Un Québec apprenant doit répondre aux besoins diversifiés d’apprentissage des personnes et des collectivités.
1. Quels sont les principaux enjeux ?:
• En guise de préalable, il nous apparaît essentiel de définir ce qu’est un adulte. Parce qu’il est important de bien comprendre les caractéristiques des différents groupes d’apprenants. La clientèle de l’éducation des adultes n’est pas homogène. Pour les commissions scolaires, les adultes sont les personnes qui sont âgées de 16 ans et plus. Cela comprend aussi bien les jeunes de 16 à 18 ans pour qui il ne manque qu’un préalable pour l’entrée au CEGEP ou en formation professionnelle et les autres, ceux qui ont connu des problèmes ou des échecs scolaires répétés durant leur parcours scolaire et qui souvent manquent d’autonomie, les personnes qui ont des problèmes de santé mentale, des troubles d’apprentissage et les personnes immigrantes qui doivent d’abord maîtriser la langue et faire reconnaître les diplômes et les compétences acquises à l’étranger.
• Or, malgré les intentions inscrites dans la politique gouvernementale d’éducation des adultes et de la formation continue apprendre tout au long de la vie «Si tous les groupes sont concernés par la formation continue, et cela dès la formation initiale qui se doit de la préparer, certains groupes de la population éprouvent des difficultés particulières nécessitant un soutien et des réponses mieux adaptées à leurs besoins» les centres de formation accueillent encore en vertu d’une définition d’un adulte qui a un projet personnel et défini de formation. Plusieurs jeunes, aux prises avec d’importantes difficultés scolaires, n’ayant pas le niveau de maturité nécessaire sont donc «perdus». Malheureusement, plusieurs jeunes arrivent avec cette pensée magique que les difficultés disparaitront lors du passage à l’éducation des adultes.
• La diversification des clientèles est un enjeu majeur. De plus en plus d’élèves immigrants font partie de nos groupes (francisation et autres). Les problématiques de santé mentale, lesTSA les TDAH, les problèmes de dyslexie, dysphasie, etc. sont de plus en plus présents. Beaucoup de travail est fait au secteur jeunes pour permettre à ces personnes d’aller plus loin, maintenant qu’ils atteignent l’éducation des adultes, il faut pouvoir leur offrir des services, sinon tous les efforts préalables n’auront plus de sens.
Manque de ressources
• Pour ces jeunes adultes qui quittent l’école secondaire avec d’importantes difficultés à lire et à écrire et souvent d’importants problèmes d’adaptation, il faut d’abord «apprendre comment apprendre»! Les centres qui les accueillent ne sont pas équipés pour offrir l’accompagnement nécessaire. Les centres d’éducation des adultes n’ont pas les ressources nécessaires. Peu de services professionnels spécialisés sont offerts, il y a peu ou pas de service en psychologie ou en orthophonie à l’éducation des adultes. Pour les élèves aux prises avec des difficultés de l’ordre de la dysorthographie, la dyslexie, les élèves pourraient avec l’aide de spécialistes en orthophonie ou en orthopédagogie surmonter leurs difficultés. Certains élèves n’ont pas été évalués durant leur parcours scolaire et ne connaissent pas les raisons de leurs difficultés
• Pour les autres, qui démontrent de très d’importantes difficultés, la fréquentation du centre permet de combler le sentiment d’appartenance, le centre devient le milieu de vie et l’aspect social se développe, mais la qualification semble impossible à obtenir. Ils poursuivront tout de même vers l’atteinte de cet objectif sans succès pour répondre à une exigence fixée par la société.
2. Comment résoudre les problèmes soulevés par les enjeux?:
Changer les façons de faire.
• Il faut changer les façons de faire. Il y a urgence, nécessité d’adapter l’offre de services aux caractéristiques des clientèles. L’offre de formation doit se diversifier. Tous viennent chercher un Diplôme d’Études Secondaires; malheureusement pour certains, il faudra les amener à considérer d’autres options. Pour certains, malgré les moyens existants mis en place (préparation, accompagnement) c’est l’impasse.
• Or, plusieurs employeurs n’embauchent pas si le diplôme de secondaire 5 n’est pas acquis, même si les élèves ont suivi une formation «qualifiante». Par exemple, pour le cours d’aide-domestique, le centre exige pour s’inscrire un 3e secondaire, mais l’employeur exigera un DES. Pour conduire un autobus est-ce nécessaire d’avoir un secondaire 5?
Malheureusement, dans notre société, «hors le DES, point de salut». Seule la réussite scolaire existe.
Les transitions
• Il y a aussi un problème de transition du jeune vers l’état d’adulte : l’intégration dans le monde n’est pas faite. Or, cette transition pour plusieurs élèves est essentielle pour développer leur autonomie.
• Des écoles secondaires nous appellent pour nous demander : «Pourriez-vous lui trouver une place en FMS en attendant d’intégrer l’éducation des adultes?» L’élève est à ce moment incapable de faire sa démarche par lui-même ou avec l’aide de sa famille. Il devrait y avoir un procédurier pour l’intégration des jeunes qui ne sont pas encore des adultes, il y a un vide. Par exemple, mettre sur pied un service d’entrée en formation. Lorsqu’on met le service en place, on s’aperçoit que ça fonctionne.
• Certains jeunes ont besoin de vivre, d’avoir un logement, un travail avant d’entreprendre une formation un peu plus qualifiante. Il faut faire en sorte que les jeunes prennent conscience que la démarche qu’ils entreprennent est une première étape. La première étape doit être valorisée en tant que point de départ du projet. Tout le projet est une démarche. Et l’objectif doit être atteignable. Des services notamment en orientation sont essentiels afin d’aider l’élève de cerner les capacités, les besoins et le style d’apprentissage du jeune adulte. Très peu d’élèves sont capables de traduire comment ils apprennent. Les stratégies personnelles d’apprentissage ne sont pas conscientisées.
Adéquation formation-emploi
• En matière d’adéquation formation emploi : il faut explorer des formations qui sont plus en lien avec l’emploi recherché, car il y a certaines incompatibilités entre les exigences de formation et les exigences reliées à l’emploi. Dans ce contexte, il faut travailler sur des formations atypiques pour ceux qu’on ne rejoint pas. Des cours de formation générale peuvent se donner dans l’entreprise qui participe elle-même à la formation. Définir les paramètres ensemble avec des partenaires.
• On doit aussi assurer un continuum, c’est-à-dire permettre aux personnes qui prennent une formation en Insertion Socio-Professionnelle (des modules) de pouvoir ensuite aller vers le Diplôme d’Études Professionnelles.
• Le suivi psychosocial et l’accompagnement personnalisé des personnes qui ont des , donne des résultats.
Reconnaissance des acquis
• En matière de reconnaissance des acquis, il y a aussi des difficultés, car une fois la reconnaissance faite (ex. 70% des compétences), il reste à aller chercher les 30 % manquants. C’est alors un véritable parcours du combattant pour les jeunes adultes. Il n’y a pas d’autres options que de les intégrer dans des groupes déjà existants.
• Cela est sans compter le manque de coordination sur la reconnaissance des acquis entre les ministères et organismes scolaires : il devrait exister un guichet unique MELS-CS-MIQ. Le problème c’est que chaque organisme veut conserver son financement et cherche à garder l’élève dans son giron.
Pédagogie
• Les nouveaux programmes qui s’en viennent sont intéressants, mais on craint le manque de souplesse, surtout dans les cas où on veut permettre une alternance avec les stages. Les technologies compensatoires sont difficiles à appliquer dans la salle d’examen.
• Pour qu’il y ait différenciation de la pédagogie, il doit y avoir différenciation de l’organisation. L’intégration des TICs se fait péniblement. On essaie de faire des regroupements, les cycles permettent de mettre ça en place. Les élèves sont persévérants : cela permet de créer une cohérence dans le groupe. L’enseignement individualisé est encore la norme. Il faut pouvoir faire des regroupements dans l’organisation des groupes, des cliniques, des ateliers
• Mais il faut plus de ressources pour pouvoir décloisonner les groupes. Les enseignants craignent de prendre des risques dans ce contexte. Malgré les promesses de changement, les pratiques et les façons de faire ne changent pas automatiquement. Il pourrait y avoir des équipes de 2 enseignants : un qui donne un enseignement individualisé et l’autre qui organise un petit atelier.
• Nous savons tous à quel point il est important les contextes dans lesquels vivent les apprenants et de les placer au cœur du processus, par exemple en les faisant participer pleinement à l’élaboration des mécanismes d’enseignement et d’apprentissage.
Des défis pour demain
• Il faut inscrire une culture de la formation continue et il faut la valoriser. Ce n’est pas encore obligatoire à l’éducation des adultes; certains enseignants sont très ouverts; les ressources humaines et financières sont toutefois insuffisantes.
• La réalité des entrées continues empêche de préparer correctement les élèves. Manque de stabilité du personnel enseignant. Les élèves vont à l’école plus longtemps, ils veulent obtenir la reconnaissance pour pouvoir ensuite participer à la société. Ils resteront à l’école tant et aussi longtemps que ce ne sera pas acquis.
• Il faut faire de la Formation générale des adultes la suite de la première chance. Les élèves doivent être actifs, il doit y avoir de la stimulation, poser des questions, approche pédagogique à développer
• La connaissance de soi n’est pas évidente pour tous : se poser des questions sur comment on apprend est quelque chose d’important. L’orientation est un processus utile tout au cours du parcours scolaire: par exemple, les élèves ayant participé à un projet d’école orientante sont plus habiles à dire ce qu’ils veulent. Ils acquièrent plus d’autonomie, plus d’assurance par rapport à leur devenir grâce à une démarche continue, intégrée.
• Mieux former et outiller les enseignants et les intervenants pour faire face à ces nouveaux défis et fournir les ressources spécialisées nécessaires pour offrir un support adéquat à ces clientèles.
• Diversifier les voies de formation pour les clientèles qui ne peuvent obtenir un DES et n’ont pas accès à la FP. Par exemple : FMS adulte, mentorat, plus de plateaux de travail, d’entreprises d’insertion (ce type de ressources est réparti de façon très inégale dans la province).
• Encourager le réseautage entre les ressources régionales afin d’apprendre à utiliser au maximum les compétences de chaque organisme.