Un Québec apprenant doit répondre aux besoins diversifiés d’apprentissage des personnes et des collectivités.
1. Quels sont les principaux enjeux ?:
L’immigration : l’arrivée massive et continue de personnes immigrantes qui ne maîtrisent pas la langue française, ne comprennent pas les codes du travail au Québec, qui sont parfois peu scolarisés, qui ont de la difficulté à faire reconnaitre leurs diplômes et qui doivent, malgré toutes ces problématiques, se trouver du travail rapidement afin d’assurer leur survie et celle de leur famille. Ces immigrants sont embauchés dans nos entreprises qui ont grand besoin de cette main-d’œuvre. Toutefois, l’embauche de travailleurs immigrants crée très souvent des problèmes liés à la non-maîtrise de la langue française (difficultés à comprendre les consignes, à communiquer avec les collègues et les supérieurs, à s’intégrer dans une équipe de travail, à participer aux activités de formation, etc.).
Les compétences de base : 30 % de la main-d’œuvre active ne possède pas le niveau 3 de littératie nécessaire pour bien fonctionner dans la société. Cette réalité est source de bien des maux (accidents de travail, absentéisme, manque de mobilité en emploi, incapacité à assumer des tâches plus complexes, etc.). L’arrivée des technologies dans les processus de fabrication a mis en lumière le faible niveau de maîtrise des compétences numériques et la nécessité de les développer. L’évolution des procédés de fabrication est également responsable de nombreux changements organisationnels et crée un déséquilibre majeur au sein des entreprises. Les employés autrefois qualifiés pour opérer leur poste de travail sont désormais confrontés à une toute nouvelle réalité; un poste de travail en mutation et de nouvelles tâches pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés. Sans le rehaussement de leurs compétences de base et le développement de compétences essentielles, ces travailleurs risquent de perdre leur emploi. La peur de s’inscrire dans une démarche de formation et de ne pas y être à la hauteur, ajoutée à la complexité à concilier travail-famille-études sont des facteurs qui ne favorisent pas les démarches personnelles de développement des compétences.
Le financement : Les activités en amont et en aval de la formation de base et de la francisation en entreprise (sensibilisation, recrutement, logistique, mesures d’impacts, etc.) ne sont actuellement pas financées. Le développement des compétences numériques de base, le développement des compétences essentielles en entreprise ainsi que la création d’outils pédagogiques spécifiquement contextualisés aux différents milieux de travail ne le sont pas non plus. Les lieux informels d’apprentissage, comme les milieux de travail, ne semblent pas être reconnus au même titre que le sont les lieux formels d’apprentissage.
2. Comment résoudre les problèmes soulevés par les enjeux?:
Le milieu de travail et le milieu syndical doivent accepter de devenir des lieux d’apprentissage et offrir une gamme de formations qui répond aux besoins diversifiés de l’ensemble des travailleurs. La formation professionnelle ou à la tâche est souvent valorisée au détriment de la formation de base, de la francisation et du développement des compétences essentielles dont font partie les compétences numériques de base. Il faut prioriser et investir davantage dans le développement des compétences de base. Mais, il faut également que le gouvernement reconnaisse que les formations offertes par les organismes communautaires dans des lieux non-traditionnels d’apprentissage, sont des formations qualifiantes au même titre que les formations offertes en institution.
Offrir aux travailleurs la possibilité de se former sur le temps de travail en considérant que cette démarche sera rentable à moyen et long terme pour l’entreprise.
L’utilisation du 1 % de la masse salariale devrait servir à développer les compétences de base et la francisation de l’ensemble de la main-d’œuvre avant de servir au perfectionnement des travailleurs qui ont amplement dépassé le niveau 3 de littératie.
Allouer une plus grande enveloppe budgétaire pour le développement des compétences de base et la francisation en entreprise. Reconnaitre les compétences numériques comme compétences de base et financer leur développement ainsi que celui des autres compétences essentielles.
Il est évident que sans une forte volonté politique, les problématiques sociétales liées à un faible niveau de compétences de base, à la méconnaissance de la langue française et à des compétences numériques insuffisantes, voire même absentes, les autres solutions présentées risquent de ne rester que des vœux pieux.