentes de terrain ont pu accompagner plusieurs femmes.
En même temps, une étude exploratoire menée à Mashteuiatsh, une communauté ilnu, a également permis de collecter des données, notamment lors de groupes de discussion réunissant des femmes ayant vécu un projet de retour aux études tout en étant monoparentales. Les échanges issus de la collecte de données ont permis d’aborder les besoins en matière de soutien aux études et de persévérance scolaire que rencontrent les femmes de Mashteuiatsh ainsi que des pistes de solutions pour répondre à ces besoins. Néanmoins, le dispositif n’a pas pu être expérimenté à Mashteuiatsh lors de cette phase de recherche, comme ce fut le cas à Montréal-Nord et au KRTB.
Ce second volet a permis de mettre en lumière la nécessité de mener des actions concertées pour intervenir sur les obstacles que rencontrent les femmes cheffes de famille monoparentale sans DES dans leur retour aux études. Grâce à l’expérimentation du poste d’agent·e de terrain, il a été possible de constater l’intérêt de : (1) une aide concrète dans l’identification des obstacles vécus et dans la connaissance des ressources disponibles ; (2) un allègement des démarches de demande d’aide ; (3) une complémentarité avec les services offerts par les organismes communautaires et publics. En d’autres mots, nous avons été en mesure de caractériser le type de suivi qui est le plus pertinent pour soutenir ces femmes.
Depuis le mois de janvier 2025, le troisième volet de la recherche prend forme. Il a pour objectif de définir les conditions optimales de mise en place et de pérennisation des postes d’agent·es de terrain qui constituent en soi le dispositif. Après avoir identifié les différents obstacles auxquels font face les femmes cheffes de famille monoparentale sans DES, puis avoir expérimenté le poste d’agente de terrain dédiée à les accompagner et à les soutenir dans leur retour aux études et leur persévérance scolaire, il est important maintenant de viser à intégrer des postes d’agent·es de terrain au sein d’organismes publics et communautaires. Cependant, comment y arriver et sous quelles conditions ?
Ce troisième volet consiste à construire une trousse d’appropriation du poste d’agent·e de terrain qui rassemblera les modalités et les conditions permettant aux organismes de déployer le poste dans leur structure. La trousse sera gratuite et accessible en ligne et en format papier. Pour ce faire, nous voulons d’abord consulter les collaborateur·rices des précédents volets. Puis, nous allons consulter de nouveaux organismes publics et communautaires afin de connaître leur intérêt, leur avis et leur vision sur les modalités de mise en place des postes d’agent·es de terrain. Nous cherchons aussi à consulter des représentant·es politiques siégeant dans une mairie, un conseil de MRC ou un parlement, pour connaître leur avis sur l'intérêt de ce dispositif pour la société, de même que les possibilités d’appui pour sa mise en place. Enfin, nous effectuerons également une recension des écrits, afin de connaître ce qui existe en matière de dispositifs de soutien au retour aux études et à la persévérance scolaire pour les femmes cheffes de famille monoparentale sans DES au Québec et ailleurs. Il sera alors possible de repérer des pratiques pouvant nourrir la conception de la trousse d’appropriation. De la même façon, les résultats de la consultation permettront de construire une trousse qui sera le reflet d’une réflexion collective sur l’opérationnalisation de la mise en place de postes d’agent·es de terrain dans une perspective pérenne et adaptée à différents milieux et à différentes populations.
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